Approvisionnement en eau potable et irrigation : un investissement massif pour combattre le stress hydrique
Au regard de l’intensification, au cours de ces dernières années, du stress hydrique, la mise en œuvre du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation (2020-2027) a été accélérée. En complément des mesures d’urgence déjà lancées au titre de 2020, 2021 et 2022 pour un montant de 8,72 MMDH, de nouvelles mesures d’urgence ont été lancées en 2023 et 2024 pour la sécurisation de l’alimentation en eau potable avec un programme de 3,04 MMDH.
154 grands barrages d’une capacité de 20 milliards M3, 15 stations de dessalement d’eau de mer et 148 barrages de petite taille, y compris collinaire, en plus de 17 systèmes de transfert d’eau et d’interconnexion des bassins ainsi que 158 stations de traitement d’eau usées. Le développement permanent des infrastructures hydriques au Maroc a été déjà érigé en priorité nationale, comme en témoigne les différents discours royaux prononcés, à ce sujet, face au défi constant de la pénurie d’eau qui a une incidence sur presque tous les aspects du développement socioéconomique.
De ce fait, au regard de l’intensification, au cours de ces dernières années, du stress hydrique qui ne cesse de se complexifier du fait de la sécheresse, de l’impact du changement climatique et de la croissance naturelle de la demande, la mise en œuvre du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation (PNAEPI 2027 ) pour la période 2020-2027, a été accélérée surtout à l’issue du discours royal de la Fête du trône de juillet 2024.
À ce titre, en complément des mesures d’urgence déjà lancées au titre des années 2020, 2021 et 2022 pour un montant global de 8,72 MMDH dans le cadre de la sécurisation de l’alimentation en eau potable des zones les plus déficitaires, de nouvelles mesures d’urgence ont été lancées en 2023 et 2024 pour la sécurisation de l’alimentation en eau potable.
En effet, le Comité du pilotage du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation 2020-2027 (PNAEPI 2027), tenu le 15 septembre 2023, a adopté un programme d’un coût global de 3,04 MMDH à raison de 889 MDH en 2023, de 1,64 MMDH en 2024, et de 513 MDH au-delà de 2024.
Les principaux projets déjà lancés
Les principaux projets qui ont été lancés dans le cadre de ce programme concernent, entre autres, la sécurisation de l’alimentation en eau potable du Grand Tanger à travers le transfert d’eau à partir d’Oued Al Makhazine pour un montant de 840 MDH et l’alimentation en eau potable des zones rurales des provinces de Safi, d’El Youssoufia et d’El Jadida, à partir des stations de dessalement de OCP de Safi et de Jorf Lasfar pour un montant de 669 MDH. Il s’agit aussi de l’alimentation en eau potable en milieu rural par camions citernes pour un montant de 285 MDH.
Aussi, suite à la situation critique des barrages, notamment le barrage d’AI Massira, une convention portant sur la sécurisation de l’alimentation en eau potable de Casablanca a été signée fin 2023. Dans ce cadre, deux projets ont été lancés et portent sur l’adduction d’eau potable dessalée entre la station de dessalement de OCP à Jorf Lasfar et la ville de Casablanca pour un coût de 1,17 MMDH en plus des conduites d’alimentation et de distribution d’eau potable de la zone sud-ouest de Casablanca pour un coût de 171 MDH. Une convention de partenariat pour le financement et la réalisation des actions urgentes d’approvisionnement de la population en eau potable a été signée également en février 2024, pour la mise en œuvre des différentes actions de sécurisation de l’alimentation en eau potable (AEP) des zones impactées par le déficit hydrique pour un montant global de 3,19 MMDH.
Cette convention, déjà mise en œuvre, a permis l’acquisition et l’exploitation des stations monoblocs de potabilisation (dessalement et déminéralisation) pour un montant de 2,34 MMDH. En ce qui concerne la poursuite de la mise en œuvre du Programme PNAEPI 2020-2027, plusieurs projets ont été lancés. En 2024, deux grands barrages ont été mis en eau, il s’agit du barrage Mdez dans la province de Séfrou et du barrage Fask dans la province de Guelmim.
Aussi, l’année 2024 sera marquée par l’achèvement prévu du barrage Koudiat Borna dans la province de Sidi Kacem et la mise en eau du barrage Ghriss dans la province d’AI Hoceima, ainsi que la poursuite des travaux de 15 autres grands barrages dans les différentes régions entre 2025 et 2027. Par ailleurs, il est prévu, au titre de l’année 2025, le lancement de la construction de trois grands barrages dans le cadre du PNAEPI 20-27.
En ce qui concerne les interconnexions entre systèmes hydrauliques, la première tranche urgente du projet d’interconnexion reliant les bassins de Sebou et de Bouregreg avec un débit de 15 m3/s a été réalisée, pour un coût de 6 MMDH. Ce projet vise la sécurisation de l’approvisionnement en eaux de la zone côtière Rabat-Casablanca.
Aussi, les études ont été déjà lancés pour le lancement de la réalisation des grands projets de transfert d’eau entre les bassins hydrauliques, en assurant la connexion entre le bassin de Oued Laou-Larache et Loukkos et celui de Oued Oum Er-Rbia, en passant par les bassins du Sebou et de Bouregreg. Ces projets permettront l’exploitation d’un milliard de m3 d’eau qui se perdait dans la mer.
Dessalement : mobilisation de 1,7 milliard de m3/an
Pour le dessalement d’eau de mer, une feuille de route a été élaborée pour assurer la mobilisation de 1,7 milliard de m3/an avec un objectif d’assurer la couverture de la moitié des besoins en eau potable à partir des stations de dessalement et l’irrigation d’importantes superficies agricoles, et ce, à l’horizon 2030. Cette feuille de route a été élaborée en tenant compte des aspects énergétiques.
Dans le même sillage, le coup d’envoi des travaux de réalisation de la station de dessalement d’eau de mer du Grand Casablanca a été donné. La mise en service de la première phase du projet est prévue fin 2026 avec une capacité de production annuelle de 200 millions de m3 et la deuxième phase à la mi-2028 pour une capacité additionnelle annuelle de 100 millions de m3.
S’agissant des petits barrages et lacs collinaires, dans le cadre de la mise en œuvre de la convention signée pour la période 2022-2024 évaluée à 4,27 MMDH, les marchés de réalisation et de réhabilitation de 22 petits barrages ont été lancés pour un montant de 1,38 MMDH. Suite aux résolutions du 4e Comité de pilotage du PNAEPI 20-27, la deuxième partie du programme pluriannuel pour la période 2025-2027 sera établie pour un coût de 4,2 MMDH.
En ce qui concerne la gestion de la demande, l’économie et valorisation de l’eau, cet axe du PNAEPI 2027 porte sur l’augmentation de l’autonomie de réserve en eau potable avec 277 projets totalisant un investissement de 3,05 MMDH, dont 105 projets achevés pour un montant de 1,016 MMDH et 38 projets en cours de réalisation pour un montant de 747 MDH.
Le taux d’engagement des projets d’autonomie de stockage s’élève à 58% et le taux de réalisation est de l’ordre de 45%. Pour l’amélioration des rendements des installations de distribution d’eau potable, le PNAEPI 2027 vise à atteindre un rendement de 78% au niveau national. Ce programme bénéficie d’un investissement global de 10,44 MMDH. Le taux d’exécution financière s’élève à 39%.
AEP : le renforcement de l’approvisionnement en milieu rural
Pour ce qui est de la reconversion à l’irrigation localisée, cet axe concerne deux composantes, à savoir la modernisation des systèmes d’irrigation collectifs avec une superficie visée de 48.000 ha qui a été modernisée.
Actuellement, les travaux sont en cours sur environ 42.000 ha. Pour l’équipement des exploitations en irrigation localisée, les efforts poursuivis durant le premier semestre de l’année 2024 ont permis d’atteindre une superficie globale de 250.500 ha équipée en irrigation localisée pour la période 2020-2024. Cela porte la superficie cumulée équipée en irrigation localisée à 850.000 ha. En ce qui concerne l’aménagement hydro-agricole, le PNAEPI 2027 a prévu, principalement, deux projets, dont celui de la sauvegarde de l’irrigation de la plaine du Saïss sur 30.000 ha.
Le premier semestre de l’année 2024 a connu, notamment, l’achèvement des travaux de réalisation du réseau de distribution à l’intérieur des secteurs sur 10.440 ha de projets dans la plaine du Saïss, la finalisation des études d’exécution du réseau de distribution sur 20.000 ha et la campagne de souscription des agriculteurs à ce projet sur 20.000 ha.
Pour le second projet d’aménagement hydro-agricole de la zone sud-est de la plaine du Gharb sur 30.000 ha, durant la même période, les études techniques de l’adduction ont été achevées, tandis que les études techniques (projet d’exécution) de l’adduction principale «Hricha» sont en cours.
De même, la préparation du financement de ces ouvrages principaux est en cours de finalisation avec l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA). Pour le renforcement de l’approvisionnement en eau potable en milieu rural dans le cadre du PNAEPI 2027 pour un coût global de 28,26 MMDH, l’année 2024 a été caractérisée par la poursuite de la mise en œuvre du programme d’AEP des centres et douars pour la période 2022-2024, évalué à 4,31 MMDH.
Ainsi, les travaux concernant 8.753 centres ont été achevés et ceux portant sur 4.975 douars sont en cours. Concernant les financements à mobiliser par le budget général de l’Etat, une enveloppe de 1,32 MMDH est programmée au titre de 2025 au profit de l’AEP rural.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO