Culture

Le Maroc d’aujourd’hui, dans une expo fascinante de M’hammed Kilito et Zakaria Aït Wakrim

Les photographes M’hammed Kilito et Zakaria Aït Wakrim viennent d’exposer leurs œuvres conjointes dans le cadre du Festival Résonances qui s’est déroulé, à Rabat du 5 au 11 avril. Ils s’attachent à scruter les mutations invisibles redessinant les multiples visages du Maroc d’aujourd’hui.

Par Olivier Rachet

Décidément, en ce printemps 2017, l’effervescence artistique est bel et bien du côté de la capitale. En attendant la rétrospective consacrée par le musée d’art moderne Mohammed VI au plus grand peintre du XXe siècle, Picasso pour ne pas le nommer ; alors que se déroule la manifestation L’Afrique en Capitale dont Le Site info a commencé à rendre compte; un tout nouveau festival vient de s’achever. Manifestation pluriculturelle consacrée cette année à « La diversité culturelle en partage dans l’espace euro-afro-méditerranée », le festival Résonances a donné carte blanche à deux photographes, observateurs privilégiés des transformations urbaines en cours.

Leurs parcours personnels les éloignent en apparence: né en Ukraine, de parents marocains, M’hammed Kilito étudiera au Canada où il obtiendra une maîtrise en sciences politiques, à l’Université d’Ottawa. Zakaria Aït Wakrim ira, de son côté, suivre des études d’ingénieur à l’Université de Malaga, en Espagne. Sans doute leur éloignement respectif a-t-il fini par les rapprocher ? Tous deux portent ainsi un regard neuf sur un pays, qui en une décennie, n’a eu de cesse de se métamorphoser. La globalisation économique est passée par là, la mondialisation des échanges aussi. Les villes anciennes et les villes nouvelles se voient concurrencer par la prolifération de zones périphériques qui poussent comme des champignons dont on se demande s’ils ne seraient pas vénéneux.

Splendeurs et misères d’un monde en devenir

Les motifs se font souvent écho, entre les deux photographes mais les techniques divergent profondément. En privilégiant un objectif au grand-angle, Zakaria Aït Wakrim fait ressortir ce qu’il y a de surnaturel dans le quotidien le plus trivial. Un envol de mouettes, un passant que l’on croise, un rituel ancestral : tout devient prétexte à rêverie, tout peut être aussi source d’angoisse. Les mutations économiques et sociales auxquelles nous assistons, avec une passivité spectrale, se signalent par leur inquiétante étrangeté.

De son côté, dans une série intitulée Errances, M’hammed Kilito fige des scènes de la vie quotidienne dans une attente imperceptible. Un homme se penche sur une assiette de poissons, un autre conduit un convoi de bonbonnes de gaz que l’on sent inoffensives. Une forme de résignation, non dépourvue elle aussi de passivité, habite ces clichés, au premier regard atemporels. Une mélancolie sourde gagne peu à peu le visiteur lorsqu’il se retrouve face à des espaces publics sans public, des lieux de vie sans vie. Que sont donc devenus l’enthousiasme de l’adolescent fréquentant les salles de billard, la méticulosité du couturier ou du tisserand dont la profession est en voie de s’éteindre ? Le monde se transforme sous les yeux des photographes immortalisant ce sentiment de profonde nostalgie qui gagne tous ceux assistant à la disparition programmée du monde d’hier. Bouleversant !

Expo-Photo Chroniques d’un changement annoncé. Dans le cadre du Festival RABAT Résonances, du 6 au 11 avril 2017, Dar Lamrini 1, rue Belgnaoui – Medina – Rabat 

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