Adil Bennani, comment se comportent les ventes de voitures ?
Cette année, le marché automobile n’échappera pas à ses campagnes de promotion, de rabais et de ristournes. Et même si le salon de l’Auto Expo a été mis aux oubliettes pour plusieurs raisons, les importateurs-distributeurs devront sans nul doute animer leurs ventes. C’est justement ce que confirme Adil Bennani, président de l’AIVAM, dans cet entretien. Il évoque également l’évolution de la demande et l’amélioration de l’offre dans l’hybride et l’électrique.
Peut-on dire que la page du Salon Auto Expo est définitivement tournée ?
Nous ne tiendrons pas de salon cette année parce que, tout simplement, la situation de l’offre est toujours perturbée à l’échelle mondiale. Ainsi, bien que les stocks se soient reconstitués, on n’est pas dans un retour à la normale, où l’ensemble des marques dispose de tous les modèles dans les quantités qu’il souhaiterait. Le salon est un moyen de promouvoir l’ensemble de la filière.
C’est aussi l’occasion de faire de bonnes affaires. Cela dit, même en l’absence de salon aujourd’hui, on observe chez les uns et chez les autres des opérations commerciales en fonction de leurs objectifs commerciaux, en fonction des disponibilités de stocks et de beaucoup plus de paramètres que nous n’en n’avions dans le passé. L’essentiel, c’est que, salon ou pas, il y a toujours de l’animation dans les showrooms des différentes marques. Et, au final, ceux qui devront acheter des véhicules sur l’année les achèteront, avec ou sans salon.
Le modèle actuel de tenue du salon automobile paraît obsolète…
Le monde évolue et, encore une fois, ce qui a été démontré pendant cette phase de Covid et juste après, c’est qu’il y a d’autres moyens de promouvoir les produits, de lancer des produits à l’international, et, d’ailleurs, dans ce contexte, la tenue de salons mondiaux n’est plus à l’ordre du jour. On s’oriente probablement vers moins de salons dans le monde, mais avec, quand même, une grand-messe américaine, une grand-messe européenne et une grand-messe asiatique. En ce qui concerne Auto Expo, qui est un salon de vente, nous ne pensons pas qu’il se reproduira dans le futur. Néanmoins, nous avons besoin d’un rendez-vous avec nos clients, nos prospects, avec la communauté économique et politique pour présenter nos nouveautés et nos innovations, présenter les problématiques du secteur et sensibiliser sur le futur de la mobilité. Il doit y avoir un rendez-vous dans ce sens. Nous y avons réfléchi au niveau de l’AIVAM, nous avons des pistes très sérieuses. Soyez attentifs. Des annonces seront faites avant la fin de l’année.
Comment se comportent les ventes en ce moment ?
Par rapport à la situation dans les showrooms, on observe sur les ventes des quatre premiers mois de l’année que nous sommes sur un marché en régression de 10% environ. Ceci est dû essentiellement à une baisse de la demande. Nous assistons à une phase compliquée pour les ménages : inflation du prix des produits, tous secteurs confondus, hausse du coût du crédit et durcissement des conditions d’octroi. L’un dans l’autre, le marché se tasse et la demande n’est pas aussi bonne que nous l’aurions souhaité.
Quid de ce mois de mai ?
Le mois de mai est sur la lancée des premiers mois de l’année. Ce n’est pas complètement mauvais, mais ce n’est pas folichon non plus.
D’où l’animation des concessions pour booster les ventes. Pensez-vous que cette année encore, à l’approche de l’été, les marques vont lancer des campagnes de promotion ?
Oui, il y aura des promotions, parce que les uns et les autres ont besoin de réaliser des objectifs. Soit ils ont des véhicules et, la demande n’étant pas au rendez-vous, ils peuvent la stimuler pour essayer de gagner de la part de marché, soit ils n’ont pas de véhicules et ne feront pas de promotions. Si le Covid nous a appris quelque chose, c’est que l’optimisation de l’offre permet de générer un peu plus de valeur. On a tous retenu la leçon, mais ça reste plus facile à dire qu’à faire !
L’engouement pour les motorisations hybrides et électriques n’est pas encore total même si l’intérêt est de plus en plus grandissant. Comment peut-on l’expliquer ?
Aujourd’hui, la part des ventes des modèles hybrides et électriques augmente, d’abord par la force des choses parce que dans les offres des uns et des autres, il y a plus de choix. Plus de modèles hybrides ou électriques sont désormais disponibles sur notre marché. Et ça va doubler d’ici un an. C’est le premier facteur. Le deuxième, c’est que, sous la pression de la communication mondiale, le virage énergétique devient une réalité, le sujet technologique est complètement démystifié et les prix sont plus abordables. C’est le troisième élément. L’équation économique est plus avantageuse dans un contexte où le prix du carburant est plus élevé. Même si ce n’est pas la chose environnementale qui fait vendre ce genre de véhicules, leur part va augmenter. Maintenant, il ne faut pas oublier que c’est cette composante environnementale qui a enfanté cette technologie. Et il faudrait que les pouvoirs publics l’encouragent, de manière à ce que l’on puisse voir cette part augmenter. Je rappelle qu’elle représente moins de 5% chez nous, contre 45% en Europe, par exemple.
Les campagnes de promotion vont-elles également concerner ces types de motorisation ?
Une promotion, une animation ou un support à la vente touche tout ce qui peut se vendre. En ce sens, les produits électriques ou hybrides ne font pas exception.
Mehdi Labboudi / paru dans Les Inspirations ÉCO