Le DG de la HACA prend part au forum mondial de la démocratie
Ce « forum mondial de la démocratie », que le Conseil de l’Europe (CE) organise annuellement en son siège, à Strasbourg, a choisi cette année, du 8 au 11 novembre, de mettre « le populisme en question(s) », en interpellant ce phénomène quasi-mondial, par des voix d’intellectuels, d’experts et chercheurs, d’élus, de jeunes activistes associatifs des sociétés civiles, de décideurs et professionnels de médias, de décideurs politiques et de simples citoyens et citoyennes.
En quatre sessions plénières, deux larges tables rondes et treize laboratoires de panelistes et de discussions interactives, près de 300 participants et participantes, venus du monde entier, ont décortiqué « les discours démagogiques , les promesses trompeuses, la dénonciation des élites, les offres politiques simplifiées à l’excès… ».
Pour les organisateurs, cette mobilisation contre la résurgence du populisme dans la cité, à l’assaut de l’opinion publique, s’impose dans l’espace européen et dans le monde, tant le « brexit » britannique et les dernières élections présidentielles américaines « ont mis en exergue l’impact de l’évolution des pratiques médiatiques des citoyens, d’une part, et l’importance que l’usage des réseaux sociaux peut avoir sur la construction des opinions, d’autre part.
Durant ces quatre jours d’interventions, d’exposés d’expériences et d’initiatives de défense, on a identifié et illustré « la viralité de la diffusion des contenus populistes », les phénomènes de « chambres d’écho médiatique » ou « bulles de filtres » engendrées par les algorithmes des réseaux sociaux, la manipulation des opinions à des fins populistes et la défiance rampante envers les médias traditionnels.
Invité, en tant que spécialiste, auteur d’ouvrages et d’études sur les médias et leur éthique, Jamal Eddine Naji, Directeur Général de la Haca, intervenant comme conférencier sur le thème, proposé par les organisateurs, « Vérification des faits : le jeu en vaut-il la chandelle ? », a proposé certaines pistes de solutions pour espérer contrer le vent populiste qui discrédite et dénature la mission noble et cruciale des médias en démocratie : la vérité…Tout d’abord, l’impérieuse nécessité pour les médias de faire en sorte que le public, la société, les citoyens (es) ne les voient plus comme des acteurs ne vivant et ne fréquentant que les élites, aux histoires desquelles ils s’intéressent exclusivement. « Il faut que les médias et leurs professionnels de contenus (journalistes et décideurs médias) changent de camp, s’activent et s’intéressent davantage en direction des gens d’en bas, de leur vie de tous les jours, dans la proximité, et non pas, systématiquement, aux chroniques des faits et gestes, tweets, bouts de phrases… des élites », dit-il.
En second lieu, et par voie de conséquence, « il faut que les contenus des médias, traditionnels ou non, investissent par l’information, l’investigation, le data journalisme (données), la dimension régionale et locale ». « C’est au niveau local que la vérité et sa vérification – fort possible à ce niveau pour le citoyen- peut éclater et que la fausse nouvelle, la rumeur, la manipulation, les pratiques dites de « post-vérité« , pourraient être démontées et dénoncées, tant par l’habitant (de la localité), que par son allié naturel et avisé en démocratie : l’activiste engagé et vigilant de la société civile ».
Comme préalables ou conditions de base à cette ligne de défense, au plan local, Naji souleva les questions de l’universalité de la connectivité (au profit du local) et de l’accès à l’information (surtout locale, la plus difficile d’accès, la plus censurée !), ainsi que l’incontournable et complexe question du financement des médias et leurs modèles économiques. Sur cet aspect, Naji invite à explorer les solutions du « crowdfunding », de l’aide publique différenciée ou ciblée et contractuelle, le financement associatif et participatif…
Reprenant, enfin, les objectifs de ce Forum, sur ce registre des médias face au populisme, le Directeur Général de la Haca, a souligné que ce combat contre le populisme dans les médias et dans les réseaux sociaux exige une approche de coopération ou « collaborative », d’alliance similaires aux « unions nationales » en politique, entre les médias (traditionnels et nouveaux), car « l’enjeu de survie pour la démocratie est comment contrer le détournement et le dévoiement de l’intérêt du citoyen pour la chose publique, intérêt si déterminant pour que la démocratie soit et fasse avancer et ancrer ses valeurs concrètement dans la vie et les pratiques, médiatiques et autres, des citoyens et citoyennes.