Automobile: pourquoi le Maroc attire-t-il les constructeurs chinois ? (VIDEO)
La table ronde du Cercle des ÉCO, sous le thème «Automobile : Les marques chinoises en force» a permis à Adil Bennani, président de l’AIVAM, Achraf Hajjaji, DGA d’Auto Nejma, et Saad Menioui, directeur de la marque Changan au Maroc, de revenir sur la pénétration et les stratégies des marques chinoises sur le marché marocain.
Les 6 ou 7 marques chinoises présentes au Maroc représentent 1,2% des ventes. Cela paraît peu, sauf à prendre en compte le temps de présence sur le marché. Adil Bennani fait valoir que l’an dernier le chiffre était de 0,8% et espère qu’à la fin de l’année il sera de 1,5%. Toutefois, la marge de progression est immense si l’on se souvient que 30% de la production mondiale vient de Chine. En se concentrant sur les véhicules électriques, le président de l’AIVAM remarque qu’au Maroc, un véhicule électrique sur quatre est de marque chinoise. Les chiffres sont très petits, mais la croissance est grosse. Les 6 ou 7 marques présentes dans le Royaume sont presque toutes affiliées à l’AIVAM. Une ou deux sont en phase de finalisation, mais toutes sont des groupes affiliés. Pour expliquer une arrivée aussi récente de ces marques, Adil Bennani donne l’exemple du moment où elles avaient tenté de s’implanter en 2003 ou 2004.
Le produit n’était pas au point et la stratégie était celle du plus bas prix, d’être le moins équipé. Le démantèlement tarifaire n’avait pas eu lieu, les Européens et les Chinois supportaient donc à peu près les mêmes droits de douane. Les véhicules venus de Chine étaient 30, 40 ou 50% moins chers. Très vite, il y a eu un engouement, dans une classe de population qui n’était pas celle qui achetait des automobiles, à ce moment-là, et à qui les organismes de crédit ont prêté de l’argent. Adil Bennani se souvient d’un double effet : des clients mécontents et des impayés.
En réponse à cela, l’AIVAM a introduit la norme Euro 4, afin de professionnaliser le secteur à l’aide d’un outil normatif, dans la mesure du possible. C’est pourquoi ces marques se sont alors retirées du marché. Les pays qui n’ont pas suivi cette voie-là, au Moyen-Orient ou chez nos voisins, ont vu le décollage de ces marques. Ils ont eu des problèmes d’après-vente énormes, mais qui ont été résorbés par les volumes et la courbe d’apprentissage des distributeurs.
Au Maroc, elles reviennent aujourd’hui par la grande porte, dans les normes, avec la qualité requise, etc. Le pays est maintenant le seul marché Euro 6 du continent africain. Selon des études, il a les habitudes de consommation les plus proches de l’Europe. La volonté chinoise de pénétrer l’Union européenne explique son retour ici.