Economie

Hypercar : Ferrari 499P Modificata, les 24 Heures “dûment” fêtées !

Version client du proto d’endurance ayant permis à Ferrari de triompher, en juin dernier, aux 24 Heures du Mans, 59 ans après son dernier sacre, la 499P Modificata se paie le luxe d’être plus puissante que l’Hypercar couronnée dans la Sarthe, débarrassée qu’elle est des contraintes du règlement technique du WEC. Cette série limitée permet à la marque au cheval cabré de lancer un nouveau programme client, baptisé Sport Prototipi Clienti. Ticket d’entrée :  5,1 millions d’euros. Le prix du bonheur.

Dévoilée par Ferrari le week-end dernier sur le circuit de Mugello, à l’occasion de ses Finali Mondiali, tomber de rideau de la saison de compétitions client de la firme de Maranello, la 499P Modificata est une pure «dinguerie», une bête de course basée sur une version légèrement modifiée de la 499P victorieuse sur le circuit de la Sarthe en juin dernier, à l’occasion de l’édition du centenaire des 24 Heures du Mans. Cette pistarde pure et dure sera produite à un nombre d’exemplaires ultra-limité (Ferrari n’en dit pas plus). Elle est réservée aux happy few, à une petite tribu d’heureux pilotes milliardaires sélectionnés parmi les plus gros clients de la marque. En se délestant des 5,1 millions d’euros exigés, ces «gentlemen drivers» en puissance auront le privilège de prendre part, à partir de 2024, à son volant, à la nouvelle formule monotype du «Cavallino rampante», dénommée Sport Prototipi Clienti, sur des circuits comme le Nürburgring, Le Castellet, Laguna Seca, Suzuka ou le Mugello. Un programme client qui vient s’ajouter aux programmes XX, F1 Clienti et Challenge Trofeo Pirelli. La somme peut sembler déraisonnable, mais elle englobe l’achat de la voiture, les frais de participation aux week-ends de roulage sur une période de deux ans, une assistance totale en matière de maintenance et de réparation (une équipe de mécanos de Maranello dédiée), mais aussi un soutien logistique de tous les instants pour offrir aux clients une expérience en mode «Fly and Drive» : stockage de la 499P à Fiorano et transport aux quatre coins du globe pour prendre part aux courses. Ajoutez à cela le pedigree de la bête, l’aura que sa victoire mancelle lui permet de projeter, son côté «250 GTO des temps modernes», et vous obtenez une guimbarde qui coûtera et dont les tarifs risquent fort de s’envoler dans quelques années. Le collector alpha !

Les règles ? Quelles règles ?
Parce qu’elle n’a pas à se conformer, à l’inverse de la 499P, aux contraintes réglementaires de la FIA concernant les LMH (Le Mans Hypercars) et de la «Balance of Performance», mesure s’apparentant au handicap des courses hippiques et consistant à limiter la puissance des protos les plus performants pour garder la concurrence au contact, cette déclinaison Modificata s’offre une fiche technique encore plus démentielle ! C’est un truc de malade, en fait ! On a affaire à une version dopée du proto du Mans ! Le V6 3.0 l biturbo, ouvert à 120 degrés, a été repris tel quel. Placé en position centrale arrière, il offre la même puissance que sur le proto d’endurance. C’est le moteur électrique de la fusée hybride, logé au niveau de l’essieu avant et toujours connecté à une batterie 800 V transférée de la F1, qui a bénéficié d’une cure de vitamines. Il fonctionne en permanence, par ailleurs, alors qu’il ne s’ébroue qu’au-dessus de 190 km/h sous le capot avant de la 499P. Cela permet à la Modificata de disposer d’une transmission intégrale permanente, soit dit en passant. Résultat des courses : quand la lauréate de l’édition 2023 des 24 Heures du Mans n’en mène pas large avec son «handicap», sa puissance cumulée plafonnée à 680 chevaux aux 6 Heures de Fuji, sixième et avant-dernière manche de la saison d’endurance, disputée en septembre dernier, son spin-off client passe 700 ch aux quatre roues, puissance qui, lorsque la commande “Push to pass”, située derrière le volant, est activée, grimpe momentanément, sept secondes durant, à 870 ch !

Plus puissante, mais un poil moins pointue
Pour gérer cette puissance cataclysmique, la 499P client se soustrait, là encore, au règlement technique du gendarme du sport auto en championnat du monde d’endurance. Disposant de la même monocoque en carbone et du même look que la Féfé LMH, elle chausse des pneus spécifiques, des slicks Pirelli (le proto LMH a droit aux pneus fournis par l’équipementier du WEC, Michelin), bénéficie d’une aéro mobile légèrement retravaillée, et embarque quelques flaps supplémentaires. Objectif : la rendre un peu moins pointue, plus exploitable aux mains de pilotes moins chevronnés que la triplette entrée dans la légende en juin dernier.

Pour la même raison, en vue d’accroître la facilité de pilotage, Ferrari a retouché les suspensions à poussoirs et placé un siège baquet plus large, de même qu’un rétroviseur numérique, au sein du cockpit. Voilà pour le jeu des 7 différences ! Sinon, on n’est pas loin de la copie… monocoque en carbone : transmission séquentielle à sept rapports, freinage by-wire, volant «à tendance acnéique», constellé de boutons, poste de pilotage fortement déconseillé aux claustrophobes… Ceux de nos lecteurs qui disposent de compétences de pilotage très au-dessus de la moyenne, mais aussi d’un compte en banque de nabab de première division, d’un garage contenant une aile Ferrari suffisamment grande et d’un emploi du temps des plus malléables, auraient tort de se priver ! Un conseil pour les autres, un peu plus nombreux, forcément : faites comme l’auteur de ces lignes. Extasiez-vous en silence devant les photos et les vidéos de cette pistarde volcanique !

Mehdi Labboudi / Les Inspirations ÉCO


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