Economie

Chute inédite et chaotique du baril américain : ce que l’on sait

Le prix de baril de pétrole américain (West Texas Intermediate – WTI) pour livraison en mai a enregistré, lundi, une chute inédite et chaotique sous l’effet dévastateur de la propagation de la pandémie du nouveau coronavirus (covid-19) qui accentue le repli de la demande et par conséquent augmente les stocks.

Du jamais vu. Le baril de l’or noir américain, dont le contrat expire aujourd’hui, a carrément basculé au territoire négatif pour s’échanger à près de -40 dollars à la clôture d’un lundi noir qui laissera de profondes cicatrices difficiles à effacer.

Cette bulle a explosé aux mains des traders en raison de la surproduction ayant entraîné une abondance de l’offre, une saturation des stocks et, par conséquent, une forte pression sur les capacités de stockage, particulièrement au moment où la demande subit de plein fouet les impacts du covid-19 qui a mis à l’arrêt un large éventail de secteurs énergivores.

Concrètement, cette chute dans les abîmes veut dire que les investisseurs du brut ont été, non seulement, obligés de réduire drastiquement les prix de vente, mais surtout aussi de payer près de 40 dollars pour convaincre des acheteurs physiques d’acquérir les barils de ce contrat.

Ce matin, dernier jour de ce contrat pour livraison en mai le WTI repassait, vers 5H30 GMT, en territoire positif pour s’échanger à 1,63 dollar.

A titre de comparaison, le baril de 159 litres de pétrole brut, coté à New York, valait 18,27 dollars vendredi dernier et avait terminé l’année 2019 sur un cours de 61,06 dollars.

Cependant, les analystes restent optimistes et prévoient une amélioration des prix dans les prochains jours, puisque le baril pour livraison en juin tourne, quant à lui, autour des 20 dollars.

Mais, cette lueur d’espoir risque de s’évaporer si la crise du covid-19 perdure et continue à paralyser les économies. En effet, le déséquilibre entre une offre excédentaire et une faible demande poussent les investisseurs à se débarrasser des barils achetés, ce qui complique sérieusement la tâche aux États-Unis en matière de stockage.

D’ailleurs, l’Agence américaine de l’information sur l’énergie a fait savoir que les stocks américains de brut ont poursuivi leur tendance haussière depuis mi-janvier pour atteindre plus de 500 millions de barils.

Il va sans dire que cette augmentation sans cesse croissante des stocks risque de porter les coûts de stockage à des niveaux vertigineux, ce qui va tirer les cours vers le bas.

L’évolution du baril américain à ce faible niveau durant les prochains mois pourraient engendrer des faillites en chaîne mais elle a, d’ores et déjà, entraîné dans son sillage des chutes des places boursières très dépendantes du secteur pétrolier en l’occurrence celles de pays du Golfe et pourrait, selon les estimations récentes du FMI, causer une perte de revenus annuels de plus de 230 milliards de dollars pour les pays exportateurs du pétrole au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.


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