De quel « attahakoum » on parle ?
Par Nourr Edine
L’affaire devient glauque et sombre dans le registre du vulgaire quand on évente l’interrogatoire de l’accusée présumée innocente, quand on étale ce qui fait partie du secret de l’instruction, quand on noie la justice sous un flot de controverses, les unes aussi rocambolesques que les autres. La sérénité des juges se trouve compromise et ce qui devait être un simple fait de mœurs est escamoté au profit du « où est le droit ? ».
Pour les renifleurs islamistes, une simple lecture de la fatiha en présence de témoins suffit pour lier, à jamais, deux destins. Ce que la justice voulait rendre conforme au droit est en train de renaître de ces visions dites « éclairées » des cheikhs qui s’imposent en donneurs de leçon sur ce qui doit être, sur ce qui est toléré, ce qui est tolérable et ce qui ne l’est pas. Le PJD et sa meute de barbus passent à la vitesse supérieure et bas les masques ! Seule la khilafat est légitime, alors on doit revenir à l’an I de l’hégire. Le prophète est mort et on se bat pour lui succéder !
Le PJD annonce la couleur en plaçant un autre fou de Dieu sur sa liste à Marrakech : prédicateur journaliste, dit-on, avec une carte professionnelle et profitant de l’aide de l’Etat pour les journalistes professionnels ! Bonjour la transparence ! On sonne le branle-bas de combat de toutes ses éminences grises et on se prépare à prendre la rue par la peur et la crainte, non de Dieu, mais de ces disciples formés pour défendre l’islam tel qu’ils le veulent.
Retour de manivelle pour le vocable « attahakoum » qu’ils ont ressorti de l’histoire en parlant des gens du PAM et du makhzen (le palais en filigrane et l’institution royale qui demeure le seul bastion entre eux et le pouvoir absolu). On en fait le leitmotiv d’une campagne électorale qui bat de l’aile, frappée de plein fouet par le scandale sexuel de Omar et Fatima !
Mais si on regarde de plus près, c’est bien leur « attahakoum » qui pointe du nez en voulant contrôler les consciences, diriger la pensée et museler les libertés. C’est bien nos islamistes qui veulent dompter les résistants à leur thèse et excommunier tous les citoyens libres qui refusent leur diktat au nom d’Allah : « Pensez comme nous le voulons ou nous vous promettons l’enfer. Faites ce que nous déclamons ou c’est le chaos vers lequel nous vous destinons, en attendant le jugement dernier. »
Pour escamoter la grande faille dans l’armure d’un islamisme conquérant et arrogant, on sort les grandes figures de la prédication pour interpréter, expliquer et innocenter les coupables du crime originel et faire passer la tradition du temps du prophète avant la loi, le droit et la constitution. Avec une simple fatiha, on rend nuls et non avenus tous les chapitres du Code pénal marocain.
Quel plus grand « attahakoum » que celui voulant rendre caduque et inopérante la volonté populaire ayant approuvé le texte de la constitution de 2011 ? Quel « attahakoum » serait plus machiavélique et plus destructeur que celui visant le contrôle de la volonté populaire ? Quel « attahakoum » ferait passer l’état millénaire marocain de peuple à troupeau ? Quel est ce « attahakoum » quand le pouvoir du peuple devient le paillasson des ayatollahs qui décideraient de tout ? On fourbit les armes de la charia. La main sera coupée au voleur, on lapidera la femme adultère (sauf celle qui le ferait dans le cadre du jihad nikah) et on fouettera tous ceux qui ne seront pas à la mosquée à l’heure de la prière. « Allahu akbar ! » crient les chiots derrière eux, les crocs sortis et l’œil hagard. Malheur au moindre bout de chair que touchera la lumière !
Myopie politique ou amnésie de l’histoire, les citoyens de ce pays se laisseront-ils hypnotiser par le discours agressif et menaçant d’une Fatima Nejjar, paniquée par la ménopause ou d’un Omar Ben Hamad, vaincu par le démon de midi ? Je n’en crois rien au vu de l’attitude de la foule, dans un souk, quand un voleur est épinglé. Il est roué de coups tout au long du trajet qui mène vers le commissariat !
Le docteur honoris causa de la fougue sexuelle vient de l’apprendre à ses dépens en voulant aller à la mosquée. Hué et couvert de crachats, il a dû courber l’échine et repartir, la queue entre les jambes, comme un chien bâtard (Pardon à la SPA !), sans avoir prié Dieu de l’excuser de son ou de ses dérapages. Je ne crois pas à la docilité d’un peuple qui, parfois naïf, veut bien croire celui qui l’informe, chapelet et Coran sous la main, du haut du minbar, sur le bien et le mal, mais quand le serment, dans le temple de Dieu, est une série de mensonges, quand le personnage qui le débite se révèle démoniaque et manipulateur, la colère est collective, impitoyable et incontrôlable !
Alors, mesdames et messieurs les désaxés de la conscience humaine, revenez demain avec votre attahakoum. Aujourd’hui, vous vous êtes gourés sur l’instant et sur le peuple qui connaît Dieu bien avant que vous appreniez à devenir propres !