Economie

RAM, Air Arabia, Ryanair…le variant Omicron plombe les compagnies aériennes

MAG – La suspension des vols commerciaux directs, de et vers le Maroc, aura sans doute des conséquences néfastes sur le trafic aérien. S’il est encore trop tôt pour mesurer l’ampleur de cette décision, les compagnies aériennes et services de l’État ont mis en place  des dispositifs pour accompagner les voyageurs.

Le Maroc n’a pas encore enregistré son premier cas d’Omicron mais, selon les experts, l’arrivée de ce variant très redouté dans le monde, et qui sévit en Europe et en Afrique Australe, n’est plus qu’une question de temps. Pour réduire les risques, le Maroc a décidé de fermer son espace aérien aux vols commerciaux directs. Ainsi, tous les vols internationaux de passagers, de et vers le Maroc, sont annulés à partir du 29 novembre 2021 à 23h 59, et ce, jusqu’au 13 décembre 2021 à 23h 59.

«En raison de la propagation rapide du nouveau variant du virus de Covid-19, Omicron (B.1.1.529), notamment en Europe et en Afrique, et afin de préserver les acquis réalisés par le Maroc dans la lutte contre la pandémie et protéger la santé des citoyens, il a été décidé de suspendre tous les vols directs de passagers à destination du Royaume du Maroc, pour une durée de deux semaines, à compter du lundi 29 novembre 2021 à 23h 59», a précisé dimanche le Comité interministériel de suivi du Covid.

Selon la même source, une évaluation de la situation sera entreprise régulièrement afin d’ajuster, au besoin, le dispositif mis en place. S’il est encore trop tôt pour tirer un bilan de cette mesure avant-gardiste, il est clair que la suspension des vols ne sera pas sans conséquence tant côté voyageurs que compagnies aériennes. À Royal Air Maroc, on annonce déjà le report du lancement du premier vol de la compagnie nationale entre Casablanca et Tel-Aviv, initialement prévu le 12 décembre 2021.

De nombreux autres vols sont concernés. Déjà, la nouvelle route aérienne directe devrait relier Casablanca à Tel-Aviv à raison de trois fréquences par semaine, dans un premier temps, puis cinq fréquences hebdomadaires dans une phase ultérieure. Si la RAM se garde de donner des chiffres sur les conséquences de la suspension des vols, elle anticipe déjà les possibles réactions de ses clients en mettant en place un dispositif spécial pour accompagner ses voyageurs dans la gestion de leurs déplacements. Ainsi, la direction Proximité client s’engage à accompagner ses clients durant cette période en autorisant le changement et le remboursement des billets depuis et vers le Maroc, selon les options suivantes pour tout billet avec date de voyage initiale du 30 novembre au 13 décembre 2021.

Dans le détail, un changement sans pénalités, avec éventuelle application de la différence tarifaire, est possible pour une nouvelle date de voyage jusqu’au 31 janvier 2022 depuis ou vers la même destination ou un autre point sur le réseau Royal Air Maroc. Une autre possibilité s’offre au client qui peut demander un remboursement sous forme d’avoir nominatif, non transférable et non cessible, valable 12 mois à partir de la date de l’émission. Cet avoir est remboursable en numéraire à la fin de sa validité si non utilisé, et sur demande du client 3 mois au plus tard après son échéance. Le client est tenu de se manifester auprès de son point de vente initial pour demander son avoir, durant la période de validité de son billet, note enfin la RAM. L’Office national des aéroports n’est pas en reste.

En effet, l’ONDA invite les voyageurs à vérifier en amont, auprès de leurs compagnie aériennes et des organismes publics (autorités locales, ambassades, consulats, etc.), si des mesures spécifiques s’appliquent. En cas d’annulation, de modification ou de report d’un vol, l’office demande aux passagers de contacter directement leurs compagnies aériennes ou agences de voyage, avant tout voyage à l’étranger depuis et vers le Maroc.

Pour rappel, avant de suspendre tous les vols de passagers, dans les deux sens, pour une durée de deux semaines, les autorités marocaines avaient d’abord décidé d’interdire l’accès au territoire national aux ressortissants d’Afrique du Sud et d’autres pays d’Afrique Australe ainsi qu’aux passagers en provenance ou ayant transité par ces pays. En plus de l’Afrique du Sud, il s’agissait du Botswana, de la Namibie, du Lesotho, d’Eswatini, du Mozambique et du Zimbabwe. Hélas, au regard de la performance des aéroports du Royaume, la mayonnaise semblait pourtant prendre dans la foulée de la reprise économique alors que le Maroc s’acheminait vers un relâchement total des gestes barrières imposés par le Covid-19. Rien qu’entre mi-juin et fin août 2021, plus de 3,56 millions de passagers internationaux ont été accueillis dans les aéroports du Maroc, à travers 31.202 vols internationaux.

Ce qui représente, par rapport à la même période de l’année 2019, une hausse de 65% en termes de trafic passager et de 77% en ce qui concerne le nombre de vols internationaux. En plus des compagnies marocaines Royal Air Maroc et Air Arabia Maroc, 43 compagnies aériennes internationales ont desservi le Maroc (Ryanair, TUI Airlines, Air France…), dont certaines desservent pour la première fois certains aéroports marocains (El Al Israel Airlines à l’aéroport Marrakech-Ménara, Transavia Hollande à l’aéroport Fès-Sawïss, …), souligne l’ONDA dans un rapport daté de septembre dernier. Mieux encore, les aéroports du Maroc ont été connectés à 101 aéroports internationaux bien que l’opération Marhaba 2021 ait démarré dans un contexte sanitaire contraignant. Celle-ci s’est déroulée dans d’excellentes conditions avec la coordination de tous les partenaires aéroportuaires (Fondation Mohammed V, DGSN, ministère de la Santé, Gendarmerie Royale, Administration des douanes et impôts indirects, …). D’ailleurs, mis à part cet épisode imposé par le variant Omicron, les aéroports du Royaume devraient connaître, en 2022, un trafic aérien de 15 millions de passagers, soit 60% du niveau de l’année 2019, selon le rapport des établissements et entreprises publics (EEP) accompagnant le projet de loi de finances (PLF) au titre de l’exercice 2022. Pour les prévisions de clôture de 2021, le chiffre d’affaires atteindrait plus de 2,06 MMDH, en hausse de 31% par rapport à 2020 suite à la reprise progressive des vols internationaux depuis le 15 juin 2021. Pour 2021, le résultat net prévisionnel est estimé à une perte de 1,4 MMDH, alors que les prévisions de clôture, pour les investissement, s’élèvent à plus de 1 MMDH.

Concernant la période 2022-2024, l’Office prévoit d’investir 1,55 MMDH en 2022, 2,08 MMDH en 2023 et 1,83 MMDH en 2024 qui seront dédiés, en grande partie, aux extensions et à l’aménagement des capacités aéroportuaires (Rabat, Tanger, Agadir, Dakhla, Tétouan, Hoceima, …). En termes de perspectives du secteur aéroportuaire, il est envisagé de procéder, dans le cadre d’un contrat-programme entre l’État et l’ONDA, à la mise en place d’un nouveau modèle organisationnel visant, notamment, la transformation de l’Office en société anonyme dans l’objectif de renforcer l’autonomie de gestion, de créer les conditions favorables à l’accélération du développement du secteur aéroportuaire par son ouverture au privé, à travers la filialisation des activités commerciales et la mise en œuvre des opérations de partenariat. À quel point ce dynamisme risque-t-il de souffrir de la décision du gouvernement de suspendre les vols commerciaux de et vers le Maroc ?

Khadim Mbaye / (avec Les Inspirations ÉCO)


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