Leila Aïchi: Fallait pas l’inviter Monsieur Macron !
par Nour Eddine
S’il fallait écrire sur le cas de la Sénatrice Leïla Aichi, je ne retiendrais que le spectacle d’un « combat » qui rapporte. Il y a parfois des ambitions qui s’apparentent à un costume, au point de ne plus vouloir se regarder nu.
Il y a, d’un côté, un président élu. Jeune, moderne et volontaire et on ne peut que se féliciter qu’une France, à moitié enterrée sous les scandales, les affaires et les magouilles de ses politiciens, sorte et se relève de sa léthargie qui dure depuis l’après mai 68. Osera-t-elle se décarcasser et se concentrer sur l’essentiel sociétal (chômage, croissance, dette et déficit…) ou sera-t-elle livrée aux calculs néocolonialistes ou géostratégiques pour un regain de notoriété ?
De l’autre côté, le phénomène « Macron » est en train de diluer tous les courants au point de penser que la future bipolarité sera entre « ceux qui marchent » et ceux qui sèment la haine et la division.
Mais en désignant la sénatrice Franco-algérienne, Leïla Aïchi, pour les législatives, dans la 9e circonscription des Français à l’étranger, le nouveau président n’est-il pas en train d’importer une fausse cause sur son territoire national? C’est d’autant plus grave que le dossier est entre les mains de l’ONU et que la France, membre permanent du Conseil de Sécurité a toujours été, avec et pour, les efforts du Maroc à aller vers un Grand Maghreb, seule solution bénéfique aux pays qui le composent.
Dans une question orale posée au Sénat (N°0282S publiée dans le Journal Officiel du Sénat, le 13/12/2012 – page 2869), la sénatrice Leila Aïchi (Paris – ECOLO) s’est étendue sur la litanie algérienne, à savoir que « le Sahara occidental a été occupé par les Espagnols et que, sous pression de l’ONU, Madrid a promis en 1974 d’organiser un référendum pour décider du statut de ce territoire ».
Pourtant, dans la réponse du Ministère chargé des Français de l’étranger (publiée dans le JO Sénat du 30/01/2013 – page 565), il lui a été, clairement signifié que les enjeux sont d’abord politiques : le différend handicape la construction d’un Maghreb uni, stable et prospère, au détriment des peuples de la région et de l’Union européenne. Les enjeux sont aussi sécuritaires : le différend accroît le risque sécuritaire, dans le contexte d’instabilité que connaît la région du Sahel. Les enjeux sont enfin humanitaires : Les familles sont séparées. Les réfugiés des camps de Tindouf dépendent entièrement de l’assistance humanitaire de la communauté internationale.
Quand la sénatrice cite les droits de l’Homme, ne vaudrait-il pas mieux rappeler que ce sujet doit être remis dans son contexte. Depuis l’accession au pouvoir du roi Mohammed VI, le Maroc a effectué d’importants progrès en la matière: adoption d’une nouvelle constitution en juillet 2011 ; renforcement de l’indépendance du Conseil national des droits de l’Homme; invitation de plusieurs rapporteurs spéciaux du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies. Ces mesures s’appliquent également au Sahara et permettent un suivi de la situation des droits de l’Homme.
Alors, que Mme Leila Aïchi s’entête dans ce qu’elle considère comme un combat, c’est son droit mais qu’elle entre dans la sphère dirigeante de la république française avec, sous le bras, un dossier qui ne touche, ni de près, ni de loin la vie quotidienne française, c’est, soit la partie visible d’un calcul géostratégique entre le nouveau président et le régime algérien, soit que le nouveau président considère que son élue fait feu de tout bois et dans ce cas, il se devra de réfréner les ardeurs d’une nouvelle sorte de pantins téléguidés par le pouvoir algérien.
Quand elle interpelle le chef de la diplomatie française, à quelques jours d’une visite du président François Hollande au Maroc, le 2 février 2013, on comprend son acharnement et son obstination, à chaque occasion, dictés, plus par le régime algérien que par sa préoccupation du sort d’individus dont elle n’a aucun lien, ni relation congénitale.
A travers la sénatrice, il faudra, soit désigner ceux qui la manipulent à coup de pétrodollars et autres privilèges, soit, alors, rester vigilant quant à son « utilisation » par le nouveau locataire de l’Elysée.