Economie

Le Maroc est un sas de décompression entre deux mondes

Face aux nouvelles exigences réglementaires et aux mutations économiques mondiales, les entreprises marocaines doivent s’adapter pour rester compétitives. Abdelmajid Fassi Fihri, CEO – Regional Office for Africa chez BNP Paribas, analyse les dynamiques de décarbonation au Maroc et le rôle des banques dans cette transition climatique.

Le Royaume a amorcé sa transition énergétique à l’échelle “étatique”. Comment les banques peuvent-elles accélérer l’adoption des solutions bas-carbone, notamment au sein des PME ?
Le levier le plus efficace reste le financement. Un prêt classique peut être couplé à un financement «vert», avec un taux bonifié si l’entreprise s’engage sur des objectifs de réduction de ses émissions carbone. L’incitation financière joue ici un rôle déterminant. Mais ce n’est pas le seul levier.

La pression réglementaire, avec la mise en place de mécanismes tels que la taxe carbone aux frontières européennes, incite les entreprises locales à mesurer et réduire leurs émissions pour rester compétitives sur les marchés internationaux.

Par ailleurs, Casablanca Finance City joue un rôle clé dans l’attraction d’experts internationaux qui apportent leur savoir-faire en matière de transition énergétique, que ce soit par rapport à l’hydrogène, les énergies renouvelables ou les carburants synthétiques.

Quel rôle jouent les institutions financières internationales dans la mise en œuvre locale de cette transition?
Le Maroc est un sas de décompression entre les exigences des multinationales et les réalités africaines. Les banques locales disposent d’une connaissance fine du terrain, tandis que les grandes institutions internationales apportent des outils financiers et réglementaires innovants.

Ce positionnement unique permet au pays de catalyser des projets innovants, en s’appuyant sur l’expertise internationale tout en développant des solutions adaptées à son tissu économique. Nous voyons émerger des conventions structurantes, à l’image de celle signée entre la BMCI et la BERD. Ces dispositifs permettent d’accompagner les entreprises locales dans leur alignement sur les standards internationaux, en leur fournissant des lignes de financement dédiées à la transition écologique.

Des conventions signées entre la BMCI et ces organisations permettent de structurer des projets de décarbonation sur le long terme. Les grands projets annoncés ces dernières années témoignent de cette ambition. Le groupe BNP Paribas entend y jouer un rôle de premier plan, en soutenant le tissu productif dans leur alignement sur les normes internationales en matière d’économie verte.

Les volte-face des États-Unis sur le Green Deal ne fragilisent-elles pas cette dynamique ?
Absolument pas, car la transition écologique ne repose plus uniquement sur les choix politiques. Aujourd’hui, ce sont les investisseurs qui imposent cette direction aux conseils d’administration.

L’Asie, l’Europe et des économies majeures comme le Japon et le Royaume-Uni poursuivent sur cette voie. Le mouvement est enclenché, et il n’y a plus de retour en arrière possible.

De plus, la Chine s’affirme comme un acteur majeur de cette transition, consolidant une dynamique mondiale qui ne saurait être freinée par les fluctuations politiques

Ayoub Ibnoulfassih & Yann Daryl / Les Inspirations ÉCO


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