Chroniques

Rabat : un fantasme nommé « bus roses »

Par Larbi Alaoui

Edith Piaf chantait et voyait « La vie en rose ». Et d’après d’imminents chercheurs, les couleurs ont une signification cachée en communication visuelle. Ainsi, la perception par l’œil humain du rose est « synonyme  de tendresse, de douceur et de bonheur », affirment lesdits chercheurs.

Partant, la couleur rose est également assimilée à la couleur de l’enfance, de la compassion et du romantisme. Et surtout, pour ce qui nous interpelle au Maroc, particulièrement à Rabat, cette couleur « pâle ou intense » est associée à  la féminité. C’est justement de la gent féminine dont il s’agit et de cette couleur, synonyme de féminité.

Pourquoi chez nous et, précisément concernant la capitale du Royaume et nulle part ailleurs? Tout simplement parce que, depuis un certain temps, des bruits incessants courent, relayés par la Toile et par certains médias, à propos d’une probable initiative originale du maire de Rabat.

Le maire PJDiste de Rabat, Mohammed Sadiki, aurait donc penser à doter la ville de bus de couleur rose! Et, ô surprise innovante, ils seront interdits au sexe masculin et strictement réservés à nos chères concitoyennes et compatriotes. Oui, oui et oui! Vous avez bien lu, des autobus rose bonbon pour la gent féminine de la Région Rabat-Salé-Témara, ainsi que pour les Marocaines susceptibles de s’y rendre, pour une raison quelconque, administrative, familiale ou touristique

« Ya salam  sallim! ». Il fallait y penser et, pour y penser et repenser à tête reposée, la mairie  de la capitale a sans doute aussi pensé à l’adage du cru « Cent et une réflexions valent mieux qu’un coup de ciseaux » (Myet takhmima ou takhmima walla darba b’ m9ass). Aussi, un certain Cabinet Sforhet aurait-il été sollicité pour le recrutement de 180 conductrices de ces bus qui seraient mis en circulation, au grand bonheur de ces dames.

Cette initiative originale aurait été prise pour quels nobles motifs?  Mais c’est aussi clair que de l’eau de roche, plus pure et limpide que les eaux du séculaire Bouregreg,  souillées par différentes pollutions! Il s’agit, ouvrez bien vos mirettes, de lutter contre le harcèlement, aussi bien sexuel que moral que subissent les femmes. Et, en même temps, leur offrir un moyen de transport public et urbain « agréable et sécurisé ». Les internautes, eux , ne l’entendant pas de cette oreille, se sont insurgés contre cette initiative, la trouvant  rétrograde et incongrue , affirmant qu’elle ne fera qu’isoler davantage nos compatriotes féminines  et ne sera aucunement une panacée efficace quant aux violences faites perpétuellement aux femmes. A toutes les femmes! Jeunes ou vieilles, belles ou moches , en habits modernes ou en hijabs, célibataires, mariées, veuves, enceintes ou accompagnées de leurs enfants, voire même de leurs conjoints.

N’écoutons point ces oiseaux de mauvais augure, ces empêcheurs de tourner (les roues des autobus roses) en rond! Applaudissons plutôt à l’unisson, à tout rompre, « des deux mains » selon le pléonasme usité (car, n’est-ce pas, « une seule main n’applaudit pas », selon le proverbe marocain),  s’il vous plaît!  Et prions le Bon dieu , en ce mois sacré de Ramadan, que d’autres villes étrangères, au Maghreb, au Proche-Orient,  dans les pays du Golfe, comme ailleurs de par le vaste monde, ne s’avisent pas de copier ce modèle innovant, protecteur et sécurisant au profit des femmes et des orphelines! Dites « Amiiiiiine! ».

Mais, attendez un peu! Ne nous sommes-nous pas allés trop loin en besogne? Avons-nous chanté victoire anti-misogynie et anti-harcèlement trop tôt? Eh bien oui! Hélas et trois fois hélas ! Une sacrée douche écossaise, en ce mois sacré, vient de refroidir notre enthousiasme débordant et notre adhésion unanime. Selon l’adjoint du maire de Rabat, qui s’est confié à M’hamed Bhiri sur les ondes de la radio nationale, (chaîne Inter), il n’est pas prévu d’instaurer  ces bus roses dont on n’a de cesse de nous rebattre les portugaises depuis belle lurette. Ainsi, cette initiative n’est pas à l’ordre du jour pour la mairie de Rabat. En tout cas, pas pour le moment.

Mais « comme à chaque chose, malheur est bon », cette dernière précision nous remet du baume au cœur et nous promet, un beau jour, des lendemains enchanteurs et un avenir rose pour l’avènement de ces bus de la même couleur, synonyme de féminité. En tous cas, s’il y a un roman, adapté à l’écran avec Marlon Brando, intitulé  « Un tramway nommé désir », l’on peut se demander, si à Rabat,  il ne s’agit, ni plus ni moins, que d’un « fantasme nommé bus roses! ».

Qui vivra, verra… ou pas, »la vie en rose », dans des bus de la même couleur!

L.A

 


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