La Cour des comptes épingle la Caisse marocaine des retraites (CMR)
Suite à une ancien demande du président de la Chambre des conseillers, les investigateurs de Driss Jettou ont publié un rapport pour évaluer la Caisse marocaine des retraites (CMR). Les soixante-huit pages, que la Cour des comptes consacre à la retraite des Marocains, sont claires et le constat est sans appel.
Le rapport souligne une « fragilité financière du régime ». « Depuis de nombreuses années, au regard des diagnostics réalisés, aussi bien par la CMR que par différentes autres parties concernées, le régime connaît une situation financière fragile, qui s’est concrétisée en 2014 par un déficit technique de 936 M DH. En 2015, le déficit a atteint 2,68 MM DH et, à fin 2016, il était de 4,76 MM DH », souligne le rapport.
Par ailleurs, « avant la réforme de 2016, l’architecture du régime des pensions civiles en faisait un système généreux. Pour toute année de cotisation, il offrait une annuité de 2,5% du dernier salaire servi. Les études actuarielles, menées par la commission technique de réforme des retraites, ont montré que pour chaque dirham de cotisation reçu, le régime promet des droits de 1,91 DH. En 2016, suite à la réforme décidée par le Gouvernement, ce taux d’annuité a été ramené à 2%. Il importe également de rappeler que, depuis l’élargissement de l’assiette de liquidation des pensions à la totalité de la rémunération, décidée à compter de 1989, ce taux de remplacement est devenu élevé. Conjugué à l’important abattement fiscal dont bénéficient les pensions de retraite, ledit taux de remplacement peut dépasser le dernier salaire perçu », peut-on lire dans le rapport.
« Dans le cas du régime des pensions civiles de la CMR avant la réforme de 2016, la pension est liquidée sur la base du dernier salaire d’activité. Cette situation est à l’origine d’une disproportionnalité entre les cotisations payées et les pensions servies. Conjugué aux autres facteurs, ce phénomène aggrave le déséquilibre du régime, surtout avec la tendance à la quasi-généralisation des promotions et avancements de grade dans l’Administration, à l’approche de l’âge de la retraite ».
Le rapport souligne, enfin, que « cette tendance devrait se poursuivre avec les changements que connaît le personnel de la Fonction publique, comprenant plus de cadres terminant leur carrière dans les échelles de rémunération les plus élevées. En 1990, les cadres représentaient 12% de la population des retraités. Ce taux est passé à 38% en 2005, à 42% en 2010 et à 50% en 2015. La réforme de 2016 prévoit que la liquidation devrait se faire, désormais, sur la base du salaire moyen des huit dernières années. Son application sera étalée dans le temps ».
S.L.