Fatim-Zahra Ammor: « il faut capitaliser sur le tourisme interne » (VIDEO)
Au sein du ministère du Tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire, la conviction que le secteur touristique va retrouver ses niveaux d’avant-crise est forte. Le département de tutelle envisage, d’ici la fin d’année, une moyenne mensuelle d’un million d’arrivées.
Le tourisme renaît de ses cendres. Après deux longues années plombées par la crise sanitaire, les professionnels du secteur semblent retrouver leur activité d’avant-Covid. Ils auront pu, entre temps, profiter des aides d’urgence instaurées par le gouvernement pour leur permettre un redémarrage rapide après plusieurs mois d’inactivité. Le ministère du Tourisme a, en effet, engagé pour ce faire un montant de 2 MMDH. 50% de ces financements ont été répartis sous forme d’aides, de moratoires et de prolongement des indemnités forfaitaires de 2.000 DH en faveur des entreprises du secteur pour leur permettre d’assurer la continuité d’activité. L’autre moitié (1 MMDH), qui a été débloquée en avril, était destinée à la remise à niveau du segment hôtellerie.
«L’objectif était de permettre à ceux qui ont fermé de rouvrir et à d’autres de se remettre à niveau rapidement, car nous savions que la reprise allait être rapide», soutient Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire, qui participait à «l’Invité des ÉCO», le nouveau rendez-vous mensuel des Inspirations ÉCO. Les résultats sont, d’après elle, probants.
«Nous avons réussi à satisfaire 737 demandes», se réjouit-elle. Le processus de répartition est simple. Il repose sur la capacité hôtelière des territoires. La ministre assure que «les régions qui ont demandé moins que l’enveloppe qui leur a été attribuée ont obtenu 100% de leur demandes». À l’inverse, celles qui ont sollicité plus que l’enveloppe qui leur a été dédiée, comme Marrakech ou Agadir, ont été satisfaites.
«Pour encourager les petites structures, toutes les demandes en dessous de 500.000 DH ont été servies quelle que soit la région», atteste-t-elle. Ce qui est intéressant, c’est que «toutes les catégories d’hôtels ont pu bénéficier de ces aides. Cela va du maximum (fixé à 7 millions de DH pour les grands hôtels) à 2.500 DH pour les petites structures», révèle la ministre.
À noter que le déblocage des fonds s’est fait en deux étapes, 50% avant le début des travaux et 50% après. Ammor a précisé que ce plan d’urgence n’a pas vocation à «combler les pertes essuyées pendant la crise», mais à aider les concernés pour mieux reprendre leur activité. Et pour cause, si la reprise touristique mondiale est une réalité, ce constat est également valable pour le Maroc. La ministre parle d’un taux de récupération de 60% par rapport à 2019. «Mieux, à la fin de l’année, le secteur devrait retrouver son rythme d’avant Covid-19 avec une moyenne d’un million d’arrivées par mois», prévoit-elle.
Mais la tutelle ne compte pas uniquement sur les visiteurs étrangers pour relancer le secteur. «La plus grande leçon que nous avons tirée de la crise de Covid-19, c’est qu’il faut capitaliser sur le tourisme interne», souligne Ammor, expliquant que les pays qui ont été les plus résilients sont ceux qui ont un tourisme national développé. «C’est le cas, notamment, pour la France et l’Italie où les gens ont l’habitude de voyager d’abord à l’intérieur de leur pays avant d’aller à l’étranger», a-t-elle ajouté.
Au Maroc, le tourisme local se développe «petit à petit». Ce dernier représente 69% des nuitées en 2021 contre 30% avant la survenance de la pandémie. En gros, le Marocain voyage de plus en plus chez lui. Maintenant, poursuit la ministre, il faut développer des produits qui répondent aux besoins de ces voyageurs. Une récente étude de la tutelle montre que 65% des Marocains voyagent en famille élargie. Ce qui sous-tend l’impératif de promouvoir un produit adapté et de l’animation touristique. «Le Maroc pèche par un manque d’offre d’animation», regrette la ministre qui assure qu’une réflexion a été lancée dans ce sens. Par ailleurs, la Société marocaine d’investissements touristiques (SMIT) a réorienté sa stratégie pour accompagner les opérateurs dans le développement de cette offre d’animation.
Moulay Ahmed Belghiti