L’écrivain tchèque Milan Kundera est décédé
L’écrivain tchèque, naturalisé français, Milan Kundera, est décédé à l’âge de 94 ans, a rapporté, mercredi, la chaîne publique de télévision Tchèque.
L’information a été confirmée par Anna Mrázová, porte-parole de la Bibliothèque morave de Brno, à laquelle Kundera avait consacré l’intégralité de ses archives.
« Kundera est décédé le mardi 11 juin 2023, dans son appartement parisien », a-t-elle indiqué dans un communiqué.
Kundera a joué un rôle de premier plan dans la vie littéraire tchèque depuis la fin des années 1950 et a apporté une contribution significative au paysage intellectuel pendant le Printemps de Prague, dans les années 1960.
Son premier roman, Žert (La Plaisanterie, 1967), a attiré l’attention des éditeurs et des lecteurs internationaux, mais c’est son ouvrage »L’insoutenable légèreté de l’être » (1984), écrit après son exil en 1975, qui l’a propulsé vers une renommée mondiale.
La distinction unique de Kundera comme l’un des rares romanciers à adopter la langue de sa deuxième patrie, écrivant en français depuis Pomalost (Lenteur, 1993), a solidifié sa place dans une autre littérature nationale. Ses œuvres ont été publiées dans cinquante-quatre langues et plus de trois mille éditions.
Né à Brno dans une famille profondément enracinée dans la musique, le père de Kundera, Ludvík Kundera, éminent pédagogue musical et pianiste, a influencé sa passion de toujours pour la musique moderne, en particulier celle de Leoš Janáček.
Bien qu’il ait d’abord étudié la composition musicale avec Pavel Haas et Václav Kaprál, Kundera s’est tourné vers les sciences littéraires et l’esthétique à la Faculté des arts de l’Université Charles de Prague, avant de poursuivre l’écriture de scénarios et la réalisation à l’Académie du cinéma de Prague (FAMU).
Il a ensuite enseigné la littérature mondiale à la FAMU, inspirant ainsi les talents émergents de la Nouvelle Vague tchécoslovaque. En 1975, pendant l’interdiction de publication de l’ère de la normalisation, Kundera réussit à s’exiler et commence à enseigner à l’Université de Rennes avant de s’installer à Paris.
Déchu de sa nationalité tchécoslovaque en 1979, il obtient la nationalité française de François Mitterrand en 1981, sa nationalité tchèque n’ayant été rétablie qu’en 2019. Kundera a reçu de nombreuses distinctions dans le monde, dont le prix de Jérusalem pour la liberté individuelle dans la société (1985) et l’Ordre de la Légion d’honneur (1990).
Après la révolution de velours, la chute du rideau de fer et la création de la République tchèque, l’écrivain n’est jamais revenu vivre dans son pays natal.
« Il n’y a pas de tel rêve de retour », avait-t-il déclaré un jour dans une interview à l’hebdomadaire allemand « Die Zeit ». « J’ai emporté ma Prague avec moi: l’odeur, le goût, la langue, le paysage, la culture », avait-il dit.
Depuis la fin des années 1970, les romans et essais de Kundera ont consolidé leur place dans le canon littéraire mondial. L’auteur primé était réputé pour ses romans explorant les pensées, les sentiments et les croyances de l’individu.