Economie

L’enseignement à l’ère numérique : vers une éducation 4.0

L’éducation au Maroc est à un tournant décisif, où le gouvernement reconnaît l’urgence de repenser les fondements même de l’apprentissage pour s’adapter aux réalités contemporaines. Dans cette optique, des réformes éducatives d’envergure voient le jour, dévoilant un programme de modernisation et d’innovation. Au cœur de cette transformation se trouve une collaboration sans précédent entre l’exécutif et des acteurs clés du secteur privé, visant à catalyser la digitalisation de l’enseignement supérieur.

L’heure n’est plus à la simple transmission de connaissances, mais davantage à une révolution pédagogique qui favorise l’innovation, encourage la coopération internationale et cultive l’esprit d’entreprise. L’Exécutif prend conscience de la nécessité de repenser les politiques éducatives et passe à l’action.

Coopération renforcée
Illustrant cette évolution, une convention pour propulser la digitalisation dans les universités marocaines a été scellée. Cet accord, fruit d’une coopération entre les ministères de la Transition numérique et de l’Enseignement supérieur, d’une part, et l’entreprise Oracle, d’autre part, marque un pas décisif vers la modernisation et l’adaptation des institutions éducatives aux enjeux actuels.

Ce partenariat, inscrit dans le cadre du Plan national d’accélération de la transformation de l’écosystème de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation (Pacte Esri-2030), vise à faire éclore de nouveaux diplômes et certifications, tissant ainsi un avenir prometteur pour l’éducation au Maroc. Cette collaboration, façonnée par le programme «Code 212», révèle une stratégie où la digitalisation est le fil conducteur. La première tranche s’adresse aux étudiants universitaires, tandis que la seconde cible les diplômés aspirant à se réinventer dans le monde digital.

Ce partenariat vise à tisser une trame solide pour l’économie nationale et à hisser le Maroc au rang de destination de choix pour les investisseurs dans les secteurs du numérique et des technologies de l’information. Dans le même souffle, l’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans les programmes éducatifs se révèle être un impératif incontournable.

Abdellatif Miraoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, a mis l’accent sur cette évolution lors d’un colloque international sur l’IA initié par le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS).

Selon le ministre, cette intégration nécessite un engagement à plusieurs niveaux, allant de la formation des enseignants à l’adaptation des programmes d’études. Il est primordial d’exiger une formation à l’IA dans les programmes de formation initiale des enseignants, avant d’intégrer progressivement les concepts de base de l’IA dans les curricula, adaptés au niveau des apprenants.

Nouveau système
Le gouvernement, soucieux d’insuffler un vent de modernité à l’enseignement supérieur, a dévoilé un plan d’action : le Plan national d’accélération de la transformation de l’écosystème de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation. Cette vision a pour but de réaliser une mutation qualitative de l’université marocaine, avec de nouvelles approches pédagogiques conformes aux standards internationaux.

«Cette réforme pédagogique a pour objectif de surmonter les difficultés rencontrées par l’université marocaine, de réduire le taux de déperdition universitaire et de doter les étudiants de nouvelles compétences pour s’adapter aux changements sociaux, économiques et technologiques, facilitant ainsi leur intégration sur le marché de l’emploi», avait souligné le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch.

Cette réforme, amorcée lors de l’année universitaire 2023-2024, a marqué le début de la mise en œuvre effective du nouveau système de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation. Plusieurs chantiers ont été lancés, notamment l’instauration d’un nouveau modèle pédagogique, la promotion de la recherche scientifique et de l’innovation, ainsi que le renforcement du système de gouvernance du secteur. Le Chef du gouvernement a également mis en lumière le développement et la diversification des filières de formation dans le cycle de licence, avec un total de 1.037 filières certifiées durant l’année universitaire en cours, contre 570 filières l’année précédente.

En ce qui concerne la promotion de la recherche scientifique et de l’innovation, plusieurs mesures ont été prises, telles que le lancement d’un programme pour la formation de 1.000 étudiants de doctorat de nouvelle génération, la création de trois instituts thématiques pour la recherche dans des domaines prioritaires tels que l’eau, la biotechnologie et l’intelligence artificielle, ainsi que la généralisation des cités d’innovation.

Pour soutenir l’université marocaine dans la promotion du Maroc en tant qu’acteur stratégique dans le domaine de l’économie numérique, le gouvernement vise, à l’horizon 2026, la création de 18 centres «Code 212» afin de consolider les acquis scientifiques des étudiants dans des domaines tels que la programmation informatique, l’analyse des données numériques et le développement des compétences en intelligence artificielle.

Ces initiatives sont soutenues financièrement, avec une allocation de 68 millions de dirhams au titre de 2024 et 32 millions de dirhams mobilisés cette année pour le lancement des premiers centres. Le Chef du gouvernement a également mis en avant l’augmentation du nombre des nouveaux étudiants inscrits dans les institutions à accès limité, ainsi que les projections ambitieuses pour le nombre de diplômés dans les métiers de la santé et le taux cumulé des professionnels de la santé d’ici 2030.

Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO


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