Les ténors du PJD s’opposent à Saad Eddine El Othmani
Bien avant la constitution de l’équipe gouvernementale, les frictions se sont exacerbées au sein du Parti de la Justice et du Développement (PJD), surtout suite à l’éviction de Benkirane et la désignation d’El Othmani. Ce dernier a réussi en une semaine, là où son camarade et prédécesseur a échoué pendant six longs mois. Mais il a commis, selon les ténors du parti, l’impair d’inclure l’Union socialiste des forces populaires (USFP), alors que Benkirane avait brandi le veto devant Lachgar et a fait de cette question une affaire personnelle. C’était suffisant pour que des remous commencent à se sentir au niveau d’un certain nombre de sections du parti où les démissions se sont succédé en signe de protestation contre ce qu’ils ont appelé « l’abdication » d’El Othmani.
Au fur et à mesure que les négociations avançaient, les crispations se concrétisaient, notamment autour des noms des candidats aux postes ministériels. Mais Saad Eddine El Othmani a tout de même essayé à prendre le bâton par le milieu et satisfaire les uns et les autres, d’autant plus que les consignes du Souverain au sujet des choix étaient claires.
Dans cet épisode, des personnalités de premier rang du PJD et des ex-ministres n’ont pas été retenus. Cela a mis le feu aux poudres allant jusqu’à pousser Abdessamad El Kihel, le responsable national de l’organisation du PJD, c’est-à-dire le patron de l’appareil, à appeler à une véritable insurrection interne en exhortant les militants à oeuvrer pour préparer les alternatives.
En d’autres termes, lors du prochain congrès, la tête du Chef de gouvernement désigné sera mise à prix. Ce appel a été appuyé par le membre du Secrétariat général du parti, Abdelali Hamieddine, réputé très proche de Benkirane. Les réseaux sociaux pullulent de commentaires de centaines de militants du parti et de sa Jeunesse qui n’hésitent pas à qualifier le prochain gouvernement d’équipe de « l’humiliation ». Et, cerise sur le gâteau, des parlementaires menacent de mener la vie dure au gouvernement, quitte à le faire tomber à la première occasion. Ce climat interne augure d’autres vagues aussi incertaines les unes que les autres.
T.J