Comment le prince héritier d’Arabie Saoudite veut métamorphoser son pays
Mohamed Ben Salmane, le prince héritier d’Arabie Saoudite, compte réformer son pays et ne lésine pas sur les moyens pour le faire savoir aux puissances de ce monde.
En visite aux Etats-Unis le 18 mars, il s’est entretenu avec le président Donald Trump et a accordé, à cette occasion, une interview à la chaîneCBS où le jeune homme de 32 ans affiche ses plans pour l’avenir. De l’éducation à l’arme nucléaire en passant par les droits des femmes, MBS s’est confié sur ses ambitions politiques, affichant une image claire de prince révolutionnaire, armé d’espoir et d’optimisme.
Il a lancé un pavé dans la mare en évoquant l’Abaya noire, le strict code vestimentaire imposé aux Saoudiennes, et souligné que les femmes sont désormais libres de porter ce qu’elles souhaitaient. Elles doivent toutefois s’habiller décemment et respectueusement comme stipulé par la charia qui, selon lui, n’a jamais imposé l’Abaya noire aux femmes. En parallèle, il a défendu la mixité hommes-femmes et taclé « les extrémistes aux idées radicales » qui interdisent ce fait, rappelant l’époque du prophète où la mixité n’a jamais posé problème.
Par ailleurs, MBS s’est penché sur l’arme nucléaire et a annoncé la couleur à l’Iran : si ce dernier s’en dote, l’Arabie Saoudite fera de même dans un laps de temps record. De quoi faire trembler Ali Khamenei dont les ambitions seraient similaires, selon lui, à celles d’Adolf Hitler. Il a également confié que l’Iran n’était pas l’ennemi de l’Arabie Saoudite dont l’économie, a-t-il souligné, est loin d’être égale à celle de son pays.
Le prince héritier compte également se battre contre la montée des courants religieux extrémistes en Arabie Saoudite, dans les établissements scolaires en particulier. Il a promis que la branche des Frères musulmans sera totalement éradiquée dans le pays auquel il tente de redorer le blason à tout prix.
En 2017, onze princes, dont le milliardaire Al Walid Ben Talal, quatre ministres en exercice et plusieurs dizaines d’ex-membres du gouvernement ont été interpellés dans une opération anti-corruption. Cette décision, prise par une commission présidée par MBS en personne, a secoué le monde arabe qui sait désormais à qui il a affaire. A ce propos, le prince a confié à la chaîne américaine que ces arrestations étaient nécessaires, promettant que plusieurs informations confidentielles verront bientôt le jour au sujet des mis en cause, dans le cadre de la transparence.
Autant dire que cet ambitieux autocrate affûte ses armes pour s’affirmer à l’international et s’afficher comme le sauveur unique de la pétromonarchie. Et il est bien parti pour écrire l’histoire…
Noura Mounib