Mohammed VI: « le digital est en train de changer le visage de l’Afrique »
Le roi Mohammed VI a adressé un discours au Sommet extraordinaire des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine (UA) sur la Zone de libre-échange continentale, qui se tient ce mercredi à Kigali, au Rwanda. La lecture du discours royal a été donnée par le Chef du gouvernement, Saâd Eddine El Othmani.
Le lancement ce mercredi à Kigali de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine constitue un jalon crucial dans le développement multiforme de l’Afrique, a affirmé le Souverain, soulignant que cette zone de libre-échange représente « une initiative de l’Afrique et pour l’Afrique ».
Le roi a indiqué que « la création de la zone de libre échange, la plus large au monde, avec la population la plus jeune du monde, représente un acte majeur de notre volonté commune de construire l’Afrique de demain ».
Cette zone « prolonge et conforte les nombreuses mesures prises par nos pays respectifs en faveur du commerce intra-africain », a ajouté le roi, notant qu’elle catalysera les investissements, stimulera la croissance économique, développera les interconnections continentales et apportera un dynamisme nouveau à l’intégration en Afrique.
Cette initiative procède d’ »une démarche pragmatique pour une Afrique intégrée, prospère, en phase avec les réalités internationales », a fait observer le Souverain.
Rappelant le Plan d’action de Lagos pour le développement de l’Afrique de 1980 et le Traité d’Abuja de 1991, qui ont établi les Communautés Économiques Régionales en tant que fondement de l’intégration africaine, le roi a relevé qu’ »aujourd’hui, la voie vers l’établissement effectif d’une zone de libre échange continentale est largement tracée par les nets progrès enregistrés en la matière au niveau de ces Communautés, qui, pour certaines, sont déjà au stade de l’union douanière ».
Le Souverain a indiqué, à cette occasion, que le Maroc, de par son expérience, « sait pertinemment que l’ouverture économique et l’établissement de zones de libre échange avec des partenaires du Nord comme du Sud suscitent souvent des inquiétudes légitimes et induisent certains défis qu’il importe de relever à la faveur de mécanismes appropriés ».
« Il est indéniable qu’une fois ces inquiétudes et ces défis dûment pris en charge, les vertus de l’ouverture économique s’avèrent tangibles et ses plus-values bénéfiques au développement de l’économie nationale et à l’émergence de nouvelles filières », a dit le Souverain, estimant qu’ »aller à l’encontre de cette dynamique à l’échelle continentale reviendrait à retarder l’Afrique, sa compétitivité et son développement ».
Et le roi d’ajouter que le Royaume croit à un co-développement fondé sur la coopération intra-africaine et la complémentarité économique, sur la solidarité active et la mutualisation des moyens et des efforts.
« Il s’agit là, somme toute, des conditions inhérentes à toute croissance inclusive, au développement humain et durable de notre continent », a poursuivi le Souverain, notant que le but ultime était d’ériger le continent africain en force dynamique et en acteur majeur sur la scène internationale, au bénéfice de ses populations.
Par ailleurs, l’essor du continent africain et de ses échanges commerciaux devra également « tenir compte des développements technologiques mondiaux et transformer le déficit des échanges intracontinentaux en une vraie opportunité pour le développement des nouvelles technologies digitales », a assuré le roi, soulignant que le digital est en train de changer le visage du continent, porté par une jeunesse inventive, créative et audacieuse.
« Ce saut numérique est le fruit de jeunes startups actives dans le domaine de la finance, des télécoms, de l’industrie et de l’agroalimentaire, pour ne citer que ces domaines. C’est souvent une population jeune et à faible revenu qui est au cœur de ce processus d’innovation ; elle doit par conséquent être au cœur de nos politiques publiques », a dit le roi.
Le Souverain a, à ce propos, indiqué que la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine est un instrument essentiel pour promouvoir ce nouveau paradigme de développement économique centré sur l’innovation, la diversification et l’échange solidaire.
« Cette Zone envisagée n’est plus une illusion ou un simple projet », a expliqué le roi, faisant observer que les résultats obtenus dans un esprit de compromis sont équilibrés et reflètent les attentes et les préoccupations de tous.
De même, l’enthousiasme et le dynamisme avec lesquels les rounds de négociations ont été menés ont permis d’envisager la libéralisation du commerce des marchandises, à un taux d’ambition de 90%, a précisé le Souverain, notant que « par ce premier résultat tangible, tous les Etats, qui sont partie prenante, manifestent ainsi leur volonté d’ouverture et d’élargissement des marchés, tout en respectant les spécificités des économies nationales, notamment les industries naissantes et les activités économiques des populations vulnérables ».
« C’est dans le même esprit qu’il nous appartient de mener les négociations à venir sur des questions tout aussi importantes, tels les conditions d’une saine concurrence, le respect de la propriété intellectuelle ou encore la promotion des investissements », a appelé le roi.
Et le Souverain de conclure que pour construire l’Afrique de demain, celle qui reprend son destin en main, « bien des étapes ont été franchies et bien d’autres seront nécessaires. Nous devons les parachever de telle sorte qu’en aucune façon, notre développement économique ne soit plus tributaire de volontés externes ».
S.L. (avec MAP)