Economie

Programme OCP Al Moutmir : le semis direct confirme son efficacité

Avec un cumul de 29.000 ha réalisés en semis direct, le programme Al Moutmir est passé de 10.000 en 2019-2020 à 18.541 ha en 2020-2021. Ces résultats enregistrés lors de la 2e phase d’amorçage du programme représentent 23% d’amélioration du rendement biologique et 18,3 % du rendement en grains des plateformes semis direct par rapport au conventionnel.

Pour la seconde fois consécutive, les résultats du programme OCP de semis direct, au titre de la campagne 2020-2021, ont enregistré une évolution en comparaison avec l’année de démarrage de ce programme en 2019-2020. C’est du moins ce qui ressort, ce mardi, du webinaire national de présentation des résultats du programme OCP Al Moutmir de semis direct. En comparaison avec les deux campagnes précitées, le programme de semis direct Al Moutmir au titre de la saison 2020-2021 a couvert18.541 ha réalisés en semis direct contre 10.000 en 2019-2020.

S’agissant des plateformes de démonstration installées, elles sont passées de 600 à plus de 700 plateformes de démonstration installées au niveau de 23 provinces contre 17 lors de la première étape du programme. Dans le détail, 61% de ces plateformes de démonstration concerne le blé tendre alors que 24 et 15% couvrent le blé dur et l’orge. Quant au nombre de bénéficiaires, il est passé, pour sa part, de 2000 agriculteurs à plus de 3500 agriculteurs bénéficiaires.

Pour sa part, le nombre d’organisations professionnelles a atteint plus de 40 organisations porteuses contre 35. Le constat est le même pour l’évolution du nombre de semoirs mis à la disposition des organisations professionnelles qui est passé de 35 à plus de 40 semoirs alors que le programme a couvert différentes zones agro-climatiques, notamment les zones marquées par le Bour Défavorable, le Bour Intermédiaire, le Bour Favorable et Bour Favorable Supérieur et Montagne.

56% des exploitations inférieures à 3 ha
Il va sans dire que le programme a couvert les principales cultures annuelles pratiquées au niveau national, à savoir les céréales en premier lieu, les légumineuses et aussi d’autres cultures à fort potentiel comme les oléagineuses, notamment le colza dont plus de 2000 ha ont été réalisés en semis direct dans les provinces de Sidi Kacem, Meknès, El Hajeb, Midelt, et Khénifra. Selon les résultats présentés, la répartition totale des superficies concerne respectivement la province de Sidi Kacem à hauteur de 3520 ha. Elle est suivie par Meknès (2400 ha), Settat (2019 ha), El Hajeb-Midelt-Azrou (1634 ha), Khouribga (1195 ha), Khenifra (1105 ha) ainsi que Safi (1054 ha) et Taounate (981 ha). Les autres provinces sont en dessous de 507 à 220 ha. En se référant au nombre de bénéficiaires par province, la répartition a suivi une tendance similaire à celle des superficies. Toutefois, les exploitations agricoles inférieures à 3 ha représentent 56% des agriculteurs bénéficiaires (petits agriculteurs) alors que 32% représentant les exploitations agricoles oscillant entre 3 à 5 ha. Le reste, à savoir 9 et 3% sont les exploitations de 5 à 10 ha et plus de 10 ha. Par type de culture, 84% des superficies concernent les céréales tandis que 11 et 5% représentent les cultures oléagineuses et légumineuses.

Des rendements satisfaisants par rapport au conventionnel
En termes de performances, les rendements biologiques moyens ont été plus importants au niveau des plateformes de semis direct, dépassant 13.000 kg/ha en zones favorable et favorable supérieur avec une amélioration de 22% en moyenne au niveau national par rapport au conventionnel. Quant aux rendements en grains, la moyenne est de 4102 kg/ha en semis direct contre 3467 kg/ha, soit une amélioration de +18,3 %. Outre la résilience face aux aléas du climat, le système semis direct confirme selon les résultats obtenus son efficacité aux différentes conditions pédoclimatiques. Il représente, parmi d’autres, une solution efficace pour améliorer et stabiliser les rendements, réduire les coûts de production et préserver les ressources en plus de la conservation des sols et l’eau avec une minimisation de l’érosion.

En plus de l’amélioration des rendements biologiques et en grains, dès les premières années de son adoption, le semis direct permet aussi de réduire les coûts de production et de travail du sol à hauteur de 800 à 1400 DH/ha, l’épandage d’engrais de 200 à 300 DH/ha et la dose de semis de 200 à 300 DH/ha. Ce système contribue ainsi à l’amélioration du revenu des agriculteurs. En effet, l’élimination des charges dédiées aux travaux de labour et de préparation de lit de semis et la réduction des doses de semis permet d’économiser de 800 à 1300 DH/ha. Avec le gain généré par l’amélioration des rendements, il permet d’augmenter la marge de bénéfice (entre 2500 et 3000 DH/ha en moyenne pour les deux campagnes 2019-2020 et 2020-2021).

Le semis direct levier pour la bio-séquestration
Contrairement au système de labour conventionnel qui encourage l’émission du carbone du sol, le semis direct permet de lutter contre le réchauffement climatique en atténuant des émissions de gaz à effet de serre à travers. Le semis direct permet de diminuer le bilan énergétique en réduisant le nombre de passages d’engins agricoles pour effectuer les travaux de labour, de préparation des lits de semis d’épandage d’engrais et des semences (un seul passage au lieu de 3 à 5). Le processus de bio-séquestration du carbone correspondant à un stockage du carbone (C) dans le système sol-plante et va donc atténuer les émissions de gaz à effet de serre responsable du changement climatique. Ainsi, le sol agit comme un puits de carbone à travers la contribution au retrait de CO2 atmosphérique par les plantes et un stockage du carbone fixé dans la matière organique du sol. La séquestration du carbone est donc un service éco systémique permettant la régulation du climat.

Dans ce sens, le système semis direct contribue à l’amélioration des quantités de carbone fixées dans la matière organique du sol en maintenant les résidus des cultures et en minimisant les perturbations du sol, favorisant ainsi l’activité microbiologique capable de contribuer à l’incorporation du carbone au sol. En fait, la pratique continue du semis direct permet un stockage supplémentaire du carbone dans le sol de 0,15 t/ha/an en moyenne par rapport aux autres méthodes de travail du sol. Ainsi, avec un cumul de plus de 29.000 ha réalisés en semis direct durant les deux campagne 2019-2020 et 2020-2021, les agriculteurs adhérents au programme Al Moutmir de semis direct auraient contribué en principe à la séquestration de plus de 4350 t supplémentaires de carbone, sachant que la séquestration est plus importante lors des premières années d’adoption du système. 

Yassine Saber / Les Inspirations Éco


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