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Benkirane: retour sur cinq mois qui ont abouti à l’impasse

Par LeSiteinfo avec MAP

Les consultations pour la formation du gouvernement, menées par Abdelilah Benkirane n’ont abouti à aucun consensus cinq mois après que ce dernier a été chargé par le Roi Mohammed VI de cette mission, avant d’être remercié de façon officielle, en donnant une nouvelle opportunité au parti de la Justice et du développement (PJD), arrivé en tête des législatives du 7 octobre dernier, dans l’objectif de dépasser l’impasse et de former un nouveau gouvernement.

Le communiqué du Cabinet Royal a été on ne peut plus clair en parlant d’un état d’  »immobilisme » dans la constitution du gouvernement et en soulignant l’ « absence de signaux qui augurent de sa prochaine formation ». Il a aussi affirmé qu’en consécration du choix démocratique et pour préserver les acquis réalisés par notre pays en la matière, le Souverain a décidé de désigner une autre personnalité politique du PJD, en tant que nouveau chef de gouvernement.

Partant de ce même souci, le Roi avait chargé Abdelilah Benkirane de former le gouvernement,  le 10 octobre dernier, soit quarante-huit après l’annonce des résultats du scrutin.

Benkirane avait alors entamé ses consultations en rencontrant plusieurs chefs de partis politiques, ce qui avait été considéré comme un bon signal, à l’exception du Parti de la Modernité et de l’authenticité (PAM), arrivé deuxième dans ces mêmes élections et qui avait opté pour se positionner dans l’opposition.

En contrepartie, le Parti de l’Istiqlal (PI), l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP) et le Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) avaient favorablement réagi à la demande de participer au gouvernement. Cette position, par la suite,  sera celle du Rassemblement National des Indépendants (RNI) et du Mouvement Populaire (MP).

Les problèmes internes qu’a connus le PI, après les élections (46 sièges), ont réduit la marge des consultations du chef de gouvernement désigné qui a préféré, durant ce processus, opter pour la majorité gouvernementale dans sa première version et qui comprenait parmi ses rangs le parti de la Balance.

La participation ou non du PI au gouvernement a constitué un réel obstacle lors du processus de consultations, au vu du refus de certains partis de le voir entrer au gouvernement, en particulier suite aux répercussions des déclarations de son secrétaire général Hamid Chabat sur la Mauritanie.

Afin de pallier cette situation, le PJD a proposé de conserver la même coalition gouvernementale constituée du PJD, PPS, MP et RNI qui ont recueilli ensemble 201 sièges sur un total de 395 sièges.

Le RNI a proposé d’inclure l’USFP et l’UC qui ont obtenu, ensemble, 27 sièges, afin de s’assurer une majorité confortable, une orientation rejetée par Benkirane qui a annoncé la fin des concertations avec deux partis de la précédente coalition, en l’occurrence le RNI et le MP.

Afin de mettre fin à cette situation d’immobilisme, le chef de gouvernement a rencontré les conseillers du Souverain, Abdellatif Menouni et Omar Kabbaj, qui avaient fait part à Benkirane du souci du Roi de voir le nouveau gouvernement se former dans les meilleurs délais, soulignant les attentes du Souverain et de l’ensemble des Marocains au sujet de la formation du nouveau gouvernement.

Toutefois, cette entrevue n’a pas permis de surmonter le blocage des consultations, qui a persisté même lorsque Benkirane a poursuivi les consultations après avoir annoncé leur suspension, avec les répercussions économiques que cela implique. Jusqu’à l’heure actuelle, la Loi de Finances 2017 n’a pas encore été adoptée en raison du retard dans la formation de l’Exécutif, ce qui a contraint le gouvernement de gestion des affaires courantes à recourir à l’article 50 de la Constitution et l’article 50 de la Loi régissant les Finances du Royaume pour adopter certains décrets de loi, à savoir le décret relatif à l’affectation des crédits nécessaires à la marche des services publics.

Au moment où le Souverain, dans son discours prononcé à Dakar à l’occasion de la Marche Verte, a souligné que «Le Maroc a besoin d’un gouvernement sérieux et responsable», et que le «prochain gouvernement ne doit pas être une affaire d’arithmétique où il s’agit de satisfaire les desiderata de partis politiques et de constituer une majorité numérique, comme s’il était question de partager un butin électoral», les partis politiques semblent ne pas avoir saisi les signaux-messages contenus dans ce discours.

Le débat polémique entre les partis politiques s’est poursuivi et l’aspect personnel a pris le dessus la plupart du temps, donnant lieu à l’absence de tout signe d’entente.

Alors que les consultations pour la formation du gouvernement ont abouti à une impasse politique, l’Union Constitutionnelle s’est fendue d’un communiqué dans lequel le parti impute au chef de gouvernement la responsabilité entière de l’échec de la formation du gouvernement, notant que ce blocage est dû en premier lieu à la manière avec laquelle Benkirane aborde cette mission constitutionnelle, marquée par l’absence d’éléments d’une démarche de négociations rationnelles. L’UC a également reproché au chef de gouvernement désigné son manque d’initiative pour dénouer la situation et former une majorité gouvernementale.

De son côté,  l’USFP a estimé que la logique participative a été absente durant les cinq derniers mois, une logique qui aurait pu aboutir à la formation d’un gouvernement fort et cohérent fondé sur la responsabilité commune de l’ensemble de ses composantes et sur la base de programmes clairs.

Récemment, lors d’un point de presse à Rabat, Driss Lachgar, premier secrétaire du parti de la Rose, a déploré l’utilisation d’un  « langage contraire au principe des négociations politiques ». Le chef de gouvernement désigné « n’a pas pu mener des négociations multipartites », a-t-il déploré

Abdelkrim Akerkab (avec MAP)


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