Accusé de plagiat, Saïd Naciri se fait encore démonter
Par Larbi Alaoui
L’on se rappelle la campagne féroce que Said Naciri avait mené contre ce qu’il appelle « la médiocrité » des programmes ramadanesques des chaînes nationales.
En contrepartie, que propose l’humoriste, acteur, scénariste, metteur en scène et producteur (ouf!) comme palliatifs méritant d’être appelés oeuvres artistiques de bonne facture? Rien, absolument rien, soutiennent ses détracteurs de plus en plus nombreux. Ne contribue-t-il pas aussi à nourrir cette « médiocrité » télévisuelle qu’il décrie à cors et à cris, allant même jusqu’à organiser une marche de protestation, à Rabat?
En revanche, pour ses adeptes et ses fans, Said Naciri est toujours une valeur artistique sûre. Et ils en veulent pour preuve le succès probant, selon eux, de son sit-com intitulé « The Boy », après seulement la diffusion des premiers épisodes sur YouTube. Dans cette série, avec Fatima Kheir et Naima Ilias, entre autres interprètes plus ou moins connus, Naciri revient à ses premières et sempiternelles amours, en campant pour la énième fois un « El wad sayed El Shagal », à la sauce marocaine. Qu’à cela ne tienne si cela plaît au public « qui aime ça » selon la formule galvaudée du côté du Nil. Un gars pauvre, mais cultivé, intelligent , débrouillard et bourré de qualités humaines est recruté comme » boy » par une famille bourgeoise, riche, bête et méchante. Ce preux chevalier, rappelant également le personnage de « Madame est servie » et le pendant masculin de l’autre série américaine « Une nounou d’enfer », va chambouler cette famille de nantis. Il parviendra à la guider vers le chemin de la rédemption et finira, sans nul doute , à séduire la fille aînée grâce à son charme irrésistible, à sa gouaille légendaire et à son langage fleuri de Casanova et de Don Juan réunis. Un très bon moment de divertissement, claironnent les fans de Naciri.
Donc, tout est bien qui commence et finit bien dans le meilleurs des « Boys » possibles? Oui, si l’on excepte un détail…de taille. Naciri dit qu’il s’est inspiré du sit-com US, intitulé » Who’s the boss? » (Qui est le patron?) avec Tony Danza, qui interprète le rôle de « l’homme » de ménage recruté par une femme très riche. Mais attendez-un peu, s’il vous plaît! » Who’s the boss » n’est-il pas le titre original traduit en français par « Madame est servie », série citée précédemment et qui a été diffusée il y a des siècles par la chaîne de Ain Sebaa?
Et voilà justement le hic, là où le bât blesse! Des observateurs, des téléspectateurs, des journalistes et de nombreux internautes, ayant visionné le premier épisode de » The Boy » jurent leurs grands dieux que Naciri ne s’est pas contenté de s’inspirer du sit-com américain »Who’s the Boss? ». Pour eux , il ne fait aucun doute qu’il s’agit bel et bien d’un plagiat éhonté, d’une copie conforme. Sauf qu’au lieu et place de la langue de Shakespeare de la V.O ou de celle de Molière pour la version française, « The Boy », au titre british, parle notre belle darija nationale!
De surcroît, il est reproché à Naciri de s’accrocher au rôle du beau trentenaire, à la belle chevelure ébène dont toutes les midinettes tombent éperdument entichées. Au lieu d’offrir leur chance à de jeunes acteurs et leur confier ce beau rôle de jeune premier. Ceci, étant donné qu’il est d’un certain âge , voire d’un âge certain, selon la description pour le moins corrosive d’une consœur qui parle d’un homme qui n’est plus de toute jeunesse.
Un portrait au vitriol, sans doute trop exagéré, que nous ne faisons pas nôtre car ce n’est pas le genre de la maison de s’en prendre au physique de quiconque, mais qui concerne son auteure et l’appréciation qu’il va susciter chez les uns et chez les autres. Pour notre part, nous tenons à rappeler que ce n’est pas la première fois que Said Naciri se voit accusé de plagiat et est pris la main dans le sac. Ainsi, parmi les nombreux cas de plagiats qu’on lui prête, certains se remémorent son premier »on man show » au Théâtre national Mohammed V, dans les années 90 . Un spectacle qu’ils avaient longuement applaudi , ovationné avant de découvrir le pot aux roses et de déchanter quelques jours plus tard après la représentation r’batie.
Ledit spectacle, entre autres sujets d’actualité abordés , faisait un sort au Condom, ce préservatif masculin. Les spectateurs avaient beaucoup ri, avaient applaudi à tout rompre l’humoriste qui venait d’entamer la carrière que l’on sait. Et d’aucuns, dont votre serviteur , enthousiasmés par ce jeune humoriste casablancais , cadre d’une grande banque de la place, après un long séjour aux Etats-Unis, n’avaient pas manqué de « commettre » des articles élogieux sur ce « one man show », hilarant de bout en bout.
Mais patatras! Grandes ont été leur surprise et leur désillusion, hélas, en découvrant, a posteriori, que le spectacle n’avait pas non plus été « inspiré par… ». Nenni, le « one man show » ressemblait comme deux gouttes d’eau à celui de Vincent Rouïl, humoriste et animateur TV français, plus connu sous le pseudonyme de Vincent Lagaf. De A jusqu’à Z, mais en arabe dialectal, de bien entendu!
La découverte fortuite de cette … gaffe monumentale, nommée plagiat, avait terni l’image positive de Naciri aux yeux de plusieurs spectateurs et des journalistes l’ayant encensé, via des articles publiés par la presse papier. Des décennies plus tard , malgré le succès supposé que certains médias lui accordent, « The Boy », la version « nacirienne » de « Who’s the Boss » (Madame est servie), contribuera-t-il à la ternir davantage et à écorner sa réputation ? C’est bien regrettable pour un artiste que nous aimons, un homme sympathique, avenant, au sourire attachant, de l’avis des personnes ayant eu l’occasion, même furtive, de le rencontrer de visu et d’échanger quelques mots avec lui.
Ceci, alors que le souhait de tous est que nos artistes, Said Naciri y compris, bien sûr, ne dorment plus sur leurs lauriers fânés, renaissent de leurs cendres et retrouvent leur aura d’antan!
C’est tout le mal que nous leur souhaitons. A tous, sans exception aucune!
L.A.