Agadir: des hôtels bien classés menacés de fermeture
Le secteur du tourisme a toujours été considéré comme une composante essentielle du tissu économique d’Agadir et de la région de Souss-Massa en général, eu égard à son rôle pionnier dans la dynamisation de l’économie locale et régionale, et son impact positif sur l’emploi, l’activité commerciale, l’épargne en devises étrangères, et bien d’autres apports.
Sauf que ce secteur a souffert durant ces quelques dernières années d’une certaine morosité, source de préoccupation pour les professionnels, les instances élues et les autorités locales, voire même pour les responsables du secteur au niveau national, du fait que la destination touristique d’Agadir occupe la seconde place à l’échelon national après Marrakech et s’érige en destination balnéaire première dans le Royaume.
De l’avis de certains acteurs locaux, les performances enregistrées ces deux dernières années (2017 et 2018) au niveau des arrivées de touristes (+13,41 % en 2018 par rapport à 2017) et des nuitées (5.237.488 en 2018 contre 4.672.201 en 2017) grâce aux efforts déployés par le Conseil régional du tourisme (CRT) de Souss-Massa en matière de promotion auprès des principaux marchés émetteurs, ne peuvent occulter les problèmes dont pâtit le secteur à Agadir, l’empêchant de jouer pleinement son rôle dans le développement économique de la région toute entière.
Ces problèmes ont fait l’objet d’un large débat et d’un examen approfondi lors de la rencontre organisée récemment à Agadir avec le ministre du Tourisme, du transport aérien, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire, Mohamed Sajid, en présence de directeurs d’établissements concernés par l’activité touristique, du wali de la région Souss-Massa, des gouverneurs des provinces de la région, des présidents des instances élues, des parlementaires de la région et des professionnels du secteur.
La rencontre était l’occasion pour engager des discussions et des échanges francs et objectifs sur la nature des entraves et problèmes qui affectent l’activité touristique à Agadir et dans la région Souss-Massa, en premier lieu la vétusté de nombreuses unités hôtelières classées, en sus des problèmes juridiques d’autres établissements touristiques qui font l’objet de liquidation judiciaire.
Des données dévoilées lors de cette réunion de concertation font ressortir que 32 unités hôtelières dotées d’une capacité d’accueil de 10.000 lits vivent cette situation, dont 14 nécessitent des travaux de rénovation, alors que certains établissements ont des problèmes de paiement d’impôts ou des cotisations de sécurité sociale.
Mais au-delà de la conjoncture économique difficile et de la vétusté, le transport aérien a constitué, pendant des années, l’un des grands obstacles entravant l’affluence des touristes en raison, selon des professionnels, de l’absence de lignes aériennes directes entre Agadir et des marchés émetteurs qui convoitent cette destination, en plus des prix des billets d’avion imposés par certaines compagnies et qui sont jugés trop élevés aussi bien pour les marchés traditionnels que pour les marchés prometteurs et émergents.
L’activité touristique souffre également de problèmes liés à la promotion et au marketing. A ce niveau, les professionnels du secteur ont évoqué un manque de coordination et de concertation entre l’Office national marocain du Tourisme (ONMT) et le Conseil régional du tourisme (CRT) d’Agadir-Souss Massa concernant les efforts et les initiatives menées par l’Office pour la promotion du produit touristique marocain, sachant que les deux parties sont liées par une convention à ce sujet.
Les professionnels du tourisme à Agadir ont soulevé l’insuffisance du budget consacré par l’ONMT à la promotion touristique des produits d’Agadir et de la région Souss-Massa, nécessaire pour préserver la place de cette destination dans les marchés traditionnels, outre le soutien qui doit être apporté au CRT pour relever le défi de la compétitivité et conquérir de nouveaux marchés à travers une présence forte et permanente dont les principaux salons et foires internationaux du tourisme, dont ceux de Moscou, Berlin, Paris, Londres et Madrid.
Les conclusions découlant de cette réunion de communication ont convenu que les problèmes du secteur du tourisme à Agadir et dans la région Souss-Massa sont complexes et requièrent des actions urgentes, surtout que l’état des lieux dressé a dégagé une vision cohérente des différents intervenants tant au niveau local et régional, qu’à l’échelon national.
Dans cette veine, Sajid a appelé les professionnels du secteur à Agadir et dans la région de Souss-Massa à s’atteler à l’élaboration de propositions objectives et réalisables en coordination avec le ministère de tutelle, afin de surmonter la difficile conjoncture que traverse le secteur à tous les niveaux dans cette destination.
Soulignant à cet égard la nécessité de trouver des solutions innovantes, le ministère a affirmé la disposition de son département à accompagner les professionnels et à les aider à résoudre les différents problèmes que vit le secteur à Agadir en particulier, et dans la région de Souss-Massa en général.
Il a aussi mis l’accent sur l’impératif d’accélérer la mise en place de groupes de travail regroupant des représentants des professionnels, des instances élues et du ministère pour dégager une vision novatrice et des solutions concrètes à nombre de problèmes en suspens.
Dans l’attente de traduire dans les faits l’appel du ministère de tutelle et dans un esprit d’anticipation, le Conseil de la région de Souss-Massa a préparé, dans ce sens, une série de mesures pratiques et intéressantes qui seront examinées et approuvés lors de la session ordinaire du Conseil pour le mois de juillet, qui se réunira le 1er juillet prochain à Agadir.
Parmi ces mesures, il convient de signaler l’augmentation du capital de la Société de développement touristique de la région Souss-Massa, et une convention relative à la rénovation et la mise à niveau de certaines unités hôtelières.
Un grand espoir est fondé sur les mesures engagées par le Conseil et sur les solutions qui seront formulées dans le cadre d’une approche participative avec le ministère de tutelle pour couper court avec des modes de gestion obsolètes mais encore pratiqués dans l’activité touristique à Agadir.
Ces initiatives sont aussi de nature à inciter les acteurs du secteur à faire preuve de plus de professionnalisme et à encourager l’investissement dans le tourisme au lieu de compter uniquement sur l’aide, les subventions et les exonérations fiscales.
Hassan Hermas