MarocOPINION DU WEB

Pourquoi Tanger est une ville magnifique (reportage-photos)

par Larbi Alaoui

« Partir, partir, elle en rêvait », chante Malek, en duo avec Saïd Mouskir. La chanson a comme titre en darija « Mchate » (Elle est partie) Une autre belle chanson de Malek est dédiée à la ville du Détroit et s’intitule « A Tanger ». Le parallèle entre les deux chansons, en cette saison estivale, coule de source: « Partir en vacances à Tanger, elle en rêvait ». Et nombreux sont les Marocains qui font ce rêve de villégiature tangéroise.

Sauf que si certains en rêvent seulement, d’autres sont déjà sur place dans la ville du Détroit en cette fin du mois de juillet. Parmi eux, les « Améfiens » (membres de l’Association marocaine des enseignants de français-AMEF-), dont la 14ème Université d’été, sous le thème « Quels supports  pour l’enseignement/apprentissage du français, a lieu jusqu’au 28 juillet au CCPGE (Centre des Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles) de Tanger. La chanson de Malek est si belle et le fait que l’expression « A Tanger » va être le leitmotiv de ce qui va suivre est une espèce d’hommage que nous rendons au chanteur, de son vrai nom Malek Belarbi, connu pour ses interprétations aussi bien en français qu’en darija, ainsi que par sa collaboration avec des chanteurs du cru, tels Hamid Bouchnak et Saïd Mouskir. Merci, Malek!

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A Tanger, la première chose qui saute aux yeux du visiteur venant d’une ville marocaine de « l’intérieur », dakhil, en bel accent chamali, c’est la discipline des conducteurs et autres motocyclistes. Ce dimanche 30 juillet, de Tanger à Lagouira, le Maroc célébrera la Fête du Trône et le Roi Mohammed VI, qui est au nord du Royaume, sera peut-être à Tanger pour les festivités. Lundi denier, le Roi Salmane d’Arabie saoudite a entamé sa villégiature à Tanger. Et à Tanger, le piéton est (presque) roi, comme l’indique l’expression.

Ce respect du piéton est une particularité du Nord du Royaume. Et la ville de M’diq en est l’instigatrice, il y a de cela quelques années, imitée peu à peu par les autres villes, apprend un chauffeur de petit taxi à Le Siteinfo. Ainsi, Tétouan, Larache, Chefchaoun ont vite fait d’emboîter le pas à M’diq. Et, à Tanger aussi, la priorité est au piéton discipliné, empruntant le passage qui lui est réservé, comme à celui, indiscipliné, distrait, ne trouvant pas de passage ou traversant même quand automobilistes et autres usagers de la route ont le feu vert. Toutefois, ceci n’est pas constaté à 100% et quelques exceptions confirment la règle que les Casablancais, les R’batis, entre autres citoyens, constatent dans leur ville respective où le piéton risque sa peau à chaque carrefour, à chaque rond point, à chaque passage piétonnier.

A Tanger, les bus climatisés, flambant neuf, nous font oublier les véhicules vétustes de la capitale administrative et de la métropole casablancaise, avec leurs vitres cassées, remplacées par un carton sale et laid. A Tanger où l’on admire, ébahi, ces nombreuses limousines blanches, dont certaines à étage double comme les fameux bus rouges british. Ces voitures luxueuses ne font pas partie de la flotte impressionnante au service la délégation accompagnant le Roi Salmane et aux officiels saoudiens, comme le touriste local peut le croire, mais sont la propriété d’agences de location qui les destinent à des mariages et autres noces de familles aisées, aimant le faste, l’apparat et le m’as-tu-vu.

A Tanger, prendre un thé à la menthe au célébrissime café Hafa, fondé en 1921, est un véritable enchantement, en croquant, devant l’immensité atlantique bleu azur, les cacahuètes de ce Tangérois si jovial qui claironne: »Khaouya, 3amra, mhamra….  » (vides, pleines, rôties…). A Tanger, les chauffeurs de petits taxis sont sympas et communicatifs. Et si, à l’intérieur de certains moyens de transport urbains, il est signalé qu »il est interdit de parler au chauffeur, à Tanger, pour ceux qui n’aiment pas tailler un brin de causette, il est préférable de ne pas répondre au chauffeur de taxi. Ce dernier cas n’est pas celui de votre serviteur, l’auteur de ces lignes inspirés par la Muse du Détroit de Gibraltar. Heureusement, sinon on n’aurait pas su que Abderrarak est si heureux d’avoir eu comme clientes les Princesses Lalla Meriem et Lalla Soukaina. On aurait ignoré que Khay Mohammed, qui vient de passer quelques jours à Bergamo, Italie, est un auditeur fidèle des radios ibériques.Et, à chaque fois qu’une émission parle du Maroc, il ne manque pas d’intervenir pour rectifier un propos, démentir une information, mettre en exergue une réalisation, tout cela dans la langue de Cervantes. « Il ne faut pas beaucoup de temps pour être en ligne. Rien à voir avec les radios nationales que je n’arrive pas à avoir jusqu’à épuisement de mon forfait! », critique-t-il.

 

Crédit photos Larbi Alaoui @LeSiteinfo
Crédit photos Larbi Alaoui @LeSiteinfo

A Tanger, certaines personnes rencontrées par hasard sont si serviables, si gentilles. Vous leur demander votre chemin et elles poussent l’amabilité jusqu’à faire des dizaines de mètres en votre compagnie pour que vous ne vous perdiez pas. Un monsieur s’est même excusé de ne pouvoir  conduire un couple venu de Rabat à sa destination car sa voiture est tombée en panne à Meknès et qu’il a rallié sa ville en grand taxi.

Mais à Tanger, tout le monde, « il n’est pas beau, tout le monde, « il n’est pas gentil »! Certains points noirs entachent la blancheur immaculée de la ville du Détroit assombrissent son ciel bleu et polluent ses eaux. Oui, hélas, tout près de la nouvelle gare, en face d’un palace, un égout à ciel ouvert enlaidit le paysage et empeste l’atmosphère, de même que du côté de la plage de Malabata, ainsi que dans d’autres endroits. A Tanger, de belles pelouses vertes accueillent des familles entières qui y pique-niquent entre les magnifiques ascenseurs du parking souterrain; Hélas, certains laissent bouteilles vides et autres détritus sur le gazon. Et l’absence de poubelles, constatée ici et ailleurs, ne peut expliquer, à  elle seule, cet incivisme.

A Tanger,  à l’instar de nos autres villes, la mendicité est présente et a différents visages, dont certains sont assez inédits pour le visiteur. Ce sont ces femmes assises par terre, tête baissée, portant le hijab, entre des enfants (les leurs?) psalmodiant des versets du Saint Livre, un exemplaire du Coran sur les genoux. Plus qu’à Rabat ou à Casablanca, du fait de la proximité géographique avec l’Europe, notre voisin ibérique étant à une quinzaine de kilomètres, le nombre de jeunes Subsahariens est assez remarquable. La ville n’est-elle pour eux qu’une escale forcée, en attendant une probable traversée de Mare Nostrum pour l’Eldorado occidental, ou comptent-ils y vivre? En attendant, ces Subsahariens demandent la charité, en groupes de deux, trois, voire quatre personnes, en vous abordant avec un  » salamou alaykoum » suppliant.

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A Tanger, il est surprenant de voir des meutes de chiens errants squatter le cimetière musulman et s’y comporter en terrain conquis, de la même manière que les dingos australiens marquent leur territoire,  entre les tombes de nos morts. Quelques mètres en contrebas, avant d’arriver à la Kasbah, on passe devant le cimetière juif, porte fermée et murs blancs protecteurs.

Oui, à Tanger aussi, l’adage marocain  » Aucune beauté n’est absente de défauts » s’avère. Lesquels défauts, si les élus de la ville s’y mettent sérieusement, avec conscience et responsabilité, céderont la place à un total émerveillement des sens. Alors; habitants comme visiteurs, d’ici et d’ailleurs, répéteront en boucle la chanson de Malek, « A Tanger ».

L.A.

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