Élections: Tout commence maintenant…
Par Ahmed Ghayat
Les réseaux sociaux ont cette particularité d’être devenus indispensables tout en étant un miroir déformant. On y lit de tout : de l’info à l’intox, de la rumeur à la calomnie, de l’analyse intelligente aux propos de comptoir, de l’appel à la mobilisation à l’invitation l’inertie… Ce matin ils ne manquent pas à cette réputation. Entre ceux qui crient victoire –un peu vite sans doute- et ceux qui se désespèrent il y a une marge que nous devrions tous respecter. Les urnes ont rendu leur verdict et tout citoyen se doit de la respecter…pourtant en vérité tout commence ! Personne n’a gagné dès lors que l’abstention est à ce niveau, personne ! Or qui s’est abstenu ?
Deux catégories tout particulièrement : ce que l’on appelle « le petit peuple » – avec bien souvent un zeste de mépris dans certaines bouches – et les jeunes, ils se sont abstenus massivement car oubliés, car négligés, car délaissés, pourquoi et pour qui iraient ils voter ?
Ceux qui les oublient l’année durant et se souviennent de leur existence 1 mois avant les élections ? Et que l’on ne nous dise pas que ceux que l’on désigne sous le vocable de « petit peuple » a voté pour le PJD, ce sont les instruits des classes moyennes et bourgeoises qui ont voté pour lui, la population urbaine. Les campagnes ayant voté PAM dans leur majorité – là aussi on lit beaucoup de mépris pour nos compatriotes ruraux -faisant d’eux une sorte d’ovnis- c’est le Maroc profond qui justement mérite toute notre attention, et dont les voix sont tout aussi respectables que celles des villes. Le peuple dans son ensemble n’a pas voté ce qui rend bien aléatoire tout sentiment de victoire et tout cri de triomphe, ô bien sûr on se lamente et on vitupère ce « manque de civisme », or est on certain qu’il s’agisse bien d’un manque de civisme ?
Posons nous au moins la question, elle est salutaire. Évitons donc les attitudes triomphalistes d’un coté, les lamentations sincères mais démotivantes d’un autre ou encore le jemenfoutisme suicidaire et retroussons nous les manches…
Tout commence, et les jours qui viennent seront à la fois riches en rebondissements, anxiogènes et passionnants : quelle(s) majorité(s), quelles tractations, quelle(s) coalition(s) tout est ouvert, formons des voeux pour que tous les élu(e) soient à la hauteur de ce que notre Pays, de ce que le peuple sont en droit d’attendre.
Tout n’est pas désolant dans ce qui nous arrive et nous pouvons y trouver les motifs et les moyens de rebondir, sans doute les conservateurs ont ils des raisons de se réjouir, mais pas de triompher, bien sûr les progressistes ont quant à eux des motifs de s’inquiéter, mais pas de se désespérer. S’il est en tout cas un premier enseignement à tirer, à chaud, de cette campagne et de ces élections c’est que tout reste à faire, et en premier lieu retrouver « le terrain », le web a son intérêt –indiscutable – même s’il a montré qu’une présence active ne donnait pas forcément les résultats espérés dans la vraie vie, et enfin – et surtout- qu’il faut « s’occuper » de notre peuple, non pas uniquement pour en obtenir les suffrages (même si, au fond,cela est normal pour un politique).
Pour que ce peuple aille un jour voter il faut améliorer ses conditions de vie, être proche de lui, pour que les jeunes croient en leur voix -en leur vote- il faut leur prouver que cela sert à quelque chose. S’occuper de notre peuple ! De l’éducation à la santé, de la justice sociale à la culture en passant par l’accès aux services publics…tout gouvernement, toute opposition qui le négligeraient seraient alors confrontés à une abstention – en forme de désaveu – encore plus grande, hypothéquant tout sur son passage. Alors haut les cœurs ! Que les conservateurs considèrent qu’ils n’ont pas un chèque en blanc, même si encore une fois ils récoltent les fruits de leur travail, quant aux progressistes -qui ce matin vivent un moment de découragement- qu’ils puisent dans ces résultats une motivation et surtout qu’ils (re) trouvent les chemins qui mènent au peuple… Un seul intérêt doit guider tout un chacun…tout commence…