Marrakech: l’expert des arts Bert Flint n’est plus
Bert Flint a tiré sa révérence mardi à Marrakech à l’âge de 91 ans. Né en 1931 aux Pays-Bas, il a fait ses études universitaires en langue et littérature espagnoles dans son pays. C’est une visite à l’Alhambra de Grenade qui éveilla son intérêt pour l’histoire de l’Espagne musulmane et pour la civilisation d’al-Andalus.
Lors de son premier voyage au Maroc en 1954, il a découvert que l’architecture et la décoration de nombreuses demeures privées d’anciennes villes du Maroc se rattachaient à la même tradition artistique que celle ayant inspiré l’Alhambra.
Il a été émerveillé de voir que les habitants de ces demeures menaient une vie guidée par la quête quotidienne de la beauté et de l’élégance dans le geste.
La tradition andalouse, telle que vécue au Maroc, s’est révélée à lui comme un modèle de vie et c’est pour s’initier aux différents aspects de cette tradition citadine si accomplie qu’il a décidé de s’installer à Marrakech en 1957.
Les manifestations visuelles et musicales du monde rural marocain ont progressivement retenu son attention.
Bert Flint a enseigné à l’Ecole des Beaux-arts de Casablanca de 1965 à 1968 où moment où il s’agissait de remettre en question les méthodes d’enseignement utilisées en Europe en attribuant une valeur artistique aux arts traditionnels du Maroc.
Ses propres recherches l’avaient poussé à reconnaitre dans les manifestations de la culture rurale un témoignage de l’expérience du temps et de l’espace dépendant des modes de vie (nomade ou sédentaire) et de production (élevage ou agriculture).
En 1981, Bert Flint a décidé de quitter l’enseignement pour développer sa propre créativité. Il a notamment cherché à donner une expression contemporaine à des modèles de vêtements réalisés avec des tissages traditionnels marocains.
En1990, il a participé à la création du Musée Municipal du Patrimoine Amazigh d’Agadir où une grande partie de sa collection d’objets a été exposée jusqu’en 2000.
Dans sa maison à Marrakech, devenue le Musée Tiskiwin depuis 1989, il a organisé ses collections afin de démontrer que les populations réparties du Sud du Maroc au Sahel font partie d’une même communauté culturelle, partageant des milieux naturels similaires et des traditions communes.
Ses collections d’objets néolithiques et les voyages qu’il a effectués du Maroc au Niger ont renforcé sa conviction que le Maroc est intimement lié depuis la préhistoire au monde subsaharien.
S.L.