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Tourisme: classement des hôtels au Maroc, entre craintes et espoirs

Risque de turbulence, à l’horizon, entre le département du tourisme et les établissements touristiques, si la réforme du classement des établissements touristiques n’est pas gérée avec tact ! Dans un récent Conseil de gouvernement, le projet de décret fixant certaines dispositions de la loi n°80-14 relative au classement des établissements touristiques et aux autres formes d’hébergement touristique a été examiné. Cette réforme, qui vise à renforcer le cadre administratif et la qualité des services offerts par les établissements touristiques, suscite des réactions positives de la part des professionnels de l’hôtellerie.

Contacté par Les Inspirations ÉCO, Nidal Lahlou, vice-président de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH), a exprimé sa satisfaction après plusieurs années d’attente de ce décret d’application (environ 7 ans et 7 mois ndlr), tout en soulignant la nécessité de rester vigilant quant à certains aspects du décret.

«Cela fait plusieurs années que nous attendons avec impatience les décrets d’application de la loi 80-14, notamment ceux relatifs aux nouveaux types d’hébergements et aux normes de classement actualisées. Par conséquent, nous tenons à féliciter le Département du tourisme pour cette initiative louable. Il est évident que le momentum, la volonté et l’objectif de cette démarche vont au-delà de l’aspect réglementaire, visant à améliorer et à uniformiser le produit touristique, conformément aux exigences de la feuille de route. Nous exprimons ainsi notre entière satisfaction à l’égard de cette initiative», commente le dirigeant.

Entre satisfaction et vigilance
La réaction de Nidal Lahlou met en évidence l’attente de longue date des professionnels de l’hôtellerie concernant les décrets d’application de la loi 80-14, en particulier ceux liés aux nouveaux types d’hébergement et aux nouvelles normes de classement. S’il félicite le Département du tourisme pour cette initiative, Nidal Lahlou souligne également «la nécessité de rester vigilant afin d’éviter tout arbitraire dans la mise en œuvre de ces décrets».

Le vice-président de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH) mentionne spécifiquement les visites et les clients mystères, qui pourraient être sujettes à l’arbitraire, ainsi que l’exclusion des associations professionnelles du processus de classement.

«Il est essentiel de rester vigilant quant à certains aspects de ces décrets afin d’éviter toute forme d’arbitraire, notamment en ce qui concerne les visites et les clients mystères, ainsi que l’exclusion des associations professionnelles du processus de classement. Il est primordial d’assurer leur participation aux commissions de classement. De plus, il convient de souligner l’exception que représente l’obligation d’une autorisation d’exploitation renouvelable tous les cinq ans, qui sera spécifique au secteur de l’hôtellerie avec ces décrets d’application», commente Lahlou.

Il appelle donc à la participation des associations professionnelles dans les commissions de classement et souligne également l’exception de l’autorisation d’exploitation tous les cinq ans, qui s’appliquerait uniquement à l’industrie hôtelière.

L’esprit de co-construction : une clé pour le succès de l’initiative
Pour clôre son propos, le porte-parole de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH) met en avant la confiance et l’optimisme quant à la collaboration entre les professionnels de l’industrie hôtelière et l’administration.

«En somme, nous sommes satisfaits de la mise en place et de l’orientation de ces textes, tout en restant vigilants quant aux détails susceptibles de compromettre leur mise en œuvre. Nous sommes convaincus qu’avec l’esprit de co-construction qui caractérise nos relations avec l’administration, nous trouverons les solutions adéquates pour atteindre les meilleurs résultats». En soulignant l’esprit de co-construction qui caractérise leurs relations, Nidal Lahlou exprime sa conviction que des solutions appropriées seront trouvées pour obtenir les meilleurs résultats possibles.

Cette attitude positive et constructive est encourageante, car elle montre la volonté de travailler ensemble pour surmonter les éventuels obstacles et assurer le succès de la mise en œuvre des décrets d’application. Cela démontre également l’importance d’un dialogue ouvert et continu entre les parties prenantes afin de garantir une réglementation adéquate et un environnement favorable au développement de l’industrie touristique.

Ce qui va changer
Comme rappelé par Les Inspirations ÉCO, l’initiative de réforme, telle que décrite dans le projet de décret, vise à établir un cadre juridique renforcé pour l’ouverture et l’exploitation des établissements touristiques. Les principes fondamentaux du décret incluent le renforcement de la spécialisation des administrations et de leurs responsabilités, l’alignement sur les tendances de la décentralisation avancée et la rationalisation des procédures de demande de licence et de classification, en établissant des délais de traitement des dossiers.

Les dispositions clés du projet de décret comprennent plusieurs étapes, telles que le dépôt des demandes de licence d’exploitation au niveau du centre régional d’investissement et l’obtention d’une licence d’exploitation avant l’ouverture de tout établissement d’hébergement touristique. Une nouvelle méthodologie de classification sera adoptée pour garantir la qualité des services fournis.

Cette classification sera effectuée par une commission régionale de classification qui vérifiera la conformité aux normes et critères techniques et fonctionnels, ainsi qu’aux normes de production et de qualité des services. Une inspection secrète effectuée par un inspecteur spécialisé désigné par l’autorité gouvernementale chargée du tourisme complétera la visite de la commission régionale de classification pour certains types spécifiques d’établissements d’hébergement touristique mentionnés dans le projet de décret.

Cette inspection permettra de vérifier la qualité des services fournis par l’établissement, en se basant sur de nouveaux critères de classification. Après ces deux étapes, une décision de classification sera délivrée par le représentant régional ou provincial de l’autorité gouvernementale chargée du tourisme, après consultation du comité régional unifié de l’investissement.

Le projet de décret prévoit également des dispositions concernant la surveillance, le renouvellement du classement des établissements d’hébergement touristique et l’octroi de licences pour l’exploitation des résidences immobilières touristiques et la classification des restaurants touristiques, après avoir recueilli l’avis de la commission régionale unifiée pour l’investissement.

Cette réforme du classement des établissements touristiques est une initiative louable qui vise à renforcer la qualité des services offerts par le secteur de l’hôtellerie et à garantir une expérience touristique agréable pour les visiteurs.

Comment va être géré le défi de la transparence ?

En établissant des normes et des critères plus rigoureux, le projet de décret cherche à améliorer l’homogénéité du produit touristique et à répondre aux attentes des voyageurs. Cependant, il est important de souligner que la mise en œuvre de cette réforme nécessitera une vigilance accrue pour éviter tout abus ou arbitraire.

Comme l’a souligné Nidal Lahlou, il est crucial de garantir la transparence et l’inclusion dans le processus de classement, en permettant la participation des associations professionnelles aux commissions de classement. Cela contribuera à assurer une évaluation objective des établissements et à prévenir toute forme de partialité.

De plus, la surveillance des établissements d’hébergement touristique, y compris les inspections secrètes, doit être réalisée de manière juste et impartiale, en se basant sur des critères de classification clairement définis. Il est essentiel que les inspecteurs spécialisés désignés par l’autorité gouvernementale chargée du tourisme agissent en toute indépendance et professionnalisme.

Dans l’ensemble, cette réforme du classement des établissements touristiques constitue une avancée positive pour le secteur de l’hôtellerie. Elle contribuera à renforcer la compétitivité et l’attrait de la destination touristique en garantissant des normes de qualité élevées. Cependant, il est impératif de rester vigilant et de veiller à ce que la mise en œuvre de ces décrets se fasse de manière transparente, équitable et conforme aux besoins du secteur et des voyageurs.

Modeste Kouamé


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