Bank Al-Maghrib maintient inchangé son taux directeur
Bank Al Maghrib a décidé de maintenir inchangé le taux directeur à 2,25 % à l’issue de sa troisième réunion trimestrielle de l’année, a annoncé mardi la Banque centrale.
Lors de cette réunion, Bank Al Maghrib a analysé l’évolution récente de la conjoncture économique et les projections macro-économiques de la Banque pour les huit prochains trimestres, indique BAM dans un communiqué.
Sur la base de ces évaluations, notamment celles des prévisions à moyen terme de l’inflation, de la croissance, des comptes extérieurs, des conditions monétaires et des finances publiques, le Conseil a jugé que le niveau actuel du taux directeur de 2,25% reste approprié et a décidé de le maintenir inchangé.
Par ailleurs et au regard de la persistance de besoins importants de liquidité bancaire sur l’horizon de prévision, le Conseil a décidé de réduire le taux de la réserve monétaire de 4% à 2%, permettant ainsi une injection permanente d’un peu plus de 11 milliards de dirhams.
Le Conseil a noté qu’après s’être établie à 1,9% en 2018, l’inflation a nettement ralenti, se situant à 0,2% en moyenne sur les huit premiers mois de l’année, en relation notamment avec la baisse des prix des produits alimentaires à prix volatils. Selon les prévisions de Bank Al-Maghrib, elle devrait continuer à évoluer à des niveaux faibles au cours des prochains mois pour ressortir à 0,4% sur l’ensemble de l’année.
En 2020, elle s’accélérerait à 1,2%, tirée par sa composante sous-jacente qui, sous l’effet notamment de la reprise attendue de la demande intérieure, atteindrait 1,6% après 0,7% prévu en 2019.
Au niveau national, les dernières données du HCP relatives au premier trimestre indiquent un ralentissement d’une année à l’autre de la croissance de 3,5% à 2,8%, résultat d’une diminution de 3,2% de la valeur ajoutée agricole après une hausse de 4% et d’une accélération du rythme des activités non agricoles de 3,3% à 3,8%. Ces dernières devraient, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib, connaître une progression de leur valeur ajoutée de 3,6% en 2019 contre 2,6% en 2018.
Tenant compte également de la révision à la baisse, par le Département de l’Agriculture, de l’estimation de la récolte céréalière de la campagne 2018/2019 à 52 millions de quintaux, la valeur ajoutée agricole reculerait de 4,7%, ramenant ainsi la croissance de l’économie nationale à 2,7% en 2019 après 3% un an auparavant. Pour 2020, la Banque table sur une amélioration de la croissance à 3,8%, avec une stabilité du rythme des activités non agricoles à 3,6% et un accroissement de la valeur ajoutée agricole de 6,3%, sous l’hypothèse d’une production céréalière de 80 millions de quintaux. Sur le marché du travail, les créations nettes d’emplois entre les deuxièmes trimestres de 2018 et de 2019 se sont limitées, selon les données du HCP, à 7 mille postes, résultat d’une perte de 176 mille dans l’agriculture et d’une hausse de 183 mille dans les activités non agricoles, principalement les services. Tenant compte d’une diminution de 0,6% de la population active, le taux d’activité est revenu de 47% à 46% et le taux de chômage a reculé de 0,6 point à 8,5%, indique le communiqué.
Au plan des comptes extérieurs, les exportations de biens ont progressé de 3,3% à fin juillet, tirées notamment par des hausses des ventes de 6,5% pour les produits agricoles et agroalimentaires, de 2% pour le secteur automobile et de 3% pour les phosphates et dérivés. En regard, les importations se sont alourdies de 3,7%, reflétant un accroissement de 8,8% des acquisitions de biens d’équipement, la facture énergétique s’étant, en revanche, allégée de 2,1%. Quant aux recettes de voyage, elles se sont renforcées de 5,8% alors que les transferts des MRE ont connu un recul de 1%.
Pour l’ensemble de l’année, les exportations s’accroîtraient de 3,9%, avant de connaître une amélioration notable en 2020, sous l’hypothèse de la concrétisation du programme de production annoncé de l’usine PSA.
De leur côté, les importations ralentiraient sur l’horizon de prévision, avec une baisse attendue de la facture énergétique et une décélération du rythme des acquisitions de biens d’équipement.
En parallèle, les recettes de voyage connaîtraient une nette accélération de leur progression en 2019 pour s’établir à 76,3 milliards de dirhams, puis une relative modération en 2020 (à 78,8 milliards), tandis que les transferts des MRE enregistreraient une légère augmentation cette année à 65,9 milliards de dirhams et gagneraient en vigueur l’année prochaine (à 68,3 milliards), ajoute le communiqué. Dans ces conditions et tenant compte de rentrées de dons des pays du CCG attendues pour des montants de 2 milliards en 2019 et de 1,8 milliard en 2020, le déficit du compte courant s’atténuerait graduellement, passant de 5,5% du PIB en 2018 à 5,1% en 2019 puis à 3,6% en 2020.
Pour les flux d’IDE, après une hausse exceptionnelle en 2018, les recettes avoisineraient un niveau équivalent à 3,5% du PIB sur l’horizon de prévision. Prenant en considération deux émissions prévues du Trésor sur le marché international, l’encours des réserves internationales nettes s’établirait à 239 milliards de dirhams à fin 2019 et à 234,3 milliards au terme de 2020, continuant ainsi d’assurer la couverture d’un peu plus de 5 mois d’importations de biens et services.
Concernant les conditions monétaires, le taux de change effectif réel a enregistré une augmentation trimestrielle de 0,3% au cours du deuxième trimestre, reflétant une hausse en termes nominaux, et ressortirait en légère appréciation sur l’horizon de prévision. Pour ce qui est des taux débiteurs, les données de l’enquête de la Banque, dans sa nouvelle version améliorée et élargie, indiquent une poursuite de la tendance baissière, avec un nouveau recul de 4 points de base globalement à 4,98% au deuxième trimestre, au bénéfice notamment des particuliers et des TPME, note la même source.
Reflétant essentiellement l’expansion de la circulation fiduciaire, le besoin de liquidité bancaire s’est creusé à 95,5 milliards de dirhams en moyenne hebdomadaire en août et devrait s’établir à 77,6 milliards au terme de 2019 avant d’atteindre 96 milliards à fin 2020. Dans ce contexte, le crédit bancaire au secteur non financier s’est accru à fin juillet de 3,7% globalement et de 3,1% pour les entreprises privées. Il devrait terminer l’année en hausse de 3,7% puis se renforcer de 4,7% au terme de 2020.
S’agissant des finances publiques, le déficit budgétaire hors privatisations s’est accentué sur les huit premiers mois de l’année de 5,8 milliards de dirhams à 34,9 milliards. Les dépenses globales ont augmenté de 5,4%, résultat notamment d’un alourdissement de celles au titre des «autres biens et services». En parallèle, les recettes se sont renforcées de 3,4%, avec des hausses de 2,2% pour les rentrées fiscales et de 21,3% pour celles non fiscales.
Dans ces conditions et tenant compte de l’impact de l’accord conclu dans le cadre du dialogue social, le déficit budgétaire hors privatisations devrait se situer, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib, aux alentours de 4% du PIB cette année, avant de s’alléger autour de 3,8% en 2020, sous l’hypothèse de la poursuite des efforts de mobilisation des recettes et de maitrise des dépenses.
S.L. (avec MAP)