Chroniques
Patrice de Mazières: hommage à un grand architecte
Un monument de l’architecture marocaine nous a quittés. Un maitre d’œuvre ancré dans la modernité. Une modernité trouvant ses ressources dans la tradition du pays. Il disait que ses réalisations ne pouvaient pas se trouver ailleurs que là où elles ont été implantées.
Selon ses proches, avant de réaliser l’œuvre, il étudiait le terrain, le voisinage, le lieu de vie. Tous les détails comptaient : les murs, la végétation, la conception intérieure et même l’ameublement. Soucieux du mode de vie de ses clients, il veillait à leur intimité. Pour rire, il lui arrivait de se comparer au psychanalyste qui écoute les attentes de ses clients, leurs rêves éveillés et leurs désirs, certains pouvant se réaliser et d’autres non.
Et de ce fait la construction ne s’arrêtait guère aux plans initialement conçus. Elle évoluait sans cesse. Sous son regard, les murs se déplaçaient. Sensible, humble, discret, il était un homme de culture. Il était présent aux grandes manifestations artistiques nationales et internationales. Exigeant, travailleur, humaniste et généreux, Patrice de Mazières a fait don aux Archives du Maroc d’une partie de ses documents privés qui couvrent une activité professionnelle foisonnante d’un demi-siècle au Maroc (1962-2013). Héritier d’une tradition d’architecture par son grand-père Adrien Laforgue (1912 à 1952) qui a conçu les principaux bâtiments administratifs de Rabat, il nous laisse un riche héritage bâti depuis 1960, un patrimoine pour les générations à venir.
Hicham Bennani. Les Inspirations ECO