Economie

Environnement : la taxonomie verte, pierre angulaire d’une finance climat structurée

Définir ce qu’est une activité économique durable est l’un des défis majeurs pour orienter les financements vers des projets réellement verts. C’est dans cette optique que le Maroc s’attelle à élaborer une taxonomie verte, un outil indispensable pour accélérer le développement d’une finance climat crédible et structurée.

«La production, le partage et le suivi de données financières fiables et actualisés, notamment sur les flux et besoins de financements climatiques constituent un chantier prioritaire selon les acteurs financiers et sectoriels», affirme le rapport sur la stratégie de développement de la finance climat au Maroc.

Qu’est-ce qu’une taxonomie verte ?
Une taxonomie verte est un système de classification qui définit les critères permettant d’identifier les activités économiques considérées comme durables sur les plans environnemental et climatique.

«Elle fournira le cadre sous-jacent au financement climatique sur plusieurs niveaux, notamment la conception de produits financiers verts, les investissements et l’évaluation des risques climatiques», précise le rapport.

Pour les investisseurs, les porteurs de projets et les autorités publiques, disposer d’une définition commune et standardisée des activités économiques pouvant être qualifiées de «vertes» est un prérequis indispensable. Cela évitera l’écueil du «greenwashing» et assurera la crédibilité des financements climat.

Les critères de la taxonomie verte marocaine
Si les travaux sont encore en cours, plusieurs critères ont d’ores et déjà été identifiés pour définir les activités durables au Maroc. Outre la contribution substantielle à l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre, d’autres critères sont envisagés comme l’utilisation efficiente des ressources naturelles, la prévention et le contrôle de la pollution, ainsi que la protection de la biodiversité et des écosystèmes.

Revenons sur chacun de ces critères, à commencer par la contribution à l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre (GES). Ce critère est fondamental car la réduction des émissions de GES est cruciale pour lutter contre le changement climatique. Les activités durables devraient viser à diminuer les émissions de CO2, de méthane, de protoxyde d’azote et d’autres GES provenant de sources diverses comme l’industrie, les transports, l’agriculture, etc. Cela peut se faire par l’adoption de technologies et de procédés plus propres, l’utilisation d’énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, etc.

Pour ce qui est de l’utilisation efficiente des ressources naturelles, les activités durables doivent optimiser l’utilisation des ressources naturelles telles que l’eau, les matières premières, les terres arables, les ressources forestières, etc. Cela implique de réduire le gaspillage, de promouvoir le recyclage et la réutilisation, d’adopter des modes de production et de consommation plus circulaires, et de préserver les ressources naturelles pour les générations futures. Un autre critère important est de minimiser les différentes formes de pollution (air, eau, sol, pollution sonore, etc.) résultant des activités humaines. Les activités durables devraient mettre en place des mesures strictes pour éviter, réduire et traiter les émissions polluantes, les déchets solides et liquides, afin de protéger la santé humaine et l’environnement.

Les activités durables ne doivent pas menacer la biodiversité ni dégrader les écosystèmes naturels terrestres et marins. Elles devraient au contraire contribuer à la préservation des espèces végétales et animales, des habitats naturels, et assurer le maintien des services écosystémiques essentiels (approvisionnement en eau, en nourriture, régulation du climat, etc.). Ces critères, bien qu’interconnectés, couvrent les différents aspects du développement durable et permettent d’évaluer si une activité économique peut être considérée comme véritablement durable au Maroc.

Pour chaque secteur économique clé comme l’énergie, l’industrie, l’agriculture ou les transports, l’enjeu est d’analyser en détail les processus et technologies permettant de respecter ces critères environnementaux.

Faciliter l’orientation des investissements verts
En clarifiant ce qui peut être considéré comme une activité durable, la taxonomie verte facilitera grandement l’identification de projets d’investissement réellement verts par les acteurs financiers. Comme le souligne le rapport, cela permettra de «se concentrer sur les archétypes de projets climatiques combinant un impact positif sur le climat et une rentabilité financière». «Grâce à cette taxonomie, les banques, investisseurs et gestionnaires d’actifs pourront plus aisément développer une offre de produits financiers verts crédibles et labellisés comme tels», ajoute un analyste. «Cela devrait également favoriser une meilleure transparence et la comparabilité des informations financières liées au climat».

Défis et prochaines étapes

Si l’élaboration d’une taxonomie verte constitue un levier stratégique essentiel, les experts soulignent certains défis à relever. Le principal défi sera d’impliquer étroitement l’ensemble des parties prenantes concernées, des autorités de régulation aux opérateurs financiers en passant par les entreprises de différents secteurs. Une taxonomie ne doit pas être un carcan mais un outil évolutif qui s’adaptera aux réalités économiques mouvantes et aux avancées technologiques. Un processus continu de concertation et de mise à jour régulière sera indispensable.

Selon le rapport, après une phase de consultation élargie, la taxonomie verte marocaine devrait être finalisée et déployée dans les meilleurs délais, en parallèle au renforcement des exigences en matière de reporting des données financières liées au climat. Ces fondations jetées, le Maroc disposera d’un cadre robuste pour stimuler le financement de sa transition écologique.

Bilal Cherraji / Les Inspirations ÉCO


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