Economie

Industrie textile et cuir : un bel avenir se tisse à l’horizon

La compétitivité du Maroc et son potentiel ne sont plus à prouver. Il a fallu un travail de longue haleine pour pouvoir capitaliser sur ses atouts dont la proximité pour asseoir ce positionnement, notamment dans l’industrie textile & cuir. Le savoir-faire ancestral du Maroc en la matière lui a permis de pénétrer les hautes sphères de ces marchés. Toutefois, en dépit des prouesses réalisées, des défis entravent le pas au secteur, mais le potentiel dont dispose le pays lui procure toutes les chances pour prospérer davantage.  

Le Maroc cultive une longue tradition dans l’industrie textile. Le secteur comptait plusieurs fleurons, notamment dans les années 60, à l’apogée de l’industrialisation du Maroc. Dans les années 90, la filière textile a connu un rebond considérable grâce à la stratégie d’industrialisation lancée par le gouvernement pour stimuler l’économie. Et l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) a fortement contribué à l’arrivée des exportations marocaines sur de nouveaux marchés.

PROUESSES
Au fil du temps, le Maroc est devenu une destination attrayante pour les investissements étrangers. Les avantages compétitifs et les prouesses réalisées lui ont valu une position particulière sur l’échiquier international au point d’en devenir une plaque tournante pour les exportations vers l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient.

Aujourd’hui, le secteur textile & cuir marocain compte à son actif 1.682 entreprises et se place comme l’un des plus importants pourvoyeurs d’emplois avec 200.000 postes, soit 27 % des emplois industriels. Quant à la production globale, elle est estimée à 1 milliard de pièces par an. L’industrie réalise à l’export un chiffre d’affaires représentant 12 % des exportations marocaines. Sur l’échiquier international, le Maroc se positionne comme le premier exportateur de vêtements vers l’Union européenne et l’Afrique.

Toutefois, des cas de force majeure ont entravé l’évolution du secteur, à l’instar de la pandémie de covid-19. Cette dernière a en effet perturbé les chaînes d’approvisionnement et engendré une crise aboutissant à une régression de 18,6% des exportations en 2020, selon les chiffres de l’Office des Changes. Mais, comme il s’agit d’un secteur mature jouissant d’une renommée internationale, le textile & cuir a vite repris du poil de la bête.

D’ailleurs, les exportations ont redémarré de plus belle dès 2021 : elles ont augmenté de 15,3% au cours de l’année, puis de 22,6% en 2022, atteignant ainsi le record historique de 46,3 MMDH , selon les chiffres de l’Office des changes. La vague inflationniste qui a suivi a malheureusement mis fin à l’embellie et apporté son lot de désarroi.

En raison d’un pouvoir d’achat affaibli, la demande à l’international a connu un recul considérable, à telle enseigne que plusieurs marques, clientes du Maroc, ont mis la clé sous la porte, fragilisant l’activité d’un certain nombre d’industriels locaux, comme le confirme l’Association marocaine de l’industrie textile et habillement (AMITH).

DÉFIS ET AMBITIONS
En dépit de ses réalisations, le secteur a perdu en compétitivité au cours des deux dernières décennies. En 2022, la part de marché du Maroc s’est située à 1,2 % contre 1,4 en 2002. En termes de productivité, les analyses indiquent que, malgré les efforts déployés, l’offre exportable du secteur peine à remplir les objectifs escomptés et à assurer la montée en gamme de l’industrie. En cause, la prédominance de la sous-traitance, la faible diversification des partenaires commerciaux ou encore la concentration des exportations sur des produits à faible valeur ajoutée.

Par ailleurs, comme il s’agit d’un secteur vital pour l’économie nationale, le Royaume ambitionne de renforcer son tissu industriel en misant davantage sur les métiers mondiaux du Maroc dont le textile & cuir fait partie. Ainsi, pour développer l’industrie, des politiques incitatives ont été mises en place. Objectif : encourager le développement de l’industrie, en offrant par exemple une fiscalité avantageuse et en créant des zones vertes dédiées à l’industrie textile & cuir.

Cette dernière reste néanmoins confrontée à de nombreux défis, notamment en matière de concurrence et d’impact environnemental. Ainsi, pour prospérer, la vision nationale « Dayem », inspirée des orientations du Nouveau modèle de développement, prône la durabilité et l’innovation pour explorer tout le potentiel et les atouts dont regorge le secteur.

Pour rappel, à l’horizon 2035, l’industrie ambitionne d’augmenter la valeur de ses exportations à 60 MMDH et d’élever ses parts de marché à 20%, en particulier en Amérique du Nord et en Europe du Nord. Et pour gagner en productivité, l’AMITH aspire à porter à 60 % la part de la production en co-traitance et produit fini, ce qui implique le renforcement de l’amont. In fine, l’industrie textile & cuir a tout pour réussir et maintenir sa position dans le marché mondial de la mode.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO


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