L’IA dans l’enseignement : une révolution en marche
Bien que l’avenir de l’IA générative dans le système d’enseignement soit prometteur, il reste du chemin à parcourir pour relever les nombreux défis qui se posent. Le renforcement de l’infrastructure, le développement des compétences numériques et la mise en place d’une gouvernance éthique sont prioritaires si l’on veut exploiter tout le potentiel de l’IA et garantir, in fine, un système d’enseignement plus équitable et efficace.
Depuis des décennies, l’adoption des nouvelles technologies a fortement contribué à une meilleure optimisation du rendement dans différents domaines. Le système d’enseignement n’échappe pas à cette règle. Avec la crise pandémique, un coup de fouet a été donné au secteur numérique. Dès lors, la digitalisation s’est démocratisée à tous les niveaux au point que l’ensemble des stratégies mises en place est basée sur l’évolution technologique. Une donne renforcée avec l’avènement de l’intelligence artificielle (IA) qui a révolutionné le monde.
Des avantages avérés
Depuis l’émergence, de l’IA, une transformation importante a été observée. Ce phénomène mondial est illustré par une croissance exponentielle des investissements, qui ont atteint 189,6 milliards USD en 2021 contre environ 14,7 milliards en 2013. Cette transformation s’étend également au secteur de l’éducation, permettant d’innover dans les pratiques d’enseignement et d’apprentissage tout en accélérant le progrès.
L’IA permet, en outre, de personnaliser les apprentissages selon les besoins et les capacités d’assimilation de chacun. Cette approche personnalisée s’avère particulièrement efficace pour les apprenants, puisque la technologie peut analyser les données de la courbe d’apprentissage de chaque personne pour en déceler les points forts et les limites, permettant de concevoir des expériences d’apprentissage sur mesure. Cette personnalisation des méthodes pédagogiques augmente considérablement la motivation.
De plus, les outils déployés permettent à chaque apprenant de bénéficier d’une assistance en temps réel, ce qui rend l’expérience interactive. En dehors d’un système d’apprentissage adaptatif, l’intégration de l’IA dans l’enseignement permet une amélioration du processus de formation. Comme les tâches répétitives et administratives sont automatisées, les efforts des ressources humaines sont optimisés. Les formateurs disposent ainsi de plus de temps pour faire le suivi de l’évolution des apprenants et le développement réel de leurs capacités.
Par ailleurs, la puissance des outils de l’IA pour analyser les données et identifier les tendances des compétences à acquérir permet aux établissements de formation d’adapter leur offre de formation en fonction des besoins du marché. L’impact est palpable en termes d’insertion professionnelle et d’employabilité. Il est important de signaler que l’émergence de l’IA générative s’est accompagnée de celle de craintes toujours plus grandes de voir certains métiers disparaitre. À cet égard, les professionnels de l’enseignement insistent sur la nécessité de se préparer à cette mutation en mettant à disposition des formations de qualité améliorée de manière à acquérir les compétences requises dans la perspective de développer l’employabilité des jeunes tout au long de leur carrière.
La transformation est entamée
La question de la gouvernance de l’IA se pose avec acuité, car il est essentiel de s’assurer d’une utilisation éthique et responsable dans le système éducatif, de façon globale. D’où la mise en place de mécanismes pour protéger la vie privée des étudiants et surtout pallier les inégalités existantes. Un autre défi majeur peut être rencontré. Il s’agit du manque de compétences en matière de TIC (technologies de l’information et de la communication).
Selon une étude menée il y a quelques années, seulement une infime proportion de la population détient des compétences avancées en la matière. À titre d’exemple, 10,6% de la population maîtrise l’écriture de programmes informatiques. Celle qui détient des connaissances approfondies en vérification de la fiabilité des informations en ligne représente 19,24%.
Pour s’adapter à la révolution en cours, le Maroc a consenti des efforts significatifs pour améliorer l’infrastructure numérique. En effet, les statistiques révèlent que le pourcentage de la population utilisant Internet est passé de moins de 1% en 2000 à environ 88% en 2021. Les efforts se sont également étendus aux enseignants dans l’objectif de développer leurs compétences numériques. C’est aussi le but du Plan d’accélération de la transformation de l’écosystème de l’enseignement supérieur de la recherche scientifique et de l’innovation, le Pacte ESRI 2030. Celui-ci vise en effet à mettre l’enseignement universitaire en adéquation avec les normes internationales et à répondre aux besoins tant du marché que de la société, tout en contribuant à la mise en œuvre du Nouveau modèle de développement.
Pour y parvenir, la transformation numérique demeure un des piliers sur lesquels repose ce programme. D’autres initiatives s’inscrivent dans la même lignée. Il s’agit, notamment, du programme «Al Khawarizmi», lancé en avril 2019, fruit d’un partenariat conclu entre les ministères de l’Industrie et de l’Enseignement supérieur, l’Agence de développement du digital (ADD) et le Centre national pour la recherche scientifique et technique (CNRST). Ce dernier a pour but la promotion et le soutien de projets de recherche scientifique autour de l’IA et ses applications. Il est également prévu d’intégrer cette nouvelle technologie dans la stratégie numérique nationale qui devrait être dévoilée incessamment.
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO