Qui est Leïla Slimani, prix Goncourt 2016 ?
Lauréate du prix Goncourt en seulement deux romans, la Marocaine Leïla Slimani, 35 ans, s’est imposée comme une nouvelle voix de la littérature française. Cette ancienne journaliste a été couronnée jeudi par le Goncourt, le plus important prix littéraire francophone, pour son roman « Chanson douce » publié chez Gallimard. Elle est la cinquième femme à recevoir ce prix en vingt ans.
Leïla Slimani est née en 1981 à Rabat dans une famille où l’on privilégie le français, d’une mère médecin et d’un père banquier décédé il y a dix ans. Elle est venue en France faire ses études à l’âge de 17 ans. Une classe préparatoire littéraire, puis Sciences-Po Paris.
La jeune femme se tourne ensuite vers le journalisme et collabore avec la magazine Jeune Afrique, tout en s’interrogeant sur la poursuite de sa carrière.
Elle finit par démissionner et s’inscrit aux ateliers de la NRF, des cours de création littéraire organisés dans le saint des saints, le siège de la maison Gallimard, avec Jean-Marie Laclavetine comme tuteur.
Elle a déjà écrit alors une première mouture de « Dans le jardin de l’ogre », roman sur la nymphomanie, dont elle a eu l’idée peu après la naissance de son fils en suivant l’affaire DSK à la télévision.
Leila confirme l’essai à la rentrée 2016 en s’appuyant sur un fait divers survenu à New York en octobre 2012, où une nounou a tué les enfants dont elle avait la garde. Le roman, dédié à son fils Emile, commence par ces phrases implacables: « Le bébé est mort. Il a suffi de quelques secondes. Le médecin a assuré qu’il n’a pas souffert. »
Avec son style direct et précis, Leïla Slimani, actuellement enceinte de son deuxième enfant, raconte cette histoire atroce avec froideur. Elle livre également une analyse sur les rapports de classes entre une famille bobo parisienne parée des meilleures intentions et la nourrice, Louise, dévouée, discrète et volontaire mais au fond, si sombre.
« Le sujet est né du fait que moi-même j’ai eu des nounous dans mon enfance, j’ai été très sensible à leur place dans la maison, où elles sont à la fois comme des mères et des étrangères », a-t-elle déclaré. La victoire de Leila Slimani a été appréciée par tous les intellectuels au Maroc. Elle a dédié son prix à ses parents, et en particulier à son père « décédé il y a plus de 10 ans ».
(avec AFP)