Minerais critiques : le Maroc prêt à saisir les opportunités
Le Maroc dispose d’un potentiel avéré en matière de production de minerais critiques tels que le cobalt, le manganèse et le cuivre. Grâce à son climat d’investissement favorable et ses infrastructures de qualité, le pays cherche à capter une part des investissements massifs nécessaires à l’extraction et la valorisation de ces ressources convoitées. Zoom sur la place du Maroc par rapport aux autres pays africains.
Cobalt, manganèse, cuivre…, le Maroc dispose d’un potentiel avéré en matière de production de minerais critiques stratégiques. Grâce à son climat d’investissement favorable et ses infrastructures de qualité, le pays cherche à capter une part des investissements massifs nécessaires à l’extraction et la valorisation de ces ressources convoitées. Comment le Royaume entend-il tirer parti de cette opportunité ? Le continent africain regorge de ressources minérales indispensables aux technologies énergétiques propres, appelées minerais critiques.
Avec des réserves considérables de certains de ces minerais, l’Afrique est amenée à jouer un rôle clé dans l’approvisionnement mondial. Au cœur de cette dynamique, le Maroc se positionne comme un acteur majeur grâce à son sous-sol et son secteur minier relativement bien développé. Parmi les principaux minerais critiques, il se distingue dans la production de cobalt, de manganèse et de cuivre.
En 2022, le Royaume figurait parmi les 12 premiers producteurs mondiaux de cobalt avec 2.300 tonnes extraites. Si cette quantité reste modeste comparée aux 130.000 tonnes produites par la République Démocratique du Congo (RDC), principal producteur mondial, elle témoigne néanmoins du potentiel national.
Le Maroc assure également une production régulière de manganèse, métal indispensable pour les batteries. Quant au cuivre, métal clé pour les technologies propres, le pays affiche une tradition minière bien établie dans ce domaine. Au-delà de ces minerais, le sous-sol marocain recèle d’autres ressources prometteuses comme le lithium, le nickel, le chrome ou le graphite. Ainsi, le Royaume dispose d’atouts indéniables pour s’imposer comme un fournisseur diversifié de minerais critiques en Afrique.
Un positionnement stratégique face à la demande croissante
Avec la transition énergétique mondiale, la demande en minerais critiques connaît une hausse fulgurante pour alimenter les technologies propres telles que les véhicules électriques, les batteries ou les énergies renouvelables. D’après le rapport de l’AIE, cette demande devrait être multipliée par six d’ici 2040.
Face à cette perspective, le Maroc se positionne stratégiquement pour capter une partie des investissements massifs nécessaires à l’extraction et à la valorisation de ces ressources stratégiques. Le pays mise sur son climat d’investissement favorable, sa stabilité politique et ses infrastructures de qualité pour attirer les capitaux étrangers dans ce secteur prometteur.
Cependant, le Royaume devra relever des défis de taille, notamment en termes de gouvernance des ressources minières, de gestion durable de l’environnement et de développement des capacités techniques et humaines nécessaires. Des mesures incitatives pour l’adoption de technologies propres et l’économie circulaire dans le secteur minier sont aussi à envisager.
Développement des capacités techniques et humaines
Pour valoriser pleinement son potentiel minier, le Maroc doit former une main-d’œuvre qualifiée à tous les niveaux, des géologues aux ingénieurs en passant par les techniciens spécialisés. Cela nécessite d’importants investissements dans l’enseignement supérieur et la formation professionnelle, ainsi que le développement de centres de recherche et d’innovation dédiés au secteur minier.
Il faut également attirer et retenir les talents nationaux et étrangers, en offrant des conditions de travail et de rémunération compétitives. Autant de défis à relever pour non seulement exploiter durablement ses ressources en minerais critiques, mais aussi se positionner comme un acteur incontournable de la chaîne de valeur minière mondiale, en développant des activités de transformation à haute valeur ajoutée.
Une concurrence régionale à prendre en compte
Si le Maroc dispose d’atouts certains, il n’en demeure pas moins confronté à une vive concurrence régionale. La RDC, l’Afrique du Sud et la Zambie dominent largement la production africaine de certains minerais critiques stratégiques. La RDC, par exemple, détient 70% de la production mondiale de cobalt tandis que l’Afrique du Sud domine l’approvisionnement en platine, chrome et manganèse. Le Zimbabwe et la Namibie émergent également comme des producteurs prometteurs de lithium.
Pour se démarquer, le Maroc devra non seulement accroître ses capacités d’extraction, mais également développer des activités de valorisation à forte valeur ajoutée, comme le raffinage et la transformation de ces minerais. Cela nécessitera des investissements conséquents dans les infrastructures industrielles et logistiques, ainsi qu’un renforcement des compétences techniques nationales. Si le pays dispose d’un potentiel avéré en matière de minerais critiques, sa capacité à tirer pleinement parti de cette opportunité dépendra de ses efforts pour créer un environnement attractif et durable pour les investissements miniers.
Dans cette course régionale aux ressources stratégiques, le Royaume devra conjuguer ses forces avec une vision à long terme et des réformes ambitieuses pour s’imposer durablement comme un acteur incontournable en Afrique.
Bilal Cherraji / Les Inspirations ÉCO