Economie

Hydrogène vert : le Maroc parmi les pionniers africains du recours aux financements innovants

Avec son expertise dans les énergies vertes et son profil économique favorable, le Maroc se positionne comme un modèle pour attirer les financements innovants nécessaires à la transition énergétique africaine. Détails.

Le récent rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), intitulé «Investissement dans les énergies propres pour le développement en Afrique», souligne le rôle crucial que doivent jouer les financements concessionnels et mixtes pour permettre aux pays africains d’atteindre leurs objectifs énergétiques et climatiques. Dans ce contexte, le Maroc se positionne comme un acteur incontournable.

Selon le rapport, l’Afrique a besoin d’investissements énergétiques annuels dépassant 240 milliards de dollars d’ici 2030, dont environ 30 milliards par an en financements concessionnels pour mobiliser les capitaux privés nécessaires. Le Royaume, grâce à son profil économique et son expérience dans les énergies renouvelables, pourrait tirer parti de ces mécanismes de financement innovants.

En effet, il figure parmi les pays africains non-LDC recevant le plus d’Aide publique au développement (APD), entre 100 et 200 millions de dollars en 2022, selon les données de l’OCDE citées par l’AIE. De plus, le Maroc participe activement à trois des sept principales initiatives énergétiques du G7 en Afrique, témoignant de son engagement et de sa crédibilité sur ces questions.

Avec sa stratégie ambitieuse visant 52% d’énergies renouvelables dans le mix électrique d’ici 2030, le pays multiplie les projets solaires, éoliens et, désormais, dans l’hydrogène vert. Ces investissements de pointe pourraient bénéficier des outils de financement concessionnel comme les prêts bonifiés, les garanties de premier rang ou le financement mixte combinant capitaux publics et privés.

Cependant, le rapport souligne que malgré leur potentiel élevé, les financements concessionnels restent trop souvent captés par les banques multilatérales de développement elles-mêmes, au détriment du levier sur les investissements privés. Un défi pour le Maroc sera donc d’attirer ces financements d’une manière optimale, en s’appuyant sur son cadre réglementaire favorable aux investissements étrangers et son expérience des partenariats public-privé.

Dans cette perspective, le Royaume pourrait jouer un rôle de pionnier et de modèle en Afrique, en démontrant comment mobiliser efficacement les financements innovants, combinant prêts concessionnels, garanties et capitaux privés, au service d’un développement énergétique durable et inclusif. Une réussite marocaine dans ce domaine contribuerait grandement aux objectifs de l’initiative «Énergie pour la croissance en Afrique» portée par le G7.

Faciliter l’accès aux capitaux privés
Pour répondre aux besoins énergétiques croissants de l’Afrique et atteindre les objectifs climatiques fixés, l’AIE préconise un quasi-triplement des investissements énergétiques annuels sur le continent, à plus de 240 milliards de dollars, d’ici 2030. Un défi de taille qui nécessite de lever les obstacles financiers en stimulant, notamment, les financements concessionnels et mixtes (blended finance).

Face aux risques perçus comme plus élevés en Afrique, le coût du capital peut être deux à trois fois supérieur à celui des économies avancées. Pour attirer les investissements privés indispensables, les financements concessionnels publics et philanthropiques jouent un rôle clé en atténuant les risques par le co-investissement ou le financement mixte.

Ces instruments combinent des fonds bonifiés à des capitaux commerciaux, améliorant la rentabilité des projets et réduisant leur coût global. L’IAE estime que 30 milliards de dollars par an sont nécessaires jusqu’en 2030 pour tripler les financements privés. Les prêts, garanties et prises de participation concessionnels figurent parmi les instruments privilégiés. Mais l’AIE insiste sur la nécessité d’utiliser le minimum de fonds bonifiés pour mobiliser un maximum de capitaux privés, dans une logique d’efficience et de soutenabilité.

Un levier prometteur mais encore sous-exploité
Si le financement mixte progresse en Afrique subsaharienne, atteignant 3 milliards de dollars en 2021, son impact reste limité. Les institutions financières multilatérales l’utilisent souvent pour désensibiliser leurs propres capitaux plutôt que pour catalyser les investissements privés. Une meilleure structuration s’impose, en privilégiant par exemple les garanties qui, selon l’IAE, permettraient de mobiliser davantage de fonds privés avec moins de ressources concessionnelles. Un rééquilibrage est également nécessaire : plus de la moitié des transactions mixtes actuelles reposent sur les prêts bonifiés contre 20% seulement pour les garanties.

Des pionniers de l’hydrogène vert
Sur le front des énergies émergentes à fort potentiel comme l’hydrogène, quelques pays africains font figure de pionniers dans l’utilisation des financements concessionnels et mixtes. La Namibie a mobilisé 579 millions de dollars de la Banque européenne d’investissement pour un projet d’ammoniac bas carbone à 10 milliards de dollars. L’Égypte, le Maroc et l’Afrique du Sud nouent également des partenariats public-privé pour lancer leur filière hydrogène.

Le rôle moteur des institutions de financement du développement
Avec 80 milliards de dollars d’aide publique au développement en Afrique, dont 6% pour l’énergie, les pays du G7 disposent d’importants leviers financiers et institutionnels. Certaines initiatives bilatérales et multilatérales, comme le Partenariat pour les infrastructures mondiales, ciblent déjà les économies les plus avancées du continent. Mais un rééquilibrage semble nécessaire au profit des pays les plus pauvres, très dépendants de l’aide au développement dans leur transition énergétique.

Le défi de coordination pour un impact décuplé

En fin de compte, si les financements innovants émergent, leur plein impact sur le terrain reste à concrétiser. Une coordination renforcée des acteurs publics et privés, bailleurs et bénéficiaires, apparaît indispensable pour déployer ces instruments à plus grande échelle. Seule une mobilisation concertée permettra de transformer les promesses en réalités et de répondre au cri d’alarme de l’IAE : lever l’injustice de l’accès à l’énergie en Afrique.

Bilal Cherraji / Les Inspirations ÉCO

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