Deux chercheurs marocains expliquent comment le Covid-19 a révélé les fragilités de l’économie mondiale
Les bouleversements causés par l’épidémie du nouveau coronavirus mettent en relief aussi bien les fragilités de notre modèle économique actuel que notre manque de préparation à faire face à un choc sanitaire de cette ampleur, souligne un récent article du think-tank marocain Policy Center for the New South (PCNS) intitulé « Nos systèmes économiques face au COVID-19 : Faiblesses et opportunités ».
« La baisse de la production au niveau mondial, l’incertitude accrue au niveau des marchés ainsi que les politiques de confinement ont impacté négativement l’activité de plusieurs entreprises. Certaines se sont déclarées en faillite », soulignent Meriem Ouadmane et Hamza Saoudi, co-auteurs de l’article.
De leur avis, l’impact sur l’emploi est dramatique dans le sens où des millions d’emplois sont menacés et que ces pertes d’emplois creuseront inexorablement la pauvreté et les inégalités au sein de plusieurs pays et auront des les répercussions mentales et psychologiques dévastatrices sur les individus.
Selon le Fonds monétaire international (FMI), le risque d’une récession économique parait inévitable et l’économie mondiale entre dans une phase de ralentissement si abrupte qu’elle pourrait dépasser la gravité de la Grande Dépression, ont-ils avancé.
Par ailleurs, constatent les deux auteurs, la crise du Covid-19 a été marquée par un retour très fort de l’État dans plusieurs pays à travers le monde, avec des politiques de relance courageuses pour, à la fois, éviter l’effondrement de l’économie et protéger les populations les plus vulnérables de la société, notant que plusieurs pays ont privilégié la vie humaine à l’économie.
Et d’ajouter que lors d’une récession ou d’une crise économique standard, parfois la faillite de plusieurs entreprises et la perte d’emplois de plusieurs personnes est tolérable, soulignant que « ceci n’est pas le cas avec cette crise sanitaire, où l’on essaye par tous les moyens d’éviter la faillite de nombre de TPME, afin qu’elles puissent préserver leurs emplois ».
On remarque, également, dans plusieurs pays, un soutien de l’État apporté aux ménages les plus impactés par cette crise, notamment les plus démunis pour qu’ils puissent subvenir à leur besoin de consommation minimale vitale.
Les deux auteurs se sont également arrêtés sur l’importance, en ces moments de crise, de saluer les efforts consentis par les gouvernements et les banques centrales à travers le monde, surtout dans les pays en développement qui n’ont pas suffisamment de marges de manœuvre et de ressources financières et qui ont pu mobiliser des moyens importants pour soutenir les entreprises et protéger la vie de leurs citoyens.
Dans le contexte actuel de retour très fort de l’État, Meriem Ouadmane et Hamza Saoudi estiment qu’il faut saisir cette occasion, surtout dans les pays en développement, pour renforcer la confiance entre l’État et les citoyens qui est un élément très important pour la réussite de toute stratégie de développement. En outre, c’est une opportunité pour bien penser le développement, définir les bases d’un modèle de croissance économique inclusif où le capital humain joue un rôle central ainsi que pour repenser la relation entre l’État, le secteur privé et la société civile, ont-ils fait savoir.
La crise du nouveau coronavirus ne vient pas uniquement mettre l’accent sur nos fragilités économiques actuelles, mais elle « tire aussi la sonnette d’alarme pour nous prévenir des risques futurs », à savoir ceux liés à la question du réchauffement climatique et aux inégalités, dont nous sommes conscients de l’existence mais contre lesquels nous n’avons pas encore pris de mesures tangibles, concluent les experts.
M.S. (avec MAP)