Sommet UA-UE: le message du roi Mohammed VI
Si l’Union du Maghreb Arabe (UMA) avait réellement existé, nous serions plus forts face au défi migratoire, a souligné, mercredi à Abidjan, le roi Mohammed VI, affirmant que l’heure est à l’action et que la politique européenne en la matière devrait évoluer.
Les relations entre l’Afrique et l’Europe ont, de tout temps, été marquées par les déplacements humains et les flux migratoires. Des dizaines de milliers de migrants africains essayent chaque jour de rejoindre l’Europe, souvent au péril de leur vie, a indiqué le Souverain dans un message au 5ème Sommet Union Africaine-Union Européenne, en sa qualité de Leader de l’Union Africaine sur la Question de la Migration.
« Nos groupements régionaux auraient pu être plus efficaces face à cette situation. Et l’on peut à juste titre penser que, si l’UMA avait réellement existé, nous serions plus forts face à ce défi », a affirmé le roi.
« Or, hélas, l’UMA n’existe pas! Et les flux migratoires, à la faveur de conflits régionaux, sont souvent la proie de réseaux de trafics divers, allant des stupéfiants aux filières terroristes », a regretté le roi affirmant que « le Maroc, en fait les frais depuis longtemps, et aujourd’hui encore ».
Certains pays, du fait de leur position géographique, sont amenés à être une terre d’immigration, a encore fait savoir le Souverain. Ainsi, le Maroc l’a été dès son origine, et depuis son indépendance, de manière constante, se sont succédé différentes vagues de migration: « nos partenaires européens et maghrébins le savent sans contestation », a dit le Souverain.
La notion de frontières, en Afrique, est née après les indépendances. Au cours de la période post coloniale, la gestion de la question migratoire n’a été couronnée que d’un timide succès et a constamment été envisagée, non comme une source de solutions et d’opportunités, mais comme porteuse de menaces et de désespoir, a déploré le roi, ajoutant que « dans notre histoire contemporaine, elle a pris une connotation négative, puisqu’elle est associée à la drogue et autres trafics, voire aux méfaits des changements climatiques ». En somme, à notre époque, dans l’imaginaire collectif, l’immigration est associée aux fléaux de la pauvreté, de la précarité, de l’instabilité et même de la mort.
« Peu capables ou peu désireux de saisir les causes profondes du phénomène migratoire, on le fige et on le généralise dans des représentations stéréotypées : à travers des images de déferlements de personnes sans travail et sans ressources, parfois aux profils douteux », a regretté le Souverain, notant que l’on serait tenté d’en vouloir aux populations européennes qui appréhendent un tel afflux massif et le ressentent comme une menace. Cette crainte n’est malheureusement pas toujours infondée, ne nous voilons pas la face ».
Dans ce contexte, le roi a appelé à l’action pour trouver des solutions efficaces à ce phénomène. ”L’heure est à l’action. (…) Je l’affirme avec force : nous pouvons agir. Mais nous ne pouvons pas tout faire, et surtout nous ne pouvons le faire seuls : la politique européenne en la matière devrait évoluer’’, a préconisé le roi.
« Aujourd’hui, une nouvelle vision s’impose : il s’agit de faire de l’immigration un sujet de débat apaisé et d’échange constructif », a enfin indiqué Mohammed VI.