Taxer les GAFA: Si El Othmani merci, mais non!
par El Mehdi Allabouch
Allahou Akbar! Dieu est grand ! Chantons, dansons, jubilons, prions (chacun selon ses convictions)! Le gouvernement marocain a enfin décidé de se pencher sur le cas des GAFA. Oui, Saâeddine El Othmani et ses collègues de l’Exécutif ont enfin décidé qu’il était temps de taxer les multinationales du Net, surtout que cela leur rapporterait gros.
« Le Maroc compte appliquer une taxe sur les bénéfices des GAFA (Google, Facebook, Apple et Amazon), lui permettant de recouvrer 400 milliards de centimes d’impôts ». Ce ne sont pas mes propos, mais ceux de Mustapha El Khalfi, lors d’un point de presse à l’issue du Conseil de gouvernement. Si El Khalfi, le porte parole du gouvernement, a préféré évoquer les intérêts de l’Etat concernant cette décision, plutôt que de parler de « sauvetage du secteur digital marocain ».
Le gouvernement semble vouloir s’inspirer de la France, qui elle aussi, a l’intention de taxer les GAFA. Mais nous ne devrions pas prendre exemple sur l’Hexagone. Le Maroc est un pays qui protège encore à 100% la part du gâteau publicitaire des chaînes télés nationales. Qui protège également à 100% la part des investissements publicitaires sur les stations radios marocaines. Et pour le digital, le gouvernement pense à faire comme la France qui impose à hauteur de 3% le CA réalisé par les GAFA dans le pays!
Monsieur El Othmani, si vous voulez faire comme la France, et bien faites-le pour tous les médias. Pas uniquement pour le digital! Parce que cette « mesurette » ne va rien changer pour les médias nationaux. Elle ne va que mettre quelque 400 milliards de centimes dans les caisses de l’Etat. Sauf si ce dernier, dans sa grande bienveillance et pour la sauvegarde de la presse digitale marocaine, décide de les reverser aux entreprises du secteur. Ce qui m’étonnerait beaucoup!
Ce que nous attendons de notre gouvernement, c’est une vraie mesure de protection. Parce que les 3% ou même 10% d’imposition du CA ne vont pas changer grand-chose à la donne actuelle. Les prix que proposent les GAFA, grâce à leur économie d’échelle, sont cent fois moins chers que ce que nous proposons.
Ce que nous demandons, c’est une intervention urgente qui permettrait d’équilibrer les investissements sur le digital. Une intervention qui nous permettrait de passer de 80% GAFA / 20% médias nationaux à un ratio d’au moins 50%/50%. Et cet objectif, nous ne l’atteindrons pas uniquement à travers l’imposition de ces multinationales. Mais en mettant en place une instance incluant tous les intervenants: agences digitales, annonceurs, éditeurs et Etat. Cette instance permettra de mettre en place un dispositif dont l’objectif est de réguler les investissements sur le média digital avec pour objectif : redonner espoir aux éditeurs du digital, pas uniquement au ministère de l’Economie et des Finances. Wa choukrane.