Hydrogène vert : qui sont les pionniers africains ?
L’Alliance africaine pour l’hydrogène vert rassemble plusieurs pays majeurs qui investissent massivement dans cette source d’énergie propre et durable. Tour d’horizon des ambitions et projets phares.
Porté par les énergies renouvelables, l’hydrogène vert représente un formidable gisement de croissance durable pour le continent africain. Plusieurs pays pionniers unissent leurs efforts au sein de l’Alliance africaine pour développer cette filière d’avenir. L’Alliance africaine pour l’hydrogène vert, créée en 2022, regroupe actuellement plusieurs pays pionniers dans le développement de cette source d’énergie propre et durable sur le continent. Parmi les principaux membres contributeurs, l’Égypte, la Mauritanie, l’Afrique du Sud, le Maroc, la Namibie et le Kenya se démarquent avec une capacité cumulée de 125 GW déjà installée.
Mauritanie : 12,5 millions de tonnes par an d’ici 2035
La Mauritanie, riche en ressources solaires et éoliennes, s’affirme comme une destination phare pour les investissements dans l’hydrogène vert. Selon Margaret Mutschler de CWP, «la Mauritanie a réussi à prouver l’existence de ressources renouvelables et à comprendre les profils énergétiques disponibles pour alimenter la chaîne de valeur». Trois méga-projets (AMAN 30 GW, Megaton Moon 35 GW et Nour 10 GW) portent l’ambition du pays de produire 12,5 millions de tonnes d’hydrogène vert par an d’ici 2035, soit 1,5% du marché mondial actuel.
Afrique du Sud : une transition équitable en marche
L’Afrique du Sud a, elle aussi, reconnu l’hydrogène vert comme un pilier clé de sa transition énergétique équitable. «Le gouvernement a mis en place la feuille de route de la société de l’hydrogène qui servira de cadre pour faciliter les investissements massifs dans le secteur», explique Sifiso Msabala du Fonds central de l’énergie sud-africain, lors du sommet sur l’hydrogène de la Semaine africaine de l’énergie (AEW) 2024, qui s’est tenu du 4 au 8 novembre 2024. Riche en ressources renouvelables, le pays aspire à contribuer significativement à l’industrie mondiale de l’hydrogène vert.
Maroc : un champion en puissance
Le Maroc, de son côté, ambitionne de devenir un champion des énergies vertes, dont l’hydrogène vert. De nombreux accords ont été récemment signés avec des partenaires français comme TotalEnergies, Egis et Alstom pour développer des projets d’envergure. Le Royaume mise sur sa position stratégique et sa proximité avec l’Europe pour exporter sa production future d’hydrogène décarboné.
Égypte, Namibie, Kenya, RDC, les figures émergentes
L’Égypte, la Namibie et le Kenya, dotés de conditions naturelles favorables, figurent également parmi les moteurs de la révolution de l’hydrogène vert en Afrique. Parallèlement, des pays comme la République du Congo, riches en hydrocarbures, s’engagent progressivement dans cette voie durable.
«La SNPC est confiante que sa promotion de l’hydrogène vert réussira et prospérera», affirme Louis Andzouono, soulignant l’engagement environnemental du Congo.
Cependant, malgré les atouts naturels indéniables, plusieurs défis restent à relever : le financement, le développement des infrastructures, la formation d’une main-d’œuvre qualifiée et la nécessité d’un cadre réglementaire incitatif dans chaque pays. Une collaboration renforcée au sein de l’Alliance et avec les partenaires internationaux sera cruciale pour surmonter ces obstacles et atteindre les ambitieux objectifs de production.
Un levier de développement durable pour l’Afrique
«Davantage de pays doivent établir des conditions clés pour créer une plateforme de partage des connaissances. Le soutien ici dépend de l’ampleur de la collaboration dans l’hydrogène vert», souligne Joyce Kabui de l’Alliance.
Car au-delà des enjeux économiques et énergétiques, le développement d’une filière hydrogène vert panafricaine pérenne aura d’importantes retombées environnementales et sociales pour les populations locales.
En effet, le développement d’une filière hydrogène vert pérenne à l’échelle panafricaine ne se limite pas aux seuls enjeux énergétiques et économiques. Il représente également une opportunité unique de générer d’importants bénéfices environnementaux et sociaux pour les populations locales.
Sur le plan environnemental, la production massive d’hydrogène vert par électrolyse de l’eau alimentée par les énergies renouvelables permettra de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre des pays africains. Ce qui contribuera à atteindre les objectifs climatiques tout en préservant les écosystèmes fragilisés. L’hydrogène vert représente une alternative propre aux combustibles fossiles pour la production d’électricité, les transports ou l’industrie.
D’un point de vue social, le déploiement d’une filière hydrogène vert créera de nombreux emplois locaux, directs et indirects, tout au long de la chaîne de valeur (construction et maintenance d’infrastructures, production, transport, distribution). De quoi dynamiser les économies locales grâce aux transferts de technologie et à la formation de main-d’œuvre qualifiée. Les retombées économiques amélioreront les conditions de vie des populations.
Pour maximiser ces bénéfices socio-environnementaux, une collaboration renforcée entre pays est indispensable, comme le souligne Joyce Kabui. Un cadre de partage des connaissances, des bonnes pratiques et des innovations technologiques facilitera le déploiement à grande échelle de cette filière dans des conditions optimales de durabilité. La création de plateformes et de centres d’excellence régionaux unissant gouvernements, industriels, universités et société civile permettra de mutualiser les efforts pour un développement maîtrisé et responsable de l’hydrogène vert à travers le continent.
Bilal Cherraji / Les Inspirations ÉCO