Doubles diplomation : s’immerger dans d’autres systèmes académiques, un atout crucial
Hisser les universités marocaines parmi les plus prestigieuses au monde, telle est l’ambition du gouvernement qui s’est engagé dans une réforme sans précédent pour y parvenir. Abdellatif Miraoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, tient fermement à l’amélioration de la qualité prodiguée. Un atout compétitif qui permettra de distinguer les lauréats sur un marché du travail de plus en plus exigeant.
Quelle priorité accorde le ministère de l’Enseignement supérieur à l’internationalisation des diplômes dans sa stratégie pour le développement de l’enseignement au Maroc ?
L’internationalisation des diplômes s’inscrit au cœur des priorités du Plan national d’accélération de la transformation de l’écosystème de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation (PACTE ESRI 2030).
Ce plan vise à conforter la visibilité et le rayonnement international des universités nationales, en ligne avec l’ambition d’ériger le Maroc en hub continental de la formation et de la recherche scientifique. La coopération internationale, sous le prisme du Pacte ESRI-2030 se veut un levier incontournable pour un déploiement réussi des chantiers prioritaires de la réforme pédagogique et celui de l’impulsion de l’écosystème de la recherche scientifique et de l’innovation.
Le renforcement des programmes de mobilité étudiante, les doubles diplômes et l’intégration de normes internationales sont autant de leviers essentiels pour relever substantiellement la qualité de l’enseignement et pour préparer les étudiants marocains à un monde globalisé.
Comment les partenariats académiques avec d’autres institutions internationales contribuent-ils à l’amélioration de la qualité de l’enseignement et de la recherche au Maroc?
Les collaborations académiques avec des institutions internationales sont, de toute évidence, essentielles pour relever la qualité de l’enseignement et de la recherche au Maroc. Ces collaborations prennent plusieurs formes, dont notamment les programmes d’échange bilatéraux, qui permettent aux étudiants et enseignants de s’immerger dans d’autres systèmes académiques, renforçant ainsi leurs compétences et élargissant leur horizon académique et scientifique.
Les cotutelles de thèses, en alignement avec les dispositions convenues dans le cadre du programme de formation des doctorants-moniteurs nouvelle génération, font de la coopération scientifique un garant de la qualité de la recherche et un levier de reconnaissance internationale des travaux de recherche doctorale. Les programmes de double-diplomation offrent aux étudiants, surtout ceux en Master, l’opportunité d’obtenir deux diplômes, reconnus à la fois au Maroc et dans un pays partenaire, les préparant ainsi à des carrières internationales prometteuses.
Enfin, les accords interinstitutionnels dans le cadre du programme Erasmus+ facilitent la mobilité des étudiants, enseignants et chercheurs, tout en créant des liens solides avec les institutions européennes. Ces partenariats enrichissent le contenu pédagogique, modernisent les pratiques académiques et ouvrent des perspectives de coopération innovante dans des domaines de recherche variés.
Quels sont les critères pour intégrer les programmes de double diplôme et de mobilité académique internationale, comme Erasmus+ ?
Pour bénéficier de la mobilité dans le cadre du double diplôme et de la mobilité académique internationale, comme Erasmus+, les étudiants doivent disposer d’un bon parcours académique, assorti d’une maîtrise des langues étrangères, en particulier l’anglais ou la langue du pays d’accueil. Les étudiants doivent aussi démontrer une forte motivation à poursuivre leurs études à l’étranger, avec une lettre de motivation bien rédigée et structurée, un CV de qualité démontrant un parcours académique et extra-académique riche et attractif, etc. Dans certains cas, ils doivent également fournir des lettres de recommandation de leurs enseignants pour attester de leur mérite. À noter que la priorité est souvent donnée aux étudiants qui postulent pour la première fois aux programmes de mobilité.
Existe-t-il des mécanismes spécifiques de soutien financier pour les étudiants marocains souhaitant s’inscrire dans des programmes de double diplôme ou de mobilité ?
Evidemment, plusieurs mécanismes de soutien financier existent pour accompagner les étudiants marocains dans les programmes de double diplôme ou de mobilité. Parmi ces mécanismes phares, il convient de mentionner les bourses Erasmus+, qui couvrent une partie des frais de séjour et de voyage pour les mobilités en Europe. De plus, certaines universités marocaines contribuent parfois à la prise en charge des billets d’avion, facilitant ainsi l’accès des étudiants aux programmes de mobilité à l’international. De leur côté, quelques universités partenaires offrent des bourses couvrant partiellement ou totalement les frais de scolarité, et dans certains cas, elles fournissent également le logement. Dans plusieurs situations, la mobilité est entièrement à la charge des étudiants.
Comment l’internationalisation des diplômes prépare-t-elle les étudiants marocains à affronter globalement la compétition sur le marché du travail ?
L’internationalisation permet aux étudiants marocains d’enrichir leur expérience académique, mais aussi leur expérience de vie, renforçant ainsi leur résilience et leur capacité d’adaptation à des environnements multiculturels. En obtenant des diplômes reconnus à l’international, nos jeunes parviennent à élargir leurs perspectives d’emploi dans un marché du travail désormais globalisé. En outre, la mobilité internationale leur permet de développer un réseau professionnel mondial, d’acquérir des compétences linguistiques et interculturelles, et de se familiariser avec des environnements de travail étrangers, autant d’atouts cruciaux dans un monde où la compétition pour les emplois est de plus en plus intense.
Actuellement, quels sont les principaux domaines concernés ?
Les domaines concernés par l’internationalisation des diplômes englobent un spectre large de spécialisations, couvrant les sciences, les technologies, l’ingénierie, et la médecine, ainsi que les sciences humaines et sociales, en particulier le droit, l’économie et la gestion.
Quelles sont les principales difficultés auxquelles font face les universités marocaines pour établir des partenariats académiques internationaux et développer des programmes de double diplôme ?
Les universités marocaines sont parfois confrontées à des contraintes dans la mise en place de partenariats académiques internationaux et le développement des programmes de double diplôme. Parmi ces contraintes, il convient de citer en premier lieu la question de la reconnaissance mutuelle des diplômes, car chaque pays a ses propres critères et systèmes d’accréditation.
De plus, la non-conformité des syllabus entre les institutions marocaines et leurs partenaires internationaux peut parfois ralentir le processus de collaboration et nécessiter des ajustements importants dans les programmes d’études. Afin de réduire ces inégalités, le Pacte ESRSI 2030 a mis en place les systèmes de crédits qui capitalisent et standardisent les acquis d’apprentissages tout en facilitant l’alignement des programmes nationaux sur leurs homologues internationaux.
Le problème de la langue constitue également un défi, notamment avec les pays non francophones, car l’enseignement supérieur au Maroc est majoritairement dispensé en français. Cela peut limiter les opportunités de partenariats avec des pays anglophones ou non-européens.
Le financement représente également un défi, et non des moindres. Cependant, l’intégration en 2023 de l’enseignement des langues étrangères, notamment le français et l’anglais, en tant que modules obligatoires généralisés à tous les niveaux et à tous les diplômes de l’enseignement supérieur des cycles licence, master et doctorat, aura sans aucun doute des retombées positives sur la capacité de nos lauréats à s’insérer plus facilement dans des cursus de formation à l’international, notamment anglophones. Bien que des programmes comme Erasmus+ couvrent certaines mobilités, le financement des mobilités hors Erasmus demeure un obstacle majeur, car les fonds nationaux pour soutenir ce type de projets sont relativement limités.
De plus, les universités marocaines sont longtemps restées cantonnées dans des liens de coopération polarisés sur l’Europe. Aujourd’hui, avec le Pacte ESRI-2030, la dynamique de coopération enclenchée avec d’autres continents devrait certainement contribuer à étoffer les partenariats internationaux de nos universités.
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO