20 mai : prolongement ou relance ?
par Imad Bencheqroun,étudiant en sciences politiques
Covid-19, Coronavirus et Sars-CoV-2 sont différentes appellations d’une crise sanitaire inédite dans l’histoire de l’humanité. Une pandémie qui s’est propagée aux quatre coins du monde et a débouché, entres autres,sur la crise du secteur économique mondial et sut la fermeture des frontières entre les pays.
Le Maroc n’était pas à l’abri de cette crise.Et le 2 mars 2020,le pays a enregistré le premier cas positif de contamination. Dès lors,le Royaume n’a pas tardé à prendre des mesures préventives.Des décisions multidimensionnelles ont été adoptées,à la fois sanitaires,économiques et sociales,sur les Hautes instructions du roi Mohammed VI.En guise de riposte et,conformément à une approche anticipative, le Maroc a mobilisé toutes ses compétences en vue de lutter contre la propagation du virus.Force est de constater que les dispositifs mis en place ont considérablement freiné la propagation rapide du virus.
Aujourd’hui,la situation au Maroc est maîtrisable et sous contrôle.Et ce,en comparaison avec d’autres pays dont l’annonce officielle du premier cas s’est faite dans la même période. En l’occurrence,et entre autres exemples,la Turquie qui a dépassé la barre des 100.000 contaminations. Quant à l’économie marocaine,elle a été paralysée avec quelque 132.000 entreprises affectées et plus de 800.000 salariés temporairement en arrêt de travail.
Cependant,le maintien d’un confinement ad vitam strict et total,jusqu’à la disparition du virus, est quasi-impossible.A vrai dire,la question n’est pas de connaître la date du déconfinement,mais de savoir comment nous pouvons garantir ledit déconfinement en minimisant le risque de contamination. A présent,le Maroc fait partie d’une liste restreinte de cinq pays,à savoir la Roumanie,la Belgique,la France et l’Espagne où il est catégoriquement interdit de sortir de chez soi sur tout le territoire. Les responsables gouvernementaux ont d’ores et déjà commencé à songer aux pistes de sortie de cette situation d’enfermement. Prochainement,le Chef de gouvernement,Saâeddine El Othmani,devra présenter, devant les deux Chambres du Parlement la stratégie du Royaume liée au déconfinement.Dans le même sillage,le Maroc sera obligé de relancer sa machine productive en vue de donner un souffle à l’économie nationale qui fait face à un statu quo sans précèdent.Le Maroc est donc soumis à la même équation que les autres pays du monde.L’objectif est une relance progressive de l’économie,sans pour autant causer une propagation rapide de la pandémie avec un allégement souple des restrictions. Dans ce cadre,le prolongement du confinement,au minimum jusqu’au 5 juin,est obligatoire. Au-delà de cette date,une levée localisée du confinement demeure l’option la plus réaliste.Ceci,en fonction de la situation épidémiologique des zones territoriales régionales et locales et en prenant en compte l’évolution de certains indices.
Cela dépendra principalement de l’indice de reproduction du virus R-0 qui doit garder une valeur inférieure à 1 (le degré de l’infection d’autres individus par une personne contaminée),de la baisse des cas de contaminations quotidiennes dans un intervalle de 14 jours et de la capacité de prise en charge des cas affectés et des cas critiques par région. A ce stade,la question sera à moitié résolue et ce processus doit être également accompagné par des mesures sanitaires indispensables,notamment une augmentation considérable en ce qui concerne le nombre de tests.Il s’avère nécessaire de préciser qu’à présent, le nombre de laboratoires autorisés à effectuer les tests est de douze.Le département du Pr Khalid Ait Taleb s’apprête prochainement à autoriser trois autres laboratoires. Cette stratégie s’inscrit dans une perspective d’atteindre une capacité de 10.000 tests quotidiennement d’ici la fin du mois de mai.D’autre part,la levée du confinement ne signifie nullement le retour au mode de vie « normale ».C’est dans cette vision que le déconfinement doit être conditionné par l’obligation de porter un masque dans les espaces publics; le strict respect des mesures de distance de sécurité;le renforcement des règles d’hygiène et les mesures préventives dans les lieux de travail, notamment au sein des usines,en vue d’éviter l’apparitions des foyers de contaminations et le prolongement de l’interdiction de la tenue d’évènements qui connaissent des rassemblements de masse jusqu’à nouvel ordre. Concernant les transports publics,une série de mesures organisationnelles, relatives à la gestion du secteur,devront être respectées,à l’instar de la limitation du nombre de passagers au niveau de la capacité maximale des autobus et des tramways.
Il s’agit également de garantir une opération quotidienne de désinfection des moyens de transports en commun. Toutefois,la reprise des activités économiques devra reposer sur des plans de relances sectoriels,selon les spécificités et l’importance cruciale de chaque secteur. A ce stade, la phase de relance économique s’accompagnera forcement avec la reprise des activités des travailleurs,d’où l’importance de multiplier les mesures de précautions dans les lieux de travail et l’identification, d’une façon fiable,des individus qui ne contracteront plus le virus dans leur entourage et qui ne seront pas susceptibles de le transmettre.
La réouverture de nombreux espaces publics et installations du domaine public,notamment les cafés, les restaurants,les salles de sports et les cinémas ne pourra être autorisée qu’au-delà de la fin du mois de juin,dans l’objectif de minimiser les rassemblements.
Au final,tant qu’il n’existe pas de vaccin contre le covid-19, nous n’avons pas d’autres choix pour le moment que d’être patients,de respecter la distance de sécurité et de se soumettre aux mesures barrières imposées par les autorités.