Le message du roi Mohammed VI pour la justice sociale
Dans un message adressé au 3ème Forum parlementaire sur la justice sociale, qui a ouvert ses travaux lundi à Rabat à l’initiative de la Chambre des Conseillers sous le thème « Le modèle de développement souhaité et les défis de justice sociale et spatiale », le roi Mohammed VI a indiqué que la Constitution entend poser les jalons d’une société solidaire où chacun a droit à la sécurité, à la liberté, à la dignité, à l’égalité et à la justice sociale, où les droits accordés aux citoyens sont intimement articulés avec les devoirs qui leur incombent.
Dans ce message, dont lecture a été donnée par son conseiller Abdeltif Menouni, le roi a souligné que « si grande que soit leur ambition, et si fort que soit leur engagement, tous les pays du monde doivent, dans leur quête de l’idéal de justice sociale et spatiale, emprunter un chemin long et ardu ».
Ce processus, a ajouté le roi, « nécessite une évaluation régulière des résultats obtenus, une mise à jour continue des objectifs d’étape et des objectifs à long terme. Il suppose également une amélioration constante des mécanismes et des moyens de mise en œuvre ».
Après avoir salué le thème retenu pour cette édition, le roi a indiqué que ce choix témoigne d’une réelle prise de conscience de l’importance de ce sujet d’actualité, qui recouvre, en effet, un ensemble de problématiques interdépendantes. La volonté de traiter ces questions requiert l’adoption d’une approche globale et renouvelée, permettant d’apporter des solutions pratiques et applicables aux problèmes réels et pressants des citoyens.
« L’objectif ultime est d’assurer un développement équilibré et équitable, profitant à tous et contribuant à instaurer un climat de quiétude et de stabilité », a précisé le Souverain.
Rappelant les insuffisances qui entachent le modèle de développement marocain, le roi a fait savoir que ce modèle « ne permet plus, désormais, de répondre aux demandes et aux besoins croissants des citoyens, ni de réduire les inégalités sociales et les disparités spatiales. Il ne peut, en conséquence, favoriser l’avènement d’une justice sociale ».
Le Souverain a, dans ce sens, relevé que l’objectif d’une réévaluation de ce modèle, ne doit aucunement se limiter à la formulation et la mise en chantier de réformes sectorielles isolées, mais plutôt l’élaboration d’une vision intégrée de ce que seraient à la fois le modèle politique, économique et social du Maroc et le système de gouvernance centrale et territoriale, envisagé sous tous ses aspects, y compris le dispositif juridique qui le régit.
« Une vision propre à imprimer une dynamique forte à ce modèle, en favorisant l’élimination des obstacles qui entravent son évolution et en apportant des remèdes aux faiblesses et aux dysfonctionnements constatés in situ », a indiqué le roi.
A cet égard, a poursuivi le Souverain, « il appartient à tous les acteurs impliqués dans cet effort de réflexion de prendre en considération les mutations à l’œuvre au sein de la société marocaine, en plaçant la question de la jeunesse au cœur du modèle de développement recherché » et en réfléchissant aux moyens les plus efficaces pour améliorer les conditions de vie de nos jeunes; d’autant plus que cette frange de la population constitue le vrai capital du Maroc, et une richesse inépuisable pour lui.
Le roi par ailleurs insisté dans son message sur le fait que l’aboutissement d’une telle vision est tributaire d’un changement des mentalités. C’est en effet cette condition nécessaire qui permettrait, non seulement d’accompagner l’évolution que le Maroc connait dans divers domaines, mais aussi d’asseoir les fondements d’une nouvelle culture, favorisant esprit d’initiative, sens de l’autonomie et créativité et établissant une corrélation nette entre responsabilité et reddition des comptes.
« Il importe également de s’atteler avec une égale détermination à la réforme de l’Administration marocaine. Car, pour que l’essor économique et social puisse véritablement avoir lieu, il est nécessaire que les services publics s’acquittent au mieux de leur mission, en étant au service du citoyen et en contribuant à stimuler l’investissement », a souligné le Souverain, notant que cet impératif est d’autant plus important que les Régions, l’Administration territoriale, les Centres d’investissement, pour ne citer que ceux-là, prennent désormais une part sans cesse croissante à la dynamique de développement.
Il convient, en outre, de redoubler d’efforts pour faire en sorte que les secteurs public et privé s’engagent dans des partenariats novateurs, efficients, et, par conséquent, propres à dynamiser le processus de développement global.
Le roi à cette occasion, appelé tous les acteurs concernés d’apporter leur concours à cette réflexion nationale d’envergure en proposant des idées constructives, en toute liberté et avec la plus grande objectivité, faisant observer que cet effort collectif devrait induire à un renouvellement en profondeur des logiques de réflexion et des modalités d’appréhension des questions de développement et de gestion de la chose publique, et instaurer une véritable rupture avec les pratiques qui occasionnent une perte de temps et d’opportunités de développement, contrarient les initiatives de réforme et brident la créativité ainsi que l’esprit d’innovation.
Dans son message, le Souverain appelle chacun à garder à l’esprit les moments difficiles que le Maroc a traversés, comme le rappelle bien l’épisode du Programme d’Ajustement Structurel, survenu dans les années quatre-vingt du siècle passé. Tout au long de son histoire séculaire, le Maroc s’est toujours prévalu d’une volonté souveraine pour écarter les obstacles qui se dressaient sur son chemin. Il a toujours su relever les multiples défis de développement qui l’assaillaient, fort en cela de la mobilisation constante de ses forces vives et comptant sur les efforts concertés et les sacrifices de tous ses enfants.
Et de conclure que la réalisation de la justice sociale nécessite qu’un certain nombre d’enjeux soient pris en considération avec sérieux, objectivité et créativité, notamment la problématique des disparités sociales et spatiales, et sa relation avec les contraintes liées à la gestion des systèmes fiscaux et des dispositifs de protection sociale, la question de la généralisation de l’accès aux services et équipements sociaux de base, et la nécessaire mise en place d’institutions foncièrement solidaires, acquises à l’idéal de justice sociale et disposées à apporter leur concours pour résoudre les problèmes réels des citoyens, répondre à leurs préoccupations et satisfaire leurs demandes pressantes.