Economie

Sportive : Alpine s’implante au pied de l’Atlas !

«J’ai choisi le nom Alpine, car cela représente pour moi le plaisir de conduire sur les routes de montagne». Si, comme Jean Rédélé (1922-2007), fondateur d’Alpine, les routes sinueuses vous bottent, vous serez ravis d’apprendre que l’iconique marque française vient d’effectuer ses débuts sur le marché marocain, à quelques tours de roues des contreforts de l’Atlas. La très affûtée A110 est désormais commercialisée dans deux centres Alpine, situés à Casablanca et Marrakech. 

Un peu d’histoire pour démarrer : en 1973, dans le cadre de la première édition du championnat du monde des rallyes, remportée par ses soins, Alpine débarque en force à la 16e édition du rallye du Maroc, avec quatre berlinettes A110, dont trois voitures officielles, deux A110 1800, confiées à Bernard Darniche et Jean-Pierre Nicolas, et une A110 1600, pilotée par Jean-Luc Thérier. La marque française y fait régner sa loi, trustant neuf des onze ES (épreuves spéciales) au programme et remportant l’épreuve, grâce à Darniche et à son copilote Alain Mahé.

Cinquante ans plus tard, Alpine est de retour sous nos latitudes et y lorgne, cette fois, le succès commercial. Le Maroc devient ainsi le 21e pays, et le quatrième hors Europe – après le Japon, Singapour et Israël – dans lequel la marque dieppoise, créée en 1955 par Jean Rédélé, alors concessionnaire de Renault, a pignon sur rue. Les centres Alpine de Casablanca (showroom historique de la place Bandoeng) et de Marrakech (showroom NCRA) sont les 145e et 146e points de vente de la marque dans le monde.

À cette occasion, Renault Group Maroc a organisé un point presse suivi de tests-drive au sein du “Morocco mobility & automotive centre”, centre d’essais de l’UTAC (Union technique de l’automobile, du motocycle et du cycle) basé à Oued Zem, à la lisière du Moyen-Atlas. Des installations qui proposent plus de 30 kilomètres de pistes hétéroclites (circuit stricto sensu, route fermée, parcours hors-piste, etc.). Une Alpine A110 sur circuit. “Ze right car at ze right place» ! Seule petite ombre au tableau :  votre serviteur n’a pas le quart de la moitié du coup de volant de Darniche…

Les vertus du “light”
Fort heureusement, l’A110 figure parmi les sportives les plus saines, les plus faciles qui soient. Et pour cause : l’héritière néo-rétro de la berlinette A110 respecte autant que faire se peut les dogmes établis par cette dernière à son lancement, en 1962. C’est un modèle de légèreté, pour son temps à tout le moins (entre 1.102 kg et 1.119 kg, soit moins que bon nombre de citadines contemporaines, contre un peu plus de 600 kg à peine pour l’aînée). Son poids réduit n’était pas étranger aux exploits sportifs de l’A110 originelle.

Cette même vertu permet à sa légataire universelle d’afficher, sans forcer, des performances de championne et un tempérament volcanique. Nul besoin d’un gros moteur bourré de chevaux pour afficher un rapport poids-puissance avantageux. “Light is right”, enseignait le Jean Rédélé “angliche”, Colin Chapman, fondateur de Lotus. Placé en position centrale arrière, le quatre cylindres 1.8 l turbo fait très largement le job sans grever plus que de raison le poids du véhicule. Et, pour ne rien gâcher, il révèle un joli brin de voix. La version de base de l’A110 envoie 252 ch et 320 Nm de couple aux roues arrière, via une boîte de vitesses à double embrayage à 7 rapports Getrag. Elle abat le 0 à 100 km/h en 4,5 s et atteint une Vmax de 250 km/h. Les autres variantes commercialisées au Maroc, les A110 GT et S, de même que la R, qui ne figure pas au catalogue, pour sa part, reprennent le même groupe motopropulseur, mais disposent de haras plus vastes, offrant une capacité de 300 chevaux.

Elles ont également droit à un rab de 20 Newton-mètres. La plus bourgeoise, la GT, affiche la même vitesse de pointe que l’A110 de 252 ch, mais pulvérise le 0 à 100 plus promptement (4,2 s). La S accélère aussi rapidement, mais revendique une vitesse maxi de 260 km/h – et même 275 km/h lorsqu’elle est équipée du kit aéro optionnel. Enfin, la plus radicale du lot, la R, n’a besoin que de 3,9 s pour atomiser le 0 à 100, quand sa Vmax culmine à 285 km/h !

Une athlète accomplie
Sur le circuit routier de l’UTAC (une départementale fermée à la circulation), les A110 font preuve d’une efficacité redoutable, d’une agilité hors du commun et d’une férocité de tous les instants. La direction est aussi directe qu’informative, le grip est phénoménal, le roulis est contenu à sa portion congrue et le système de freinage Brembo est l’assurance de décélérations fulgurantes…

Au rayon satisfactions toujours, les sièges baquets Sabelt offrent un maintien exemplaire, en plus d’être agréables à contempler. Cela dit, c’est le châssis en aluminium de la berlinette (même matériau pour la carrosserie), assemblé par collage-rivetage, qui force le plus le respect. Disposant d’essieux avant et arrière à double triangulation, campée sur des pneus Michelin Pilot Sport 4 de 18 pouces développés spécialement pour elle, l’A110 de base s’en sort avec les honneurs durant l’atelier slalom mis en place sur l’aire plane du centre de l’UTAC par les pilotes-instructeurs qui nous ont encadrés lors des essais presse.

Dotée d’un système de freinage “upsizé”, d’une ligne d’échappement à clapets actifs enrichie d’une sound-pipe, la GT est la promesse d’un plus grand frisson. Enfin, avec son châssis sport, ses ressorts plus courts (- 4 mm), raidis de 50%, et ses pneus un peu plus larges (+ 10 mm), la S repousse encore plus les limites, plaçant le curseur du plaisir à son (Al)pinacle.

Un futur collector
L’Alpine A110 s’affiche à partir de 695.000 DH. Il faut une rallonge de 100.000 DH pour obtenir la carte de membre du club des A110 de 300 ch et encore un rab de 20.000 DH pour s’offrir l’A110 S. Des tarifs raisonnables, “light”, là encore, davantage, en tout cas, que les cotes des A110 1600 et A110 1800 sur le marché de la voiture de collection.

Sachant qu’Alpine entrera de plain-pied dans l’univers de l’électromobilité dès 2024, d’abord avec le “Dream garage, constitué de trois véhicules, une GTI, l’A290 β, dérivé déluré de la future R5 électrique, un “crossover GT” du segment C, qui devrait se dénommer A390, et, enfin, l’héritière de la berlinette, la future A110, troisième du nom, puis avec un chapelet d’autres modèles “zéro émission à l’échappement”, la dernière A110 100% thermique deviendra, à n’en pas douter, un collector. Traduisez :  acheter des véhicules de ce type s’apparente à un placement sûr.

Mehdi Labboudi / Les Inspirations ÉCO


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