Ce tarbouch et ce selham qui dérangent tellement
Par Nour Eddine
Le tarbouch de Bensaïd Aït Idder, l’un des fondateurs de l’Organisation de l’action démocratique et populaire (OADP) et le selham de Abderrahim Bouabid, fondateur de l’USFP, pour sa rentrée parlementaire, Omar Balafrej les arbore avec une telle naïveté qu’on se demande s’il ne joue pas dans la démagogie et le populisme.
A l’écouter, il est bien dans la naïveté de croire que la politique peut être propre. Foncièrement convaincu, il finit par convaincre que oui, on peut faire de la politique en restant propre mais, si et seulement si, on l’aborde avec des valeurs auxquelles on croit et on tient.
Ses origines « bourgeoises », il les porte comme une chance et non comme un moyen pour briller et on oublie souvent qu’il est aussi le neveu de Bouabid et El Yazghi.
On voudra le classer dans la partie nantie, privilégiée, de la société mais est-ce sa faute s’il porte le nom d’une grande figure de l’histoire du pays. « Balafrej ou Allal, Benyoussef wa l’Istiqlal » criaient les foules des années 50. Intarissable sur le potentiel des jeunes qui veulent travailler pour le bien du pays même si certains frileux de l’ère passée sèment le doute quant à sa sincérité. Il est jeune et sa jeunesse dérange les synergies traditionnelles, bien installées. Pourtant et c’est à tout à son honneur, à chaque fois, il se réfère aux grands hommes qui ont tenté de mener le pays vers la véritable démocratie, parfois au prix de leur vie.
Certains des nostalgiques de l’ère des fausses gauches lui refuseront cet entrain, mais il n’en a cure car sa conviction est patriote, moderne et contagieuse. Il veut y croire au point de déranger les plus désabusés. Belle question est celle qu’il pose : « Pourquoi font-ils de la politique ? Est-ce pour être ministre ? » et de là part le vrai et véritable travail auquel il songe à s’atteler. Faisant de la FGD un outil de rassemblement pour la gauche effritée, parfois corrompue.
Ni PJD ni PAM est le leitmotiv de ce militant de gauche qui met l’humain avant l’ego devenu trop ambitieux.
« Le courage d’échouer pour se durcir le cuir » dira-t-il pour balayer le scepticisme brandi par ceux qui, à cours d’idées, refusent de penser qu’un renouveau est possible. Faut-il lui en vouloir parce qu’il croit au potentiel des jeunes, parce qu’il pense que l’école doit rester publique et citoyenne, parce qu’il cherche à convaincre qu’il est venu le temps pour penser la démocratie véritable ? David contre Goliath, tel semble le combat du jeune député de la Gauche, car il a, en face de lui, des siècles d’habitude de féodalité, des montagnes de mentalités opportunistes et corrompues et des armées d’esprits qui pensent que le pays leur appartient. « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront. » (René Char) : telle est sa devise et elle lui va si bien qu’on a envie de le croire !