Ce que vous devez savoir sur la « dépression post-Coupe du monde »
Le rideau est tombé sur la très exceptionnelle édition de la Coupe du Monde au Qatar, qui a retenu en haleine des millions de fans du ballon rond à travers un lot d’émotions contrastées et qui a, au terme de la compétition, laissé lieu et place à un « vide émotionnel » contraignant les passionnés du foot à renouer avec une routine dépourvue des moments de compétition, d’interaction et d’excitation footballistiques.
A l’issue de chaque match et durant tout un mois chargé de plaisir, de suspense et d’enthousiasme, de larges franges du public passionné de football s’échinent à retrouver un rythme stable de leur quotidien, consécutivement à l’immense déferlement de sentiments mitigés entre joie débordante et déception frustrante tout au long du Mondial qatari.
Cette grande interaction avec l’ambiance historique de la Coupe du monde Qatar 2022, notamment en termes d’organisation et de résultats, a fait réagir certains psychiatres et pionniers des réseaux sociaux, sur l’exposition des fans à une nostalgie ou un « traumatisme » surgissant à la fin de cette fête footballistique mondiale, alors que certains sont même allés jusqu’à qualifier cet état psychologique de « dépression » post-Coupe du monde.
À ce sujet, la psychiatre Imane Rouhli a nuancé que la dépression est une maladie et un état psychologique plus qu’un simple sentiment d’anxiété, ne pouvant nullement être lié aux émotions et aux sentiments qui accompagnent un match de football, peu importe son intensité.
Elle a, en outre, estimé dans un entretien à la MAP, qu’il n’est pas possible de considérer une « dépression post-Coupe du monde » comme une maladie en soi, à l’instar de la « dépression post-partum » (qui survient après l’accouchement) et la « dépression gériatrique » (dépression chez la personne âgée), expliquant que la dépression est une maladie qui se caractérise par plusieurs facteurs biologiques, comportementaux et héréditaires qui nécessitent un diagnostic précis de ses symptômes et un traitement approprié en fonction de chaque cas.
« Il n’existe pas de recherches scientifiques de référence, d’études de terrain, ou de statistiques fiables permettant de prouver que le public sportif a souffert ou souffrira de « dépression post-Coupe du monde », a insisté la psychiatre, relevant qu’il « n’y a que des articles de presse et des lives sur les réseaux sociaux qui traitent de la possibilité d’une frustration psychologique pouvant atteindre la dépression ».
La spécialiste a également fait savoir qu’il n’existe pas de relation causale directe entre la victoire ou la défaite lors des matches de la Coupe du monde et la dépression.
« Le terme +dépression post-Coupe du monde+ n’est pas un terme scientifique », a-t-elle martelé, ajoutant que « l’interaction avec le déroulement de cet événement sportif peut s’inscrire dans le cadre de la décharge psychologique des tensions quotidiennes », permettant de se débarrasser d’une charge d’énergies négatives dans les tribunes des stades ou devant les écrans de télévision.
Selon la psychiatre, l’expression des sentiments de joie ou de déception après un match est toujours instantanée et n’est en aucun cas un état psychologique qui perdure dans le temps.
Le large public qui a suivi les étapes de la Coupe du monde devrait contrôler ses réactions et se méfier des lamentations et des désolations excessives en raison de la fin de ce grand événement footballistique, a averti Rouhli, soulignant qu’il convient plutôt de se focaliser sur un retour serein au réel.
A la fin de cet événement phare de l’agenda footballistique mondial, il est nécessaire de se tourner vers d’autres centres d’intérêt et de trouver des passe-temps et des activités utiles et agréables, dans le but d’atténuer les pressions et de revivifier sa vie quotidienne, en se fixant de nouveaux objectifs, a-t-elle conclu.
S.L.