Le Ramadan et le diabète, un équilibre délicat entre foi et santé
Le Ramadan, mois sacré de jeûne observé par des millions de musulmans à travers le monde, est synonyme de piété, de spiritualité et de partage. Pour beaucoup, c’est aussi un moment de challenge, notamment pour les personnes atteintes de diabète.
Alors que le jeûne est une pratique essentielle de ce mois, il peut présenter des défis particuliers pour ceux qui doivent gérer leur glycémie et leur taux d’insuline.
Le diabète est une maladie chronique qui affecte la capacité du corps à réguler le glucose sanguin et qui, non traitée, engendre de nombreuses complications graves à long terme, telles que la cécité, les maladies rénales, les amputations des membres inférieurs, mais aussi une prédisposition aux crises cardiaques, aux accidents vasculaires cérébraux et donc à une mort prématurée. Au Maroc, plus de 2 millions de personnes âgées de 18 ans et plus sont diabétiques, dont 50% méconnaissent leur maladie et le nombre d’enfants diabétiques est estimé à plus de 15.000, selon les données du ministère de la Santé et de la protection sociale.
Pendant le Ramadan, les personnes atteintes de diabète doivent jongler entre les obligations religieuses du jeûne et la nécessité de maintenir leur glycémie à des niveaux sûrs. Cette dualité peut entraîner des risques pour la santé si elle n’est pas gérée correctement.
« Le jeûne pendant le Ramadan représente un défi significatif pour les personnes atteintes de diabète, notamment en raison du risque accru d’hypoglycémie, une condition où le taux de glucose dans le sang devient trop bas », a expliqué l’endocrinologue Oumaima Khatib, dans un entretien avec la MAP, notant que cette préoccupation est particulièrement pressante pour ceux qui prennent des médicaments antidiabétiques, car le jeûne prolongé peut perturber l’équilibre délicat entre la glycémie et la médication.
En outre, il existe un risque d’hyperglycémie, a-t-elle enchaîné, puisque la consommation des mets riches en sucre et en glucides pendant le Ramadan peut entraîner une augmentation de la glycémie.
« Même les plats traditionnels plus salés, souvent à base de blé, un glucide à absorption lente, peuvent contribuer à ce problème », a précisé la spécialiste, soulignant que la tentation de se livrer à des sucreries et à des plats copieux peut inciter les patients à moins surveiller leur régime alimentaire et leur glycémie pendant ce mois sacré.
Pour atténuer ces risques, une consultation médicale préalable au Ramadan est vivement recommandée, a-t-elle insisté, relevant que les médecins peuvent ajuster les dosages des médicaments antidiabétiques en fonction des cas, en passant d’une administration trois fois par jour à une administration deux fois par jour, ou en remplaçant le médicament par une alternative moins puissante.
Elle a, à cet égard, noté que ces ajustements doivent également être traités au cas par cas, en tenant compte de leur état de santé général, de leur régime alimentaire et de leur mode de vie.
En parallèle, il est crucial pour les personnes atteintes de diabète de maintenir un régime alimentaire équilibré pendant le Ramadan, en incluant des aliments riches en fibres et en nutriments essentiels. Les légumes frais, les fruits à faible indice glycémique et les protéines maigres doivent constituer la base des repas pour aider à stabiliser la glycémie et à prévenir les fluctuations indésirables.
Le suivi médical régulier est également essentiel pour garantir que les patients diabétiques observant le jeûne du Ramadan puissent le faire en toute sécurité et en préservant leur santé.
Les conseils et le soutien de professionnels de santé qualifiés peuvent également aider à prévenir les déséquilibres glycémiques dangereux et à assurer une gestion efficace du diabète pendant ce mois de dévotion et de spiritualité.