Economie

Cluster EnR. Fatima Zahra EL Khalifa : “Notre bilan et les enseignements de 2023 sont positifs ! ”

Fatima Zahra El Khalifa, DG du cluster EnR, dresse un bilan positif de 2023, dans le cadre de l’accompagnement des entreprises marocaines à la décarbonation. Les principales avancées comprennent la sensibilisation du public, la création d’un comité scientifique, le renforcement des compétences et l’augmentation du nombre d’adhérents. Cependant, des défis persistent pour favoriser l’industrialisation des technologies renouvelables au Maroc. 
En 2023, le cluster EnR a tenu sa première réunion de comité. Il est aussi intervenu sur plusieurs chantiers relatifs à l’accompagnement de la décarbonation des entreprises marocaines. Concrètement, quel bilan faites-vous de 2023 et des avantages que l’écosystème d’innovation créé par le cluster EnR ont apportés dans l’accompagnement de la décarbonation des entreprises marocaines ?
Cette année encore, le cluster EnR a démontré une véritable proactivité en vue d’accompagner la décarbonation des entreprises marocaines. Tout d’abord, le lancement de la 2e édition de la Caravane Durable à Dakhla, qui a permis de sensibiliser un public plus large aux enjeux cruciaux de la durabilité et d’encourager l’adoption de pratiques respectueuses de l’environnement, mais aussi la constitution d’un comité scientifique qui joue un rôle essentiel dans l’orientation stratégique du cluster, contribuant de ce fait à maximiser l’impact positif de nos initiatives. Nous avons également mis en place des activités de renforcement de compétences offrant ainsi aux acteurs du secteur des énergies renouvelables les outils nécessaires pour répondre aux besoins du marché. Aujourd’hui, le nombre d’adhérents du cluster dépasse les 210 membres, et nous sommes fiers de voir l’augmentation continue de notre réseau. Cette diversité d’entreprises, de PME, d’institutions et d’acteurs clés constitue un réseau unifié par un objectif commun celui de réussir la transition énergétique. En résumé, le cluster EnR a confirmé sa position en 2023 en tant que catalyseur de l’innovation et moteur de la décarbonation des entreprises marocaines.
Malgré les programmes et initiatives mis en place, quels sont les défis à relever pour favoriser l’industrialisation des technologies renouvelables au Maroc ?
Malgré les programmes et initiatives mis en place, pour moi trois défis restent présents pour favoriser davantage l’industrialisation des technologies renouvelables au Maroc. Le premier est la nécessité de renforcer les liens et la collaboration au sein de l’écosystème des énergies renouvelables, car en favorisant une synergie plus étroite entre startups, entreprises et institutions, nous pourrons maximiser l’impact de nos actions et accélérer le processus d’industrialisation. Le second est le financement qui demeure un défi crucial. Il est impératif de créer plus d’incitations financières attractives pour encourager les entreprises et stimuler l’investissement nécessaire à la mise en place de projets industriels ambitieux, et enfin le troisième défi est le développement des compétences de la main-d’œuvre. La formation doit être adaptée aux besoins spécifiques de l’industrie pour garantir la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée et compétente. Ce n’est qu’une fois ces conditions réunies que nous pourrons créer un environnement propice à une industrialisation durable et florissante des technologies renouvelables au Maroc.
Quels sont les succès et les défis rencontrés en 2023 par l’écosystème bénéficiant de l’accompagnement du cluster EnR ? Quelles sont les leçons que vous retenez de cette année et à quoi s’attendre en 2024 en termes de chantiers prioritaires ?
Aujourd’hui, il y a une réelle prise de conscience quant à l’importance de décarboner non pas pour des raisons RSE mais plutôt comme un fait indispensable pour améliorer la compétitivité et se conformer aux exigences du marché. D’ailleurs, le cluster est de plus en plus sollicité par les entreprises désireuses de connaître les démarches visant à accélérer cette transition énergétique résolument tournée vers l’adoption de pratiques industrielles plus durables.
Cependant, il serait injuste de ne pas reconnaître les défis rencontrés. La transition vers une économie plus verte n’est pas sans obstacles. Les jeunes entreprises font face à des défis financiers et opérationnels, et bien que certaines aient connu un succès notable, d’autres ont encore du mal à atteindre une pleine maturité. La résilience de ces entreprises face à ces défis est une leçon sur la nécessité d’innover et d’ajuster continuellement les approches pour prospérer dans un environnement en constante évolution. La principale leçon de 2023 est que la durabilité de notre écosystème dépend de la collaboration continue des différents maillons et de l’adaptabilité aux changements du marché.
Pour ce qui est de 2024, nous avons prévu de renforcer les actions pour accompagner le secteur privé dans le développement de projets EnR, de stimuler l’émergence de solutions novatrices et durables et de mettre en place de nouvelles initiatives pour répondre aux évolutions du marché. Nous souhaitons également intensifier notre rôle d’accompagnateur du secteur pour l’émergence d’une filière industrielle EnR compétitive marocaine.
En tant que cluster, vous bénéficiez de subventions relativement importantes. On en est à 2 millions de dirhams par an sur 5 ans, renouvelables 3 ans. Et la nouveauté en 2023, c’est que les anciens clusters ont également eu la possibilité de repostuler à la subvention. Comment les subventions accordées contribuent-elles à vous renforcer ?
Par définition, les clusters fédèrent entreprises, start-ups, établissements de recherche et de formation autour d’une même vision, celle de développer des projets collaboratifs innovants et à forte valeur ajoutée. Aujourd’hui, le rôle des clusters a considérablement évolué, ils sont devenus de réels acteurs dans le développement des secteurs industriels, dans la promotion de l’innovation, et la montée en compétences des acteurs locaux , et ceci en faveur de la croissance économique du Royaume.
En effet, le soutien du ministère est un réel appui envers l’écosystème des clusters au Maroc, tant sur le plan financier que stratégique, et contribue à renforcer la compétitivité des clusters au Royaume. De par ma casquette de présidente de Maroc Clusters, un travail de fond a été fait en concertation avec les équipes du ministère afin de répondre aux défis que rencontrent les différents clusters, et effectivement la nouveauté a été de donner aux anciens labellisés la possibilité de repostuler pour la subvention, et c’est une grande première. Car, plusieurs clusters ont du mal à arriver à une indépendance financière et cette opportunité que leur offre le ministère représente un nouveau souffle.

 

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO


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