Chroniques

Ce qu’El Othmani nous a dit pendant le ftour

Par El Mehdi Allabouch

Chronique de pub – Nous étions invités, mercredi 15 mai, à un « ftour » chez le chef de gouvernement. A l’issue de la présentation de son bilan devant le Parlement, Saâeddine El Othmani a tenu à inviter un comité restreint, mais représentatif de la presse écrite et digitale marocaines.

Une belle petite réunion informelle pour discuter à bâtons rompus avec la presse marocaine des points les plus importants à relever de ce mi-mandat. Mustapha El Khalfi était présent et Lahcen Daoudi nous a rejoints après le « ftour ».

Pour El Othmani, quoi que puisse dire l’opposition ou la presse, son bilan de mi-mandat est positif. Tout dépend si l’on considère que le verre est à moitié plein ou à moitié vide!

Concernant le remaniement ministériel, le chef de gouvernement et secrétaire général du PJD botte en touche « Quand viendra son heure, on le fera (littéralement: »Fach ghadi yji oue9tou ghandirouh »). La majorité n’en a pas encore parlé et aucun parti n’a soulevé le sujet pour l’instant ».  Il précise toutefois que ce gouvernement est le plus stable et le plus harmonieux qu’a connu le Maroc, depuis bien avant le gouvernement  El Youssoufi. 

Mais le sujet chaud de la soirée a été, sans aucun doute, le plafonnement des marges bénéficiaires des prix des carburants . El Ohtmani a avoué que cette mesure, préconisée par le ministre délégué aux Affaires générales et de la gouvernance, Lahcen Daoudi, n’est plus d’actualité. La problématique du prix à la pompe est plus profonde et plus compliquée pour être  traitée à travers cette unique mesure. Il faut intervenir sur tous les maillons de la chaîne. Aujourd’hui, si l’on agit uniquement sur le plafonnement de la marge de profit, le consommateur ne gagnera pas plus de vingt centimes au litre. Les pétroliers ont fait en sorte de réduire au maximum leur marge de profit après l’annonce faite par Daoudi.  Pour le chef de gouvernement, le vrai problème est celui de la disponibilité du carburant.  

L’autorisation de stockage des produits pétroliers est détenue uniquement par quatre opérateurs.  Ce sont ces derniers qui font le marché. Mais cela ne sera plus le cas puisque, aujourd’hui, l’autorisation a été élargie à plus de quinze opérateurs. Ce qui rendra la concurrence plus équitable et les produits pétroliers plus disponibles.

Une autre mesure mise en place consiste à rendre l’ouverture de stations-service plus accessible aux acteurs économiques. Chose qui a été réalisée cette année puisque les nombre d’ouvertures a  doublé par rapport à l’année précédente.  Enfin, reste la problématique de la SAMIR qui, aujourd’hui, représente un vrai handicap pour le secteur. Sur ce point, El Othmani a précisé que l’affaire a été portée en justice par Al Amoudi, le propriétaire. Le gouvernement  marocain ne peut en aucun cas aujourd’hui intervenir. La moindre intervention pourrait pousser le propriétaire à poursuivre le Maroc devant des tribunaux internationaux.  Bref, la problématique des produits pétroliers est purement liée à l’offre et, plus cette dernière sera importante, plus les prix seront flexibles et accessibles.

L’heure d’été n’a pas échappé au débat. Deux études ont déjà été bouclées et la troisième est en cours. La décision définitive sera prise bientôt. Elle sera d’ordre économique, de manière à nous rapprocher des horaires de nos partenaires en Europe et en Afrique.  L’économie d’énergie impactera aussi le choix et, notons-le, plusieurs études ont prouvé que l’heure d’été permet de différencier  entre les heures de pointe des ménages et celles des entreprises et réduit, par conséquent, le pic total de consommation. En lisant entre les lignes, on est bien parti pour l’installation définitive de l’heure d’été.

Enfin, je ne suis pas allé chez El Othmani sans lui parler, avec mes confrères, des problèmes que vit la presse digitale. Je lui ai parlé des GAFA, de l’investissement publicitaire minime qui est fait sur les supports nationaux et de la protection dont jouissent les télés et radios nationales et dont ne jouit pas la presse. Il m’a écouté, lui et Al Khalfi, mais sans plus. Notre confrère de Média 24, Nasreuddine El Afrite  a même demandé une audience pour la Fédération des éditeurs de journaux. Une requête qui n’a pas trouvé d’oreille attentive, hélas!

Mais nous ne nous arrêterons pas là. Nous ne baisserons pas les bras. Et j’invite tous mes confrères à s’exprimer sur ce sujet pour, qu’enfin, la presse marocaine retrouve sa dignité et la place qui lui échoit.


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