Alcool, Four Seasons et interdictions

Le Four Seasons Hotel Casablanca, comme tout grand établissement de sa catégorie cinq étoiles, se doit de servir de l’alcool à sa clientèle internationale. Cependant, six mois après son ouverture, les responsables n’ont toujours pas obtenu la licence de vente d’alcool.

Ils ne reçoivent jusqu’à présent que des autorisations temporaires, le temps d’un évènement ou d’une conférence, rapporte le média espagnol periodistas.

Et dire que c’est le ministre du tourisme lui-même, Lahcen Haddad, qui a inauguré ce grand hôtel de luxe de 186 chambres, situé sur la corniche de Casablanca. Periodistas parle d’un investissement total de 240 millions d’euros.

« Le motif du refus officiel est le décret de 1967 qui défend la vente de l’alcool aux musulmans, mais la vraie raison est beaucoup plus complexe », affirme cette même source.

En effet, « elle demeure dans la proximité de cet hôtel avec le palais de la famille royale saoudienne, plus communément connue sous le nom d’Al Saoud ».

Plusieurs membres de cette famille ont passé leurs vacances au Maroc, comme le disparu Abdallah et son frère Salman, qui ont élu « Casablanca » comme leur destination préférée, précise Periodistas. « Pour les Al Saoud, le Maroc ne représente pas seulement une destination de détente, mais aussi un pays d’investissements… »

Contacté par Le Site info, le service communication du Four Seasons ne nous a pas confirmé cette information. « La procédure pour l’obtention de l’autorisation de débit de boissons est toujours en cours et des licences temporaires sont délivrées occasionnellement à l’Hôtel, par les autorités compétentes, pour des évènements organisés dans les salons et lieux de réception de l’Hôtel », nous explique le Four Seasons.

Pour le média espagnol, l’entrée des capitaux saoudiens a motivé, en 2014, l’interdiction de l’alcool dans les 32 hypermarchés Marjane qui vendaient plus de 50% de l’ensemble de l’alcool du royaume. « Actuellement, l’alcool peut se vendre chez Acima et dans quelques magasins Carrefour », constatent les journalistes espagnols.

Autres éléments d’analyse: « La vague de sensibilisation contre l’alcool a coïncidé principalement avec l’arrivée au pouvoir des islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD), en 2011. Les maires PJD exercent leur pression sur les propriétaires de bars et de restaurants afin qu’ils cessent la vente de l’alcool ou qu’ils ne renouvellent plus leurs demandes d’autorisation ».

A Tanger, où l’alcool est très accessible, de nombreux lieux se sont trouvés dans l’obligation de ne plus vendre d’alcool, depuis l’avènement du PJD, affirme Periodistas.

« A Mohamedia, 17 familles d’un seul quartier ont dénoncé un vendeur d’alcool aux autorités afin qu’elles lui interdisent ce commerce portant atteinte à leur image ».

Cependant, la « forte consommation d’alcool chez les Marocains a conduit les autorités à imposer des contrôles d’alcoolémie sur les routes en 2015, une première au sein du royaume chérifien ». En 2013, plus de 3075 personnes ont trouvé la mort dans des accidents de la route dont plus de 30% ont été causés par la consommation d’alcool et de stupéfiants.

Durant le mois d’octobre dernier, le festival de la bière, plus connu sous le nom d’Oktoberfest, organisé par les Brasseries du Maroc, devait se dérouler dans des lieux fermés, à Casablanca. Il a été interdit par les autorités locales qui l’ont considéré comme allant à l’encontre des bonnes mœurs du pays et de la religion musulmane.

L’analyse de ce média espagnol ne s’arrête pas là. Il explique que le Maroc est un producteur de vin, surtout dans la région de Meknès où 60% des vins du pays sont produits. Les régions de Benslimane et de Berkane sont aussi connues pour leurs vins rouges, blancs et gris, une variété du rosé.

Grâce à l’héritage français, il existe plus de 49.000 hectares de vignobles au Maroc, où sont plantées plusieurs variétés de raisins résistant à la chaleur. On trouve au Maroc des cépages de qualité tels cinsault, carignan ou encore garnacha, merlot, cabernet sauvignon et syrah. Les trois producteurs principaux de vins marocains sont Les Celliers de Meknès, Thalvin et Castel.

Les prix des bouteilles varient selon la qualité du produit et le lieu de vente. Ainsi, un litre de vin qui coûte entre 30 et 45 dirhams dans des magasins peut atteindre 350 dirhams dans des restaurants et des hôtels.

Plus de 35 millions de bouteilles de vins sont produites annuellement au Maroc, donc 2 millions sont exclusivement destinées à l’exportation vers l’Europe et les Etats-Unis. Le royaume chérifien demeure le second plus grand exportateur de vins d’Afrique, après l’Afrique du Sud. Ce secteur emploie plus de 20.000 personnes.

Le royaume produit aussi de la bière, boisson alcoolisée préférée des Marocains. Les marques Casablanca, Flag spéciale et Stork sont les plus connues et coûtent entre 11 et 25 dirhams dans les magasins et entre 25 et 40 dans des restaurants et hôtels, poursuit toujours notre source.

En 2010, les Marocains ont consommé plus de 117,5 millions de litres de boissons alcoolisées et en 2012, plus de 120 millions de litres ont été consommés.

30% des Marocains se disent consommateurs habituels, alors que 35% consomment de l’alcool de manière sporadique. Les derniers classés sont les touristes qui ne représentent que 20% de la consommation. Les Brasseries du Maroc détiennent le monopole de la vente de bières au Maroc : la firme a enregistré, en 2015, plus de 2.200.000.000 de dirhams, avec une croissance de 0,9% en 2014.

Les Marocains préfèrent de loin la bière (50%) que le vin (37%) et que d’autres boissons alcoolisées (13%). L’énorme hausse de la taxe sur l’alcool, imposée depuis la montée au pouvoir des islamistes en 2011, a entraîné une baisse de la consommation. C’est pour cela qu’entre 2011 et 2012, une baisse de 5% des ventes de boissons alcoolisées a été enregistrée.