Le Festival Sbagha Bagha s’est clôturé en beauté (PHOTOS)
Le 22 octobre, les derniers coups de pinceaux ont été passés, les derniers pschitts de sprays vaporisés et la peinture a commencé à sécher, annonçant la fin de la quatrième édition de sbagha bagha, Casablanca street art festival.
Une édition fidèle à sa vision artistique et qui a tenu ses promesses à plusieurs niveaux, impliquant divers endroits de la ville et différentes franges de la population, grâce aux efforts combinés d’une équipe de passionnés et des Casablancais toujours fiers d’accueillir ce genre d’évènements dans leur ville.
L’équipe de sbagha bagha est « heureuse de partager le bilan de cette édition » qui s’est détachée, pour la première fois, du festival l’Boulevard auquel elle était accolée depuis 2013.
Trois murs XXL, témoins d’une édition colorée
Comme prévu, les artistes invités ont pu finir dans le temps imparti des fresques murales géantes qui viennent rajouter une touche de couleur supplémentaire à la ville blanche. Chacun, dans son univers artistique, a pu offrir aux habitants du quartier où il a opéré et aux Casablancais en général, des œuvres mémorables.
Nano 4814, l’artiste espagnol, a laissé à Sidi Moumen, une œuvre multidimensionnelle qui offre plusieurs interprétations et plusieurs lectures? comme tout son univers artistique. Le regard des passants retiendra avant tout des fils barbelés déchiquetés avant de se perdre dans l’univers onirique de l’artiste.
Cix Mugre, l’artiste mexicain, a érigé sur un mur géant un totem aux détails infinis et à l’imagerie latine puissante qui a cependant l’extrême courtoisie de se fondre dans le décor, comme si elle était destinée au quartier de Roches noires depuis la nuit des temps.
Fouad Abid, l’artiste Franco-marocain, lui, a laissé son empreinte futuriste et un peu glitch en mettant à l’honneur un visage de femme orné de bijoux berbères démultiplié à l’envi, suscitant de par sa finesse et ses couleurs flashy l’admiration des passants.
Une résidence artistique qui a fait son nid
En une semaine, les membres du collectif Skefkef, composé de Dounia Derdoufi, Mouad Manar, Othmane Elidrissi, Ayoub Abid et Mehdi Annassi, ont relevé haut la main le défi qui leur a été lancé de passer de la bande dessinée, leur domaine de prédilection, (www.skefkef.ma) à un mur géant. C’est en effet, en incorporant l’univers d’incubateur technologique qui les a hébergés, le Technopark, qu’ils ont réalisé une fresque extraordinaire. Un coucou symbolisant le temps et le futur, des œufs et des nids symbolisant l’éclosion d’idées sont autant de détails qui ont séduit tous les employés du Technopark qui les ont vu travailler pendant plus d’une semaine. La hauteur du mur investi rend l’œuvre époustouflante et mérite que tous les Casablancais se déplacent pour la voir.
Une rencontre improbable, anthropologique et… humaine
L’un des événements phare de cette édition de sbagha bagha était la « Rencontre improbable », une vision décalée et originale du street art. Le projet « graffiti recettes », qui en constituait la première expérience, s’est déroulé au quartier de l’ancienne médina de Casablanca et a permis à l’artiste Marina Monsonís de faire ses recherches anthropologiques sur les poissons de la région de Casablanca, les recettes, les ustensiles et les méthodes de pêche locale en impliquant pêcheurs, femmes et enfants du quartier. Ces derniers ont le plus profité de cette expérience à travers des ateliers didactiques et extrêmement enrichissants pour tous les participants. Sbagha bagha est fier de préciser que cette étape de recettes graffiti à Casablanca fera partie d’un ensemble de projets qui sera consigné dans un livre à paraître en 2018.
Un collectif belge invité sur plusieurs fronts
Le collectif belge CNN199 était sur plusieurs fronts pendant cette édition. Nous retiendrons de leur passage une carte blanche réalisée au Centre culturel les Etoiles de Sidi Moumen qui a combiné les talents de chacun d’eux, la maîtrise du bestiaire par l’artiste Miss Veneno, l’art de la calligraphie porté aux nues par Dema ou encore le trait fin et caractérisé de HMI. Cette carte blanche a permis, en plus de la création d’un beau mur, de faire un bel échange avec les jeunes du Centre les 14 et 15 octobre. Ce même collectif, dans une autre composition, a dispensé les 16, 17 et 18 octobre une master class au profit des étudiants de l’Ecole supérieure des beaux arts de Casablanca. Une master class, dispensée en plusieurs étapes qui a démarré par de la théorie avant de déboucher sur la création d’un mur très rock’n’roll.
Une clôture festive grâce à la compétition de graffiti
Cette quatrième édition s’est achevée dans une ambiance festive et bon enfant mémorable grâce à la tenue de la première compétition graffiti de sbagha bagha. Les quinze artistes sélectionnés et venus des quatre coins du Royaume se sont affrontés pendant deux jours sous le regard professionnel de HMI, DEMA et NEOK et ont passé les différentes étapes éliminatoires jusqu’à terminer en duel entre DAIS et GERO. Un duel dont DAIS, alias Said Sabbah ressortira vainqueur. Ces deux finalistes sont repartis avec des Prix en nature d’une valeur de 22 000 dirhams et 7000 dirhams respectivement.
Cette compétition qui s’est déroulée dans le quartier Riviera de Casablanca, haut lieu de la culture hip hop, a été animée par le collectif Block10 qui a programmé Dj’s et rappeurs très appréciés par le public.
Le Festival s’est donc achevé en beauté en laissant des traces de son passage, traces physiques sur les murs mais également émotionnelles grâce au contact humain qu’il a généré.